l'anticlericalisme avant et pendant la premier guerre mondiale
Publié le 02/02/2024
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«
RIGOT Simon
L’anticléricalisme
Introduction :
"Le cléricalisme, voilà l'ennemi." Cette affirmation catégorique de Léon Gambetta résonne
comme un écho révélateur de l'atmosphère politique et sociale de la Belle Époque en France, période
s'étendant de la fin du XIXe siècle au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Le XIXe siècle et
le début du XXe siècle ont marqué une époque de bouleversements considérables en France, avec la
Révolution industrielle, les transformations sociales, et les avancées intellectuelles créant un terreau
fertile pour de nouvelles idées.
Au cœur de cette période de transition se trouve la tension palpable
entre les idéaux républicains naissants et l'influence persistante de l'Église catholique.
La loi de 1905
sur la séparation de l'Église et de l'État cristallisera cette tension, mais il faut bien garder en tête que
les prémices de ce débat remontent bien avant cette date charnière.
Héritier des idées des Lumières
du XVIIIe siècle, qui mettent en avant la raison, la tolérance, et la critique rationnelle des croyances
traditionnelles.
Il s'associe fréquemment à la défense de la laïcité et plaide pour une séparation stricte
entre les institutions religieuses et les institutions gouvernementales.
Mais en quoi consiste le cléricalisme et son opposé ? Le cléricalisme, selon Gambetta, représente
l’ingérence de l'Église dans les affaires publiques, une influence à laquelle s'opposait vigoureusement
une partie de la population.
À l'inverse, l'anticléricalisme désigne l'attitude de ceux qui rejettent cette
ingérence, prônant la séparation stricte entre les institutions religieuses et l'État.
Il faut bien
comprendre que cette lutte n’est pas une lutte contre la religion en elle-même mais plus un rejet de
l'autorité dogmatique et de l'emprise sociale exercée par les institutions religieuses
Les rapides bouleversements de la fin du XIXe siècle ont placé l'Église au centre des débats, certains la
considérant comme obsolète, voire entravant le progrès.
C'est dans ce contexte que l'anticléricalisme
prend de l’ampleur en tant que mouvement intellectuel et politique, cherchant à limiter l'influence de
l'Église dans les affaires de l'État.
La Belle Époque devient alors le théâtre d'une lutte entre les partisans
du cléricalisme et ceux de l'anticléricalisme.
Des personnalités politiques telles que Paul Bert Jean
Jaurès et bien d’autre s'inscrivent dans ce débat, donnant naissance à des mouvements et des lois qui
ont laissées des empreintes durables sur la société française.
Par la suite, lorsque la Grande Guerre
éclate en 1914, l'anticléricalisme connaît un moment de pause avec l'émergence de l'union sacrée face
à l'ennemi commun.
Cependant, les réflexions sur le rôle de l'Église pendant la guerre ouvrent de
nouvelles perspectives, posant les bases d'une réévaluation post-conflit.
Cela nous amène à nous
demander « Comment l’anticléricalisme évolue-t-il en France durant la Belle Epoque et la Première
Guerre mondial ? » en explorant les différentes facettes de ce mouvement, des débats parlementaires
sur la séparation de l'Église et de l'État aux manifestations artistiques et médiatiques qui ont contribué
à façonner l'opinion publique.
Pour ce faire nous allons aborder ce sujet à l’aide d’un plan en trois
partie : En premier lieu « La question de la séparation de l'Église et de l'État », par la suite « Les
mouvements anticléricaux et leur influence sur la politique et la société » et pour finir « L’ombre de la
Première Guerre mondiale »
I.
La question de la séparation de l'Église et de l'État : (Antoine)
a) La loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat: contexte et implication.
b) Les répercussions de l’Affaire Dreyfus sur les tensions entre forces anticléricales et
conservatrices.
c)Les premières manifestations d’anticléricalisme dans l’éducation et la société
française.
II.
Les mouvements anticléricaux et leur influence sur la politique et la
société :
a) Libre-penseur et libertaire, l’exemple de Jean Jaurès.
La "Libre-Pensée" émerge au XIXe siècle en réaction à l'autorité dogmatique de l'Église et aux
pressions sociales religieuses.
Inspiré par les Lumières, ce mouvement défend la raison, la tolérance et
la critique rationnelle des croyances traditionnelles.
Ce mouvement se lie rapidement à la laïcisation
de l'éducation, appelant à une instruction émancipée de l'influence religieuse mais surtout axée sur la
raison et la science.
Les libre-penseurs défendent ardemment la liberté individuelle de croyance,
s'opposant à toute coercition basée sur les convictions religieuses.
Associée aux mouvements sociaux
et politiques, cette pensée préconise la stricte séparation de l'Église et de l'État, affirmant que les
institutions religieuses ne doivent pas influencer directement les affaires gouvernementales.
Durant la
Belle Époque, l'Église est perçue comme un obstacle à la modernisation et à la sécularisation de la
société.
