Le débat entre Socrate et Calliclès
Publié le 08/06/2025
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Leçon 1 Chapitre 2
B/Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux? Le débat entre
Socrate et Calliclès dans le Gorgias de Platon
A coller sur le cahier et à ventiler dans les carnets pour la rentrée d'octobre.
Venir avec les CDC et le CAT au premier cours de la rentrée.
1.
Les protagonistes du dialogue.
Socrate est un philosophe, il est le porteparole de la philosophie de Platon dans les dialogues de Platon.
Calliclès est ce
que l'on appelle un sophiste.
1.2.
Définition du sophiste (CDC): vient de
sophistès en grec mot qui appartient à la même famille que sophos (sage,
savant).
Les sophistes sont donc eux aussi des savants= des gens disposant d'un
savoir, plus précisément d'une habileté.
Ils ont vécu à Athènes en prétendant
que la transmission de leur savoir permettait de former la jeunesse à la
rhétorique.
Gorgias et Calliclès sont des sophistes, Protagoras aussi
(personnages des dialogues de Platon).
Leur savoir consiste en une série de
techniques oratoires permettant de parvenir à obtenir sur tout sujet possible la
persuasion d'un interlocuteur.
Ils prétendaient éduquer la jeunesse à la
rhétorique en vendant leurs compétences en la matière afin de permettre à ceux à
qui ils vendaient leurs services d'exceller dans la vie publique.
Ils formaient
ainsi les hommes se destinant à la politique afin de leur apprendre les techniques
de persuasion des foules.
Il s'agit moins tant pour les sophistes de croire en
l'existence d'une vérité unique et universelle (ce qui est la thèse du philosophe
qui se démarque pour cette raison du sophiste) mais de défendre une position
relativiste, autrement dit de défendre la thèse (THESE): de la relativité de la
vérité (à chacun sa propre vérité) et de penser que seul celui qui possède les
armes oratoires suffisantes peut gagner la persuasion de ses interlocuteurs, qu'il
ne s'agit pas de chercher à convaincre (= les amener à la vérité universelle par
l'argumentation), mais à persuader grâce aux techniques oratoires de la
rhétorique.
A la rhétorique et au relativisme des sophistes, Socrate oppose la
dialectique (=l'échange des arguments) et l'accès à la vérité universelle
(=valable pour tous), accès que la dialectique rend possible.
Les sophistes
croient donc moins en la vérité et la justice universelles qu'en la force et la
maîtrise des moyens (rhétoriques notamment) pour arriver à des finalités de
pouvoir.
Le sophiste cherche moins la vérité et la justice (auxquelles ils ne
croient pas) que le succès, l'argent et le pouvoir.
Le sophiste est ainsi un
professionnel de la parole (=des techniques de la parole), habile à argumenter
mais sans se préoccuper de la vérité mais uniquement des moyens de
persuader ses interlocuteurs.
Il cherche moins la vérité que le croire-vrai qu'il
cherche à susciter chez ses interlocuteurs grâce à ses techniques.
C'est contre
eux que Socrate inventa la philosophie.
La philosophie se définit à partir de Socrate comme une discipline qui s'oppose à
la sophistique.
Nietzsche qui s'opposera à Socrate réhabilitera au XIXeme siècle
les sophistes, Heidegger au XXeme siècle aussi (dans son cours sur Nietzsche).
NB: la thèse de Calliclès est développée tout au long du chap.
elle vous est
indiquée par la signalétique THESE: au sein de votre CAT cette thèse doit
prendre une forme unitaire continue et SYNTHETIQUE (vous devez en
faire la synthèse) en face des arguments correspondants (sur la page d'en face).
Vous devrez le plus souvent à partir de votre lecture des paragraphes trouver ou
compléter par vous-mêmes les titres des des thèses et des arguments.
2.
Le bonheur selon le sophiste Calliclès: 2.1.
THESE DE CALLICLES:
L'homme heureux celui qui par sa position sociale avantageuse ou privilégié
("ceux qui ont la chance dès le départ d'être fils de rois") ainsi que par les
moyens financiers dont il dispose, par son tempérament (une grande
détermination de caractère) et ses qualités (intelligence, courage), a les moyens
de satisfaire tous les désirs qu'il ressent: seul lui est heureux.
Pourquoi ? ARGUMENT DE CALLICLES (trouvez le titre): l'homme
heureux est celui qui disposant des moyens et des capacités de satisfaire un
nombre très élevé de désirs est en mesure de n'en réprimer aucun et donc
de les satisfaire tous (puisqu’il en a les moyens et les capacités).
Or le
bonheur c'est l'absence de frustration et de souffrance c'est donc la
satisfaction de toutes nos envies et de tous nos désirs.
Dès lors seuls les
hommes capables de satisfaire tous leurs désirs sont en mesure de ressentir un
nombre très élevé de plaisirs DONC d'ETRE HEUREUX.
DEF DU
BONHEUR SELON CALLICLES (THESE): Etre heureux c'est donc
laisser libre cours à ses désirs et les satisfaire tous.
