LE BONHEUR.

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" Les formes d'après-pluie n'ont pas leur lumière habituelle.

Tu les dé­ doubles de tes yeux, tu leur inventes le miroir; et le ciel décanté tant de fois comme tes lèvres si parfaites d'avoir souri encore.

Tu es là, simplement, et le bonheur te doit son nom.

" LE BONHEUR QUELQUES REMARQUES A DISCUTER.

• Un idéal philosophique ? -La sagesse grecque est recherche simultanée de la lucidité intel­ lectuelle et de la conduite équilibrée.

Hiérarchiser les valeurs, distinguer ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas, cultiver ce qui mérite de lêtre : tout cela semble indiquer que la philosophie vise le bonheur -si l'on entend par bonheur réalisation d'un art de vivre où l'individu et le groupe s'accomplissent pleinement, manifestent leurs possibilités d' épa­ nouissement, et ce à tous les niveaux d'affirmation vitale.

- Mais les choses se compliquent dès qu'il s'agit de définir un critère fiable et incontestable d'un tel art de vivre.

S'agit-il d'affirmer avec force ses désirs, ses passions, sa volonté de puissance, et ce en dépit des artifices ou des conventions de la vie sociale, comme le proposent certains Sophistes ? (cf.

le discours de Calliclès dans le Gorgias).

S'agit-il de faire valoir, dans la conduite de l'existence, des fins supérieures comme la justice, l'amélioration de la vertu individuelle ou collective, l'exigence de lucidité sur soi et le monde, comme le propose Socrate dans les propos que lui attribue Platon ? (cf.

Apolo­ gie de Socrate).

s· agit-il encore d'accéder à la maîtrise de soi en contrôlant ses réactions affectives à un événement dont on n'a pu empêcher la présence, comme le proposent les Stoïciens ? (cf.

le début du Manuel d'Épictète).

-En fait, les définitions du bonheur sont très diverses, et pour en saisir les différents facteurs, il convient au préalable de réfléchir sur des différences importantes : satisfaction du désir, équilibre, bien-être, plai­ sir, etc.

Il n'est pas rare de constater que les malentendus que suscite et favorise la notion très subjective de bonheur sont liés à la valorisa­ tion exclusive d'un aspect parmi d'autres.

Entre la félicité purement morale éprouvée par le martyr chrétien -que l'idéal d'abstinence et de sacrifice conduit à négliger toute satisfaction « matérielle » -et le bon­ heur d'accomplissement multiforme, la plénitude d'un amour partagé, existe-t-il vraiment quelque chose de commun ? - La philosophie ne peut jouer, dans la conquête du bonheur, qu'un rôle limité, ne serait-ce que parce que le bonheur fonctionne souvent comme un idéal de /'imagination, que spécifie chaque itinéraire indivi­ duel, chaque biographie personnelle.

Mais, en déterminant et en rappe­ lant sans cesse l'idéal de lucidité qui permet une approche critique et rationnelle de tous les domaines de l'expérience, la philosophie.

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