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Le Baroque

Publié le 06/12/2021

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A la fin du XVIe siècle, l'art italien est encore marqué par une sensibilité maniériste, qui recourt à un langage sophistiqué et intellectualisant, riche en symboles et en allégories souvent obscures, compréhensibles uniquement par un public assez restreint et cultivé. Au cours du XVIIe siècle s'épanouit une nouvelle sensibilité figurative, qui marque une évolution par rapport au maniérisme, dont elle se distingue par ses caractères moins élitaires : elle sera appelée péjorativement baroque par les théoriciens de l'art. L'Eglise de Rome, sortie depuis peu de la Contre-Réforme, appuie cette nouvelle expression artistique en mesure de s'adresser à un vaste public, en lui confiant la tâche d'exprimer sous des formes grandioses aux tonalités triomphales les valeurs politiques et religieuses qui légitiment son pouvoir. C'est donc à Rome que l'on trouve les premières manifestations importantes de l'art baroque, grâce à l'activité de Gian Lorenzo Bernini, Francesco Borromini et Pierre de Cortone. Par la suite, le baroque rayonne dans toute l'Europe; d'autres centres deviennent importants, surtout là où princes, électeurs et rois veulent relancer l'image de leur ville-capitale, en lançant des opérations de rénovation dans l'aménagement urbain et architectural. C'est ainsi que Turin, Munich, Berlin, Würzbourg, Dresde, Prague, Vienne, Saint-Pétersbourg, et naturellement Paris deviennent des centres de l'art baroque. Une conséquence de cette activité bouillonnante est le déplacement permanent d'une ville à l'autre d'architectes et de peintres, d'artisans décorateurs, stucateurs, quadraturistes. Il faut tenir compte de ces déplacements des artistes si l'on veut comprendre pleinement la complexité du phénomène baroque en Europe, car ses résultats peuvent sembler très différents les uns des autres, en raison de l'enchevêtrement de cultures et de traditions hétérogènes et, dans bien des cas, de la persistance de formes baroques jusqu'à l'aube du néoclassicisme, en plein XVIIIe siècle.

Un des thèmes fondamentaux de la poétique baroque est la représentation dynamique et illusionniste de l'espace. On peut le percevoir nettement en architecture (colonnade de la place Saint-Pierre, par le Bernin; église de Saint-Yves-à-la-Sapience, de Borromini), où l'édifice apparaît de façon tout à fait différente selon l'angle d'observation choisi; un édifice aux espaces en trompe-l’oeil, aux lignes dynamiques toujours mouvantes qui se dilatent et se resserrent constamment. A Venise, Baldassare Longhena règne en maître: ses ouvrages dénotent un sens consommé de la mise en scène et une grande sensibilité dans le dosage de la lumière du paysage lagunaire. Le modénais Guarino Guarini travaille à Milan, où il inaugure une époque extraordinaire pour l'architecture piémontaise, qui se poursuivra au XVIIIe siècle avec Juvara. Dans ses ouvrages (chapelle du Saint-Suaire, église Saint-Laurent), une place importante est accordée à la coupole: allégée de ses surfaces murales, elle est constituée d'une unique ordonnance de côtes s'élançant vers le haut, comme pour évoquer la dimension raréfiée et mystérieuse de l'infini. Après une phase marquée par une architecture linéaire et sévère (Alonso Cano), l'Espagne développe le style churrigueresque, type de décoration somptueuse et foisonnante qui, appliquée aux édifices, n'en altère pas pour autant la structure. Le baroque espagnol, très décoratif, présente des analogies avec celui de Lecce, dans les Pouilles (Giuseppe Zimbalo). En France, le baroque s'oriente vers des formes plus équilibrées, exprimant la sensibilité classique, basée sur la régularité, la symétrie et le sens pratique. La construction résidentielle jouit d’une grande ferveur, aussi bien en ville (hôtels particuliers) qu'à la campagne (châteaux). Parmi les réalisations les plus importantes, il faut retenir le Louvre (Louis Le Vau) et, naturellement, Versailles (Jules Hardouin-Mansart). Vienne est elle aussi particulièrement active dans la construction d’édifices résidentiels. Deux personnalités en particulier sont à signaler: Fischer von Erlach, qui a édifié, sur le modèle de Versailles, le château de Schönbrunn, résidence des Habsbourgs sur le modèle de Versailles, et Lucas von Hildebrandt, auquel on doit le château du Belvédère destiné au prince Eugène de Savoie. Parmi les édifices religieux, figure la magnifique abbaye de Melk (Jacob Prandtauer), perchée sur une colline et dominant la vallée. En Allemagne, parmi les personnalités importantes, il convient de signaler Balthasar Neumann (résidence impériale à Wurtzbourg). En Bohême, Andrea Spezza (palais Waldstein) et d'autres architectes italiens construisent des résidences pour l'aristocratie praguoise, en introduisant le baroque italien; toujours en Bohême, la famille allemande des Dientzenhofer est active, en particulier dans le domaine de l’architecture religieuse. Enfin, en Angleterre, les architectes Inigo Jones et Christopher Wren (cathédrale Saint-Paul à Londres) sont les principaux représentants d'un style plus mesuré, débiteur de l'Antiquité classique autant que du classicisme français.