La critique anticléricale cible l'écart entre la doctrine chrétienne et la conduite des catholiques,
soulignant une disparité entre la morale prônée par l'Église et la réalité des clercs.
Pour les libres
penseurs, s'opposer à l'Église signifie résister à ses dirigeants et profiteurs, les castes sacerdotales.
Plusieurs personnalités politiques, dont Jean Jaurès, s'inscrivent dans ce courant de pensée.
Jean Jaurès (1859-1914), originaire de Castres, émerge comme une figure clé au croisement de la
politique, de l'enseignement et du journalisme à la fin du XIXe siècle.
Issu d'une famille de notables, il
se distingue par ses études à l'École normale supérieure et son agrégation de philosophie.
Librepenseur et défenseur de la laïcité, il rejette toute allégeance à la religion romaine malgré des
reconnaissances ponctuelles de la puissance historique du catholicisme.
Bien qu’il reconnaisse l'influence artistique de l'Église de Rome notamment grâce à sa richesse, il
n’hésite pas à en souligner les problèmes de cette dernière.
Son anticléricalisme, va au-delà d'une satire
des prêtres, il exprime plutôt une conscience républicaine fondamentalement opposée à l'ingérence
du cléricalisme dans la sphère publique.
L'anticléricalisme de Jaurès s'inscrit dans la défense de la
démocratie républicaine et la séparation radicale entre les Églises et l'État.
Impliqué politiquement et socialement, Jean Jaurès, préside la création de la « Verrerie ouvrière »
d'Albi en 1896 et contribue à la formation du Bloc des gauches.
Sa position pacifiste et son opposition
à la loi de trois ans suscitent la haine des nationalistes.
Tragiquement le 31 juillet 1914, il est assassiné
à Paris, marquant la fin d'une vie dédiée à la politique socialiste et à la promotion de la paix.
Ainsi, l'influence de la "libre-pensée" et le parcours intellectuel de Jean Jaurès jettent une lumière vive
sur la scène politique de la Belle Époque, modelant les débats sur la laïcité et la liberté de conscience.
Cependant, ces idées novatrices ne sont pas sans susciter des controverses politiques d'une ampleur
significative.
Les craintes et appréhensions face à l'influence persistante de l'Église dans les sphères
politiques et sociales deviennent des enjeux majeurs.
b) Des controverses politiques suscitées par la crainte de l’influence de l’Eglise.
La Belle Époque en France fut marquée par une série de débats concernant l'influence
persistante de l'Église catholique dans les affaires politiques.
La montée de l'anticléricalisme a été une
réaction à cette emprise, et les partisans de la "libre-pensée" ont joué un rôle crucial dans la remise en
question des dogmes religieux.
Diverses positions émergent alors, illustrant des approches allant de la
modération à des prises de position plus offensives.
Au cœur de ces débats se trouvait la franc-maçonnerie, une institution qui a joué un rôle majeur dans
la vie politique et sociale de la République française.
Regroupant des membres issus de diverses classes
sociales, tels que médecins, pharmaciens, vétérinaires, avoués, et bien d'autres, la franc-maçonnerie
est devenue un véritable ciment républicain.
Ses membres, souvent agnostiques ou athées, ont formé
une nouvelle génération républicaine anticléricale, s'opposant au dogmatisme romain au nom de la
raison, de la science, et du progrès.
Après la défaite de la Commune en 1871, l'Église, dans sa tentative
maladroite de regagner du terrain, s'est alignée avec les monarchistes.
Cependant, menées par des
figures telles que Gambetta, les forces républicaines ont triomphé en 1877, marquant une victoire
décisive pour l'anticléricalisme.
Mais même après le ralliement partiel de l'Église à la République en
1892, elle restait perçue avec suspicion par une majorité de républicains.
La tension entre l'Église
catholique et la franc-maçonnerie était palpable, chaque avancée laïque étant attribuée à cette "secte"
par la presse cléricale.
Les attaques du Vatican contre la maçonnerie, considérée comme une des
causes de ses malheurs, ont renforcé cette institution qui, profitant de l'élargissement des libertés, est
devenue une véritable société de pensée.
Une génération républicaine, guidée par la raison et le libre
examen, a pris les rênes de la maçonnerie, mettant en avant la liberté absolue de conscience.
Gambetta et Ferry partagent quant à eux une position modérée, évitant une confrontation directe avec
l'Église et privilégiant la coexistence en confinant celle-ci dans son domaine.
Cette approche est
critiquée à la fois par la droite et une partie des radicaux de gauche, qui prônent une laïcité plus
offensive, incluant la séparation totale de l'Église et de l'État, la restriction de ses moyens d'influence,
et une école publique engagée dans la lutte contre ce qu'ils considèrent comme la « superstition ».
La « Défense républicaine », coalition dominante depuis 1899, est désormais appelée le « Bloc des
gauches ».
L'anticléricalisme du Bloc des gauches, sous la direction de Waldeck-Rousseau, se distingue
par sa....
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