Le genre de vie américain, un modèle en question (de la fin de la guerre au milieu des années soixante-dix) ?

« Introduction Si un modèle est quelque chose qui doit servir de référence, alors l'expression « modèle américain » semble justifiée.Depuis 1945, fin de la Seconde Guerre mondiale qui a vu les États-Unis devenir la première puissance mondiale, lapuissance américaine n'a cessé d'étendre son influence dans le monde et son modèle de susciter l'adhésion oul'hostilité.

Rarement, dans l'histoire, une nation, un pays n'a exercé et voulu exercer une telle influence mondiale.Qu'est-ce qui caractérise le modèle américain ? Quels ont été les obstacles à sa diffusion ? Qu'en est-il depuis la finde la logique bipolaire ? Telles sont les interrogations relatives à l'étude du modèle américain et de son influencedans le monde depuis 1945. Première partie : le modèle américain : un modèle économique et culturel % Un modèle économiqueLes États-Unis sont le pays par excellence du capitalisme libéral.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, lesprincipaux pays européens envoyèrent aux États-Unis des missions composées d'ingénieurs, de chefs d'entreprise etde hauts fonctionnaires pour s'inspirer des méthodes de gestion américaine et de l'efficacité de leur système deproduction.

Les États-Unis ont toujours fasciné les autres peuples du monde entier parce qu'ils sont apparus commele pays de l'abondance, de la société de consommation.

Au lendemain de la guerre, le plan Marshall fit beaucouppour diffuser le modèle économique américain.

En aidant les Européens à reconstruire leur économie, c'est aussi eux-mêmes qu'ils aidaient en assurant l'avenir du système capitaliste libéral.

L'Europe était le premier partenairecommercial des États-Unis, or la guerre avait non seulement ravagé ses industries mais aussi amoindri sa solvabilitéet ses capacités d'achat auprès des États-Unis.

Il était indispensable pour eux de permettre le retour à la prospéritéen Europe afin de conserver un partenaire économique vital. # Un modèle culturelDe même, le modèle culturel, entendons par là la présentation du mode de vie américain , l'American way of life,comme étant le modèle devant devenir la norme, correspond à une volonté commerciale.

La diffusion de produits etde marques phares (Coca-Cola, les jeans, les cigarettes Marlboro, etc.) est autant une affaire commerciale que destémoins de la culture américaine, d'où l'importance des vecteurs culturels, tels que la musique, (jazz, puis rock'n'roll,puis le rap) la littérature, le cinéma ou la télévision.

Commerce et culture sont liés.

De plus le système a unecapacité extraordinaire à récupérer toutes les pratiques culturelles.

Ainsi le rap, comme autrefois le jazz, apparupour contester d'une certaine manière l'American way of life, et l'exclusion de certaines catégories sociales, a étérécupéré et est devenu un produit de consommation comme n'importe quel produit d'épicerie. Transition Le modèle américain a bénéficié, outre la culture, de puissants vecteurs tels que les 500 000 soldats américainsstationnant dans les pays avec lesquels les États-Unis avaient signé des pactes militaires : une grande partie depays d'Europe occidentale et de nombreux pays d'Asie.

Cependant, dans les années de la guerre froide, le modèleaméricain n'a pas toujours fait l'unanimité dans le monde. Deuxième partie : les résistances au modèle américain # Le contre-modèle soviétiqueLa première évidence à rappeler, c'est que pendant près de 50 ans, à l'époque de la guerre froide, une grande partiedu monde n'avait accès ni aux produits américains, ni à la culture américaine.

En URSS, en Europe orientale parexemple, pas de film américain, pas de série télévisée américaine, pas de produits de consommation américains.

Ilfaut d'ailleurs dire que ça n'empêchait pas une partie des populations privées de ces produits d'en rêver et decontribuer à renforcer l'image mythique des États-Unis.

Seul contact avec ce monde, l'écoute des radiosaméricaines, telle « The Voice of America », qui émettaient sur l'Europe orientale quand elles n'étaient pas brouilléespar les autorités.Mais dans les pays d'Europe occidentale, une partie de l'opinion influencée par la gauche et notamment la gauchecommuniste (en France et en Italie surtout) a, du moins dans les années 1950, idéalisé le modèle soviétique et vouéaux gémonies le modèle américain, la contestation prenant parfois des aspects caricaturaux, tels que le refus deboire du Coca-Cola ou d'écouter de la musique américaine.

À partir des années 1970, le modèle soviétique estdéclinant et plus beaucoup de monde, y compris chez le sympathisants des partis communistes occidentaux, ne sefait trop d'illusion sur la réalité du « socialisme réel ». # Le modèle américain contestéDans les années 1960, le modèle américain est contesté aux États-Unis même.

La contestation vient de la minoriténoire.

Dans ce pays qui fait de la liberté son credo, les Noirs sont traités comme des citoyens de seconde zone.

Lemouvement des droits civiques débouche sur une radicalisation et la naissance des Panthères noires qui prônent laviolence révolutionnaire pour lutter contre les inégalités raciales.

À la même époque, la jeunesse américaine serévolte contre ce qui était présenté comme le cœur même du modèle, la société de consommation.

C'est lemouvement hippie.

Ce mouvement de contestation de la société de consommation va atteindre plus tard tous lespays occidentaux.

Par ailleurs, la jeunesse américaine se révolte contre la guerre menée par son pays au Vietnam.Cette contestation interne, contre la société de consommation ou contre la guerre du Vietnam, alimente unecontestation externe.

En Europe occidentale, au Japon, les rues résonnent de manifestations hostiles aux. »