L'attentat de DamiensIlluminé mais martyr.
Publié le 17/05/2020
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Illuminé mais martyr
Le 5 janvier 1757, à la nuit tombée,
Louis XV s'apprête à monter en carros
se au château de Versailles pour aller dî ner à Trianon.
C'est alors que, surgis
sant de l'ombre, un individu s'élance et le frappe au flanc d'un coup de couteau.
Il est aussitôt maîtrisé.
Très impression
né,
le roi regagne ses appartements, se met au lit et réclame son confesseur.
Sitôt connue, la nouvelle de l'attentat
provoque une consternation générale.
On se presse au palais, à l'Hôtel de Vil le, à la poste pour lire les bulletins.
L'archevêque de Paris ordonne quaran
te heures de prière; les théâtres sont fer
més.
On connaît bientôt le nom de l'assassin,
un certain Damiens qui a été garçon de salle chez les jésuites.
Son geste ne peut
avoir qu'un caractère politique.
On accuse les Anglais, les jansénistes, les
magistrats, à une heure où le conflit
entre le roi et les parlements au sujet de
l'impôt bat son plein.
Il faut bientôt
reconnaître que Damiens est un désé
quilibré.
Il a agi seul; il n'a pas voulu
tuer le roi, mais simplement le rappeler à
ses devoirs.
Le gouvernement sévit
cependant; il arrête des ecclésiastiques,
envoie aux galères des libraires et impri
meurs et bannit quelques écrivains.
Mais
les conséquences de l'affaire sont
ailleurs.
Même si la blessure est en fin de compte légère, Louis XV s'est cru frappé à mort.
Il a ordonné au dauphin de
présider le Conseil et demandé à la reine
pardon de ses torts envers elle.
Pour tout un parti dirigé par d'Argenson et
Machault d'Arnouville, ce repentir
signifie disgrâce de Mme de Pompa-
5 janvier 1757
dour, invitée à s'éloigner.
Espoir préma
turé.
Rétabli, rassuré, le roi n'a rien de plus pressé que de congédier les adver
saires de la favorite: d'Argenson et
Machault lui-même, en dépit de l'estime
qu'il lui porte.
Mais ce renvoi obéit, en
fait, à des raisons plus profondes.
En
congédiant deux hommes à l'origine des
réformes impopulaires, Louis XV a cru
pouvoir apaiser les parlements, rétablir
le calme dans les esprits.
En réalité, il ne fait que différer l'assainissement néces
saire des finances et la refonte de l'Etat.
Quant à Damiens, il va subir, le 28 mars
1757, le supplice des régicides, celui-là
même qu'a connu Ravaillac.
Il est con
duit sur un tombereau place de Grève,
emplie d'une foule immense qui garnit
les fenêtres et les toits.
Tenant en sa
main droite le couteau avec lequel il a
frappé le roi, il est d'abord «tenaillé aux
mamelles, bras, cuisses et gras des jam
bes».
Sur les plaies, le bourreau jette du
plomb fondu et de l'huile bouillante.
«On l'écartela ensuite, raconte la Gazet te d'Amsterdam.
Cette dernière opéra
tion fut très longue ...
Il ne lui échappa
aucun blasphème; seulement, les exces
sives douleurs
lui faisaient pousser
d'horribles cris et souvent il répéta: «Mon Dieu, ayez pitié de moi! Jésus,
secourez-moi!»
Illustration: Attentat de Damiens Bibliothèque nationale, Paris/Photo Tallandier © 1980, Edita-Service S.A., Genève, et Lib.
J.
Tallandier, Paris Imprimé en Italie A 1630506-17
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