En sculpture également, la recherche s'oriente vers un profond dynamisme des formes. Francesco Mochi en est un précurseur (monument à Alexandre Farnèse): dans ses oeuvres, c'est la lumière qui traduit la véhémence du mouvement et anime les figures. Le Bernin travaille avec la même approche : on lui doit un grand nombre de chefs-d'oeuvre de virtuosité et de poésie, tels que la statue d'Apollon et Daphné, admirable interprétation du thème ovidien de la Métamorphose.

Les jalons nécessaires à l'épanouissement de la peinture baroque sont posés par Caravage et Annibal Carrache. Tous deux hostiles au maniérisme, ils établissent comme principe de leur art l'approche directe de la réalité. Mais l’aboutissement de leurs recherches est différent. Caravage approfondit son analyse de la réalité jusqu'à en représenter les aspects les plus crus et les plus dramatiques (Martyre de saint Matthieu). Carrache, quant à lui, est moins radical dans son réalisme, qui devient le point de départ d'une représentation équilibrée et rationnelle (Fuite en Egypte). Cette même idéalisation d'empreinte classique fait l'objet de recherches des Français Nicolas Poussin et Claude Lorrain. Mais le réalisme dramatique du Caravage influence également de nombreux artistes: les Français Louis le Nain, qui choisit comme sujet le monde paysan, et Georges de La Tour. C'est encore de Caravage que s'inspirent les Espagnols, Jusepe de Ribera, qui séjourne longuement en Italie, Francisco de Zurbarán, qui privilégie les sujets religieux traduits dans une spiritualité austère et dramatique, et enfin Vélasquez, dont les oeuvres (au réalisme qualifié d'"impassible", en tant que contemplation supérieure de la réalité) annoncent la sensibilité moderne par ses qualités chromatiques et sa touche picturale (Vénus au miroir). Caravage inspire aussi les Hollandais Vermeer et Rembrandt. Ce dernier s'oriente de plus en plus vers une représentation intériorisée de la réalité, dont il tente d'exprimer la vérité, loin de toute convention artistique et de tout conditionnement de la société contemporaine.

Au début du XVIIIe siècle se répand une nouvelle tendance connue sous le nom de rococo. Le style rococo entend opposer au foisonnement des formes et au faste du baroque l'agrément et la grâce facile de l'ornement. Le foyer principal de l'élaboration et de la diffusion du rococo est la France où, sur une sensibilité fondamentalement classique, s'était développé un baroque aux tons équilibrés. On peut donc discerner le style rococo dans de nombreuses manifestations artistiques et architecturales du début du XVIIIe siècle, même si dans de nombreuses régions d'Europe, bien des artistes continuèrent à développer les questions soulevées par l'expérience baroque, jusqu'au seuil du néoclassicisme.

