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L'art peut-il être utilitaire ?

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : L'art peut-il être utilitaire ? Ce document contient 3894 mots soit 9 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« CONSEILS PRÉLIMINAIRES La question peut paraître au premier abord surprenante.

En effet, l'usage veut que l'on évite d'envisager les oeuvresd'art sous un angle purement utilitaire.

La réponse à la question semble donc devoir être négative.

Mais faut-il sehâter de suivre un usage sans se poser des questions sur son origine et sa signification ? Nous ne le pensons pas.Agir ainsi équivaudrait non seulement à collectionner les banalités et les platitudes, mais encore à ne pas traiter lesujet.

Car à quoi sert de se demander si les oeuvres d'art ont une utilité si l'on ne sait pas ce qu'est une oeuvred'art ? On le voit, la question est difficile.

A vrai dire, on ne peut essayer d'y répondre qu'après s'être livré à uneanalyse sérieuse de l'expression « oeuvre d'art ».

C'est donc par cette analyse que nous commencerons notrecorrigé.

Mais nous nous apercevons bien vite que les difficultés surgissent dès ce moment.

Comment définir uneoeuvre d'art ? Il ne s'agit pas de se contenter d'une vague énumération d'oeuvres d'art célèbres.

Une listed'exemples ne constitue pas une définition.

Constater sans plus que la cathédrale de Chartres ou la Joconde sontdes oeuvres d'art ne suffit nullement à faire avancer l'analyse.

Nous remarquerons que la recherche d'une définitionde l'oeuvre d'art semble nous faire pénétrer dans un cercle.

D'un côté l'oeuvre d'art renvoie à l'art, de l'autre, l'artne se manifeste que par des oeuvres.

Il y a là une réelle difficulté que les élèves ne doivent pas chercher àesquiver.

Il faut entrer résolument dans ce cercle en s'efforçant de dégager le caractère propre de l'oeuvre d'art.Nous nous aiderons, dans notre recherche, de certains écrits de Heidegger.

Nous distinguerons notamment avec luil'oeuvre du produit et de la simple chose.

En bénéficiant de l'acquis de l'analyse de l'oeuvre d'art, nous pourronsalors reprendre la question du sujet « Les oeuvres d'art ont-elles une utilité ? ».

Nous faisons remarquer au passageque l'emploi du verbe avoir donne à cette phrase une signification quelque peu différente de celle qu'elle aurait eus'il s'était agi du verbe être par exemple (la question aurait alors été : « Les oeuvres d'art sont-elles utiles ? »).Puis nous nous interrogerons sur les rapports de l'art et de l'utilité.

Ici, il serait bon, afin d'éviter tout verbiage,d'étayer sa réflexion par des connaissances philosophiques, littéraires et artistiques.

Précisons bien aux élèves qu'ilne s'agit nullement pour eux de verser dans une érudition vide ou un éclectisme mondain.

Penser n'est pas uneactivité mondaine et maniérée.

Pour conclure, nous proposons de montrer qu'au niveau de l'utilitarisme, les oeuvresd'art n'ont effectivement aucune utilité, mais que, rapporté à l'art seul, le concept d'utilité n'est pas nécessairementvide de sens.

L'utilité des oeuvres d'art pourrait être d'ouvrir l'homme à une inutilité par laquelle il se définirait.

Cetteinutilité n'est pas le simple contraire de l'utile et s'avère au moins aussi vitale pour l'homme que le pain. « Cet homme fait de la musique dans les rues, c'est un métier comme celui de notaire et qui a sur ce dernierl'avantage d'être inutile » (Mallarmé, Propos sur la Poésie, éd.

du Rocher, p.

35).

Ce que dit ici Mallarmé à proposd'un joueur d'orgue croisé dans une rue de Londres a toute l'apparence d'un paradoxe.

Mais il est vrai, dira-t-on,qu'il s'agit là d'un mot de poète, c'est-à-dire d'une homme qui, on le sait bien, n'a pas le sens des réalités.

