L'affaire PrinceChautemps était-il un «assassin courtois»?
Publié le 17/05/2020
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Chautemps était-il un «assassin courtois»? 1934
Le soir du 20 février 1934, un mécanicien de locomotive découvre à la
Combe-aux-Fées la tête tranchée puis,
à quelques mètres
de là, le corps mutilé
d'un inconnu.
La mort d'Albert
Prince (1883-1934)
fait partie d'un triptyque dont les deux
premiers tableaux s'intitulent scandale
Stavisky et émeutes
de février 1934.
Pour en saisir l'impact sur l'opinion
publique, il faut savoir que, le 27 novembre 1933, Camille Chautemps a
formé un cabinet radical-socialiste.
Le
8 janvier 1934, l'escroc Stavisky est
retrouvé mort dans des circonstances
mal élucidées.
Tirant prétexte de ce décès et du scandale qui l'a précédé,
l'extrême droite met en cause le procureur de la République, Pressard,
beau-frère de Chautemps: le gouver
nement tombe le 27 janvier.
Mais
l'extrême droite souhaite en finir avec le régime parlementaire; deux circons
tances le lui laissent espérer: l'émeute du 6 février -avortée -et la mort de Prince, quinze jours plus tard.
Albert Prince, en sa qualité de chef de la
section financière du parquet de la
Seine, enquêtait depuis
1930 sur Serge Alexandre, de son vrai nom Alexandre
Stavisky.
En 1931, Prince a été nommé
conseiller à la Cour.
En quatre ans, le procureur avait reçu rapport sur rap
port au sujet de l'escroc.
Or, le jour de la mort de celui-ci, c'est Prince qui est mis en cause, le procureur Pressard
rejetant sur lui la responsabilité de l'étrange mansuétude dont ses substituts
ont fait preuve envers Stavisky.
Tout d'abord
pris
de court, Prince cherche
dans sa mémoire et dans ses dossiers.
Le 15 février, il affirme à Lescouvé, qui
a été chargé de l'enquête, que plusieurs
copies successives du rapport de l'inspecteur Gripois sur Stavisky ont été
remises à Pressard.
Et puis, selon
Prince, le procureur aurait cherché à
classer l'affaire.
Le 20, jour où Prince doit présenter son rapport à Lescouvé, un coup de fil l'appelle au chevet de sa
mère, mourante, qui habite Dijon.
Ses proches ne le reverront pas vivant.
L'enquête montre que la mère d'Albert
Prince n'était pas malade.
Le nom du
médecin indiqué au téléphone, puis dans
un télégramme signé «Prince» et
provenant de Dijon, est erroné.
Alors?
S'agit-il d'un suicide maquillé en crime
par Albert Prince? ou d'un crime
camouflé en suicide par des gens qui
avaient intérêt à sa disparition? L'en
quête conclut au meurtre, l'autopsie
semblant prouver
que Prince a été
anesthésié.
De plus, on trouve mêlé à
divers échelons de cette affaire un policier louche, Bonny ...
que l'on charge
peu après d'enquêter sur la mort du con
seiller.
Aujourd'hui, partisans et adversaires
de la thèse du suicide sont en nombre à peu
près égal.
Pour Léon Daudet, pas de doute: Chautemps était «l'assassin
courtois».
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