Multiplier les désirs,
pouvoir les satisfaire tous afin de multiplier les plaisirs.
C'est cela le
bonheur pour Calliclès.
2.2.
L'hédonisme de Calliclès vs hédonisme d'Epicure (THESE).
Calliclès
défend une position appelée hédoniste= le bonheur consiste dans le plaisir : le
souverain bien est le plaisir car l’état de bonheur se confond avec l’état de
plaisir= or ARGUMENT DE C sur le bonheur comme état de plaisir: puisque
le plaisir est un ressenti fugace et que le bonheur est un état de satisfaction
stable: il faut multiplier les plaisurs en multipliant nos désirs et leurs
satisfactions pour réaliser une vie remplie de plaisirs et ainsi constamment
bonne.
Epicure aussi défend une position hédoniste (souverain bien= plaisir) mais à la
différence de Calliclès c'est un hédonisme de la mesure = on ne doit pas
valoriser N'IMPORTE QUEL PLAISIR (Cf.
Leçon 1 chap.
3).
Epicure
pense la possibilité d’un état de plaisir stable plein et continu qu’il appelle
« plaisir en repos » et qu'il assimile au bonheur.
2.3.
Pour Calliclès, THESE le bonheur est réservé à une petite élite
d'hommes puissants.
Il s'agit en effet d'être suffisamment riche et considéré (ou
d'user de son intelligence pour le devenir), afin d'être craint et respecté de tous,
et disposer ainsi d'une latitude suffisante pour laisser libre cours à ses désirs,
les multiplier le plus possible et les satisfaire tous.
Le bonheur n’est donc
pas à la portée de tout le monde.
Seul l'homme disposant soit d'une position
sociale aisée ou privilégiée (comme le fils d'un roi ou un roi lui-même), d'une
détermination à toute épreuve et d'un grand courage (ne pas craindre le jugement
des autres, ni se sentir coupable de les léser) est en mesure de satisfaire tous ses
désirs.
La majorité des hommes ont soit peu de désirs donc peu de plaisirs, soit
beaucoup de désirs et beaucoup de frustrations.
Pourquoi les hommes condamnent les hédonistes et les puissants de ce
monde qui laissent libre cours à tous leurs désirs en considérant ces
hommes comme des débauchés adoptant des mauvaises moeurs c'est-à-dire
des comportements condamnables moralement ? C'est parce que
ARGUMENT DE CALLICLES SUR LA JALOUSIE DES GENS
MALHEUREUX la majorité des hommes pour Calliclès non seulement ne sont
pas heureux mais sont jaloux des gens qui sont capables, en vertu de leurs
avantages (ceux que nous venons d’énumérer), de multiplier les désirs et de les
satisfaire, là où la foule des hommes en sont incapables puisqu'ils n'arrivent
déjà pas à satisfaire un grand nombre de désirs qu'ils éprouvent.
2.4.
Le bonheur selon Calliclès THESE.
Pour être heureux, suivant Calliclès, il
faut donc (1) multiplier les désirs et (2) être en mesure de disposer des moyens
de les satisfaire, ce que les moyens financiers et le fait de disposer d'une position
dans la société avantageuse et respectée (être le fils d'un roi par exemple dit
Calliclès) permet d'obtenir.
Plus je suis riche et puissant plus je peux satisfaire
un très grand nombre de désirs et ressentir un très grand nombre de plaisirs sans
ressentir aucun manque ni aucune frustration:
"qui veut vivre comme il faut doit donner libre cours à ses propres passions
(epithumiai qui signifie « désirs ») et les laisser grandir au maximum, et ne pas
les réprimer, mais aussi grandes soient-elles, être assez fort pour mettre son
courage et son intelligence à leur service, et assouvir sans cesse tous leurs désirs.
Mais cela n'est pas je pense, à la portée de la multitude.
C'est pourquoi elle
montre du doigt les hommes d'une telle trempe, cachant, de honte, sa propre
impuissance, et raconte que l'absence de retenue est honteuse, faisant, des
hommes qui sont par nature les meilleurs ses esclaves; et, incapable elle-même
de se donner les ressources de jouir pleinement des plaisirs, elle fait l'éloge de la
tempérance et de la justice du fait de sa propre lâcheté.
Car pour ceux qui ont la
chance dès le départ d'être fils de rois ou bien d'être naturellement en mesure de
conquérir un commandement, une tyrannie, un pouvoir suprême, pour ces
hommes-là, en vérité qu'y-a-t-il de plus honteux et de plus désavantageux que la
tempérance?" (Platon, Gorgias, 492 a).
2.4.
Calliclès et Nietzsche et la vengeance des faibles.
On a souvent compris
ce discours de Calliclès, avec raison, comme une préfiguration du thème présent
chez Nietzsche de la morale comprise comme produit du ressentiment (= de la
rancune, jalousie, rancoeur, hostilité) de la multitude humaine....
»
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