N'allait-ilpas jusqu'à dire : « Ce qui m'attriste seulement, est de songer, si je ne suis destiné qu'à voir quelques années,combien je perds de temps pour gagner ma vie, et que tant d'heures, que je n'aurai plus, devraient être données àl'Art » (id., ibid., p.

60) ? Décidément, il n'y a rien à faire, on doit l'admettre : Mallarmé est un artiste et ses poèmessont des oeuvres d'art.

Ainsi, ce petit professeur que ses chefs « surveillent comme un homme douteux » (id., ibid.,p.

74) va, après coup, être reconnu par la société comme un artiste.

Désormais on parlera de lui dans les salons etdans les milieux intellectuels, et l'on fera figurer ses oeuvres dans les programmes des examens et des concours.

Demême « on n'en veut pas à Cézanne d'avoir vécu caché à l'Estaque pendant la guerre de 1870 » (Merleau-Ponty,L'OEil et l'Esprit, p.

14).

Il faut dire que ses tableaux se vendent bien.

Mais qui, en dehors de quelques amateursgrecs ou d'une poignée de collectionneurs texans, oserait affirmer publiquement qu'un tableau de Cézanne sert àfaire un bon placement ? Il est d'usage de proclamer qu'une oeuvre d'art n'a aucune utilité.

L'art doit être gratuitcomme la science désintéressée.

Ou si l'on veut vraiment parler d'utilité pour des oeuvres d'art, on dira qu'ellesservent à élever l'esprit de l'homme par exemple.

Mais tous ces poncifs et toutes ces remarques se meuvent sur unsol qui se dérobe sous les pas.

Tout cela demeure flou et confus.

C'est pourquoi il n'est pas mauvais, afin d'y voir unpeu plus clair, de poser la question suivante : Les oeuvres d'art ont-elle une utilité ?En lisant attentivement cette question, nous nous apercevons qu'il faut, pour essayer d'y répondre, savoir ce qu'estune oeuvre d'art.

Définir l'oeuvre d'art, voilà quelle doit être notre première tâche.

Nous ne pouvons en aucun casfaire l'économie de cette définition puisque sans elle il nous est impossible de répondre à la question posée.

Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? A première vue, la réponse semble aisée.

Regardez la Joconde, contemplez la cathédrale deChartres, nous dira-t-on.

Mais donner un ou plusieurs exemples d'oeuvres d'art ne saurait remplacer une définitionde l'oeuvre d'art.

Pourtant il ne semble pas du tout impossible de décrire une oeuvre d'art.

Il suffit pour cela, si l'onprend un tableau, d'aller dans un musée.

« Les oeuvres elles-mêmes se trouvent donc dans les collections et lesexpositions.

Mais sont-elles bien là en tant que les oeuvres qu'elles sont ? N'y sont-elles pas plutôt en tantqu'objets de l'industrie artistique ? On les met à la portée de la jouissance artistique publique et privée.

Desautorités officielles ont soin des oeuvres et s'occupent de leur conservation.

Critiques d'art et connaisseurs s'enoccupent même intensément.

Le commerce des objets d'art veille à pourvoir le marché.

L'histoire de l'art transformeles oeuvres en objets d'une recherche scientifique.

Mais, au milieu de tout cet affairement, rencontrons-nousencore les oeuvres ?...

Tout l'affairement autour des oeuvres d'art, si poussé et désintéressé qu'il soit, n'atteintjamais les oeuvres que dans leur être-objet.

Mais l'être-objet n'est pas l'être-oeuvre...

Où donc l'oeuvre est-ellechez elle ? » (Heidegger, Chemins..., pp.

30-31).

Ces remarques de Heidegger surprennent et déconcertent.

Ellesnous apprennent que l'oeuvre d'art ne se laisse pas définir aisément.

Ne pourrait-on pas dire que c'est une créationartistique ? Nous devons reconnaître que cette définition banale n'est pas satisfaisante.

En effet, elle se borne àrecouvrir au moyen de nouvelles étiquettes des difficultés qui ne sont pas pour autant résolues, ni même d'ailleurscorrectement perçues.

Car il reste alors à définir le concept de création, ce qui n'est pas un mince travail.

Quant à. »

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