Le 13-VendémiaireCoup de barre à gauche.
Publié le 17/05/2020
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Coup de barre à gauche
Les Conventionnels s'inquiètent: cons
cients de leur impopularité grandissante, ils redoutent un coup de force royaliste.
Sur le point de se séparer pour laisser la
place au Directoire, l'Assemblée vient
de décréter que les deux tiers des futurs
membres du Corps législatif seraient
obligatoirement choisis parmi les dépu
tés sortants, ruinant ainsi les espoirs de la droite.
Les opposants, qui comptent
dans leurs rangs les gardes nationaux
d'un grand nombre de sections modé
rées - 32 sur 48 -, se sont donc pré
parés à l'attaque.
Les rues de Paris sont
couvertes de placards menaçants et les tambours battent le rappel.
L'insurrec
tion va éclater.
Devant
le danger, la Convention a fait
sortir de prison d'anciens sans-culottes,
tape-dur ou lécheurs
de guillotine, qui
vont renforcer les troupes fidèles.
Mais
Barras, nouvellement nommé comman
dant
en chef de la force armée de Paris à
la place de Menou, destitué pour sa mol lesse, se sent de médiocres dons de stra
tège.
Qui donc l'aidera à sauver la léga
lité? L'idée
lui vient d'appeler à son aide un jeune artilleur qu'il a vu à l'œuvre
deux ans plus tôt au siège de Toulon et
qui semble teinté de jacobinisme: le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795), le général Bonaparte reçoit la mission
d'écraser dans l'œuf la rébellion.
Sans perdre un instant, il envoie le chef
d'escadron Joachim Murat au camp des Sablons, près de Chaillot, avec ordre de s'emparer des pièces d'artillerie, en grand danger d'être saisies par l'adver
saire, et de les amener aux Tuileries.
Le
5 octobre 1795
lendemain à l'aube, les canons sont
dressés en batterie autour du château.
Quelques heures plus tard, les insurgés
attaquent à la fois sur les deux rives de
la Seine.
Le général Carteaux, posté au
bas du Louvre, a reçu l'ordre d'arrêter
une colonne,
tandis que Bonaparte, rue
Saint-Honoré, va, mitrailler les royalistes
massés sur les marches de l'église Saint Roch.
Aux Tuileries, les députés enten
dent les coups de feu et n'en mènent pas
large.
Pourtant, ils courent peu de ris
ques et Bonaparte n'a pas grand-peine à
balayer les assaillants.
Mal dirigés par le général Danican, les rebelles se replient: il n'y a plus qu'à nettoyer les rues des
quartiers.
La Convention est sauvée!
Elle se mon
trera généreuse dans sa répression, car
elle redoute presque plus ses défenseurs
sans-culottes que ses adversaires réac
tionnaires.
Paris manifeste peu d'émo
tion et, le soir, les salles de théâtre sont
pleines.
Quant à Barras, il va, le 17 ven
démiaire, présenter à l'Assemblée les officiers qui l'ont aidé à triompher: «Bo naparte, annonce-t-il, a foudroyé l'hydre royaliste.>> Le futur directeur ne soupçonne guère la
façon dont il se fera jouer, quelques
années plus tard, par le petit Corse dont il est en train de faire la fortune.
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