Le drame du bazar de la CharitéHomicide par imprudence.
Publié le 17/05/2020
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1 / 2 Le drame du bazar de la Charité
Homicide par imprudence
Une œuvre philanthropique, fondée en
1855 par Henri Blount, organisait des
ventes
de bienfaisance dans un vaste
local, le bazar de la Charité.
A partir de 1896, le bazar est installé rue Jean
Goujon, sur un terrain situé entre les
numéros
13 et 19.
C'est une sorte de hangar rectangulaire, de 20 rn de long,
en planches et en poutrelles.
A l'inté
rieur, égayés de guirlandes et de tentu
res, vingt petites boutiques ou comptoirs
sont tenus par des vendeuses volontai
res, toutes femmes riches et souvent
titrées, comme
les acheteuses.
La vente
charitable du bazar est un rendez-vous
mondain très coté.
Le 4 mai 1897, le deuxième jour de l'ouverture, plus de 1200 personnes se pressent dans le bazar, lorsque, à 16 h 15, des flammes jaillissent; elles partent
du fond, à gauche.
En moins de quel
ques minutes, elles gagnent les frises du
décor, courent dans les toiles peintes,
atteignent le vélum du plafond et dévo
rent les légères cloisons de bois.
Tout
l'ensemble est en feu.
La foule, surprise par la rapidité de l'incendie, est aussitôt prise de panique.
En se ruant vers la sortie, les gens se bousculent, tombent les uns sur les autres et forment ainsi d'infranchissa
bles barrières pour les malheureux res
tés en arrière.
Ceux qui sont proches de la porte peuvent s'enfuir, les uns indem
nes, les autres déjà sérieusement brûlés.
Mais, dès le début, le feu a rendu inac
cessibles les deux issues annexes à
l'extrémité de la construction.
Le bilan
des victimes est lourd.
A 19 heures,
4 mai 1897
il ne reste plus rien du bazar; les 200 blessés sont transportés à l'hôpital
Beaujon; les pompiers, secondés par des
militaires, travaillent dans un trou noir
dégageant une odeur épouvantable.
Les
126 morts de ce désastre mettent en
deuil la nation et, surtout, la haute socié
té parisienne à laquelle appartiennent la
plupart des victimes.
Parmi les plus en
vue, on peut citer
les comtesses de Lup
pé, de Horn, de Clermont, le général
Munier, héros de la guerre de Crimée,
Mmes Jacques Haussmann, Moreau
Nélaton
...
et, en tête, la jeune duchesse
d'Alençon, née Sophie de Bavière, épou se de Ferdinand d'Orléans.
On sait aujourd'hui que le sinistre a été
causé par le cinématographe: une cabi ne abritant l'appareil de projection avait
été installée sans l'autorisation de la
Préfecture, dans le fond du bazar.
Au
cours de la quatrième séance, par suite de manipulations maladroites, la lampe de l'appareil a enflammé l'andrinople
tendue sur la cabane.
De là, le feu a
rapidement gagné les nombreuses tentu
res du bazar.
C'est le projectionniste
Bagrachow qui fut l'auteur de la mala
dresse fatale.
Une chapelle a été édifiée sur les lieux
du drame.
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