En architecture, le début du XVIIIe siècle se distingue par des initiatives importantes dans les édifices résidentiels, en particulier les pavillons situés dans des parcs (Sans-Souci, Ermitage...). L'intérêt pour la décoration intérieure est lui aussi très marqué. Dans ce domaine, la structure, la décoration et l'ameublement étant étroitement liés, un rôle fondamental revient aux équipes d'artisans, de décorateurs, de stucateurs et de quadraturistes, qui se déplacent de cour en cour. La lumière continue à jouer un rôle important dans les intérieurs rococo: diffusée et filtrée par de vastes fenêtres, elle s'attarde sur des murs clairs aux teintes pastel, et joue sur les miroirs et les stucs dorés. Les productions de tapisseries, de porcelaines (fabriques de Meissen et de Capodimonte), d'ébénisterie (meubles anglais Chippendale), cultivant souvent des sujets exotiques inspirés de l'Orient, connaissent un grand essor. Parmi les architectes français maîtres en décoration rococo, figurent Germain Boffrand (Hôtel de Soubise) et François de Cuvilliés qui exerce en Allemagne (Salon des Glaces au pavillon d'Amalienbourg). En outre, la décoration rococo donne aussi des résultats de haut niveau dans l'architecture religieuse, comme en témoigne le Sanctuaire du Pèlerin à Wies (Dominikus Zimmermann). En Espagne, Alberto de Churriguera s'éloigne du style décoratif foisonnant, dit "churrigueresque" pour adhérer à une sensibilité proche du rococo. En Russie, deux artistes italiens (Francesco Rastrelli et Domenico Quarenghi) contribuent à façonner l'image de Saint-Pétersbourg comme grande capitale, par un style architectural d'empreinte classique et modérément rococo.

Filippo Juvara est sans conteste un grand personnage de l'architecture du XVIIIe siècle en Italie: artiste de renom international, architecte éclectique, urbaniste, décorateur, on lui doit la transformation de Turin en capitale. Son talent extraordinaire lui permet d'inventer des solutions variées et ingénieuses pour les grands travaux de l’architecture européenne (l'église, le palais, l'aménagement urbain). Son style architectural s'insère d'autorité dans le débat entre le baroque et le classique, débouchant sur des résultats où s'allient harmonieusement rationalité classique et sensibilité théâtrale, profonde culture du passé et adhésion au rococo à la mode. Les enseignements de Juvara seront utiles à Luigi Vanvitelli (palais royal de Caserte), dont le langage mêle des éléments classiques et baroques.

En Angleterre enfin, le rococo n'a pas grand succès, tandis qu’une nouvelle tendance classique propose de récupérer l'harmonie et le sens des proportions qui caractérisent l'oeuvre d'Andrea Palladio (Richard Boyle Burlington et William Kent).

En peinture, le rococo trouve un terrain d'élection dans des scènes libertines et galantes. La production française est en ce sens exemplaire (Jean-Honoré Fragonard, Antoine Watteau). Deux autres thèmes importants de la peinture rococo sont le portrait et le paysage. En Italie, le thème du paysage est interprété différemment par Canaletto et par Francesco Guardi. Canaletto le résout dans le sens d'un réalisme lucide (Le Grand Canal vu de Palazzo Balbi), tandis que Guardi approfondit ce réalisme jusqu'à déliter l'image par une utilisation "corrosive" de la lumière (Caprice avec ponts sur un canal). Le portrait est illustré par l'Italienne Rosalba Carriera et les Anglais Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough. Giambattista Tiepolo, un grand protagoniste du XVIIIe siècle européen, peint ses fresques dans les églises et les palais nobles (résidence impériale à Wurzbourg), en utilisant des effets de trompe-l'oeil d'une grande virtuosité. Enfin, il faut mentionner l'Anglais William Hogarth, qui a contribué à l'introduction d'une nouvelle image de l'artiste, plus proche de notre conception moderne, par le choix de sujets non traditionnels, et par l’exploitation des modes de diffusion (gravures) et de vente des oeuvres (enchères et galeries).

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