La vie suspensive
Publié le 06/03/2021
Extrait du document
«
Dissertation Philosophie:
«La vie suspensive ?»
«C’est par dégoût de la vie active, par fatigue de la dispute, dont il aura reconnu la stérilité,
par esprit de renoncement qu’il arrivera au doute.
Ni lui ni Timon, une fois que ce dernier sera
devenu son disciple, ne tireront aucun profit de leur enseignement, ni l’un ni l’autre ne brigueront
les fonctions publiques, ils vivent comme des sages, dans le repos et le silence.» Victor Brochard,
philosophe et historien de la philosophie, à travers cet extrait de son mémoire Les Sceptiques grecs ,
il aborde la supériorité de la vie suspensive par le biais de la pratique de la suspension du jugement
et le silence.
Il paraît donc nécessaire de questionner la pertinence de la supériorité de la vie
suspensive.
La vie se doit-elle d’être suspensive pour vivre «comme des sages» ?
L’adjectif «suspensive» nous remonte à la notion de suspension.
La notion de suspension
signifie l’interruption, l’arrêt ou la cessation.
Par ailleurs, la suspension est l’essence de la
philosophie sceptique, ici appelée époché, désignant la suspension du jugement.
La «vie», selon
Bichat, est définit comme l’ «ensemble des forces qui résistent à la mort» ; vivre, c’est alors vouloir
ne pas mourir.
Par ailleurs, lorsque Nietzche définit la vie comme «volonté de puissance», il ne faut
surtout pas entendre volonté d’être puissant et d’écraser les autres, mais plutôt puissance de la
volonté par laquelle un individu affirme sa propre vie.
La vie est encore une fois caractérisée par
son dynamisme.
En outre, suite à ces différentes définitions, ils semblent paradoxal d’associer la
notion de suspension, d’interruption à celle de vie, définit par Nietzche comme dynamique.
L’expression «vie suspensive» n’est-elle pas paradoxale ?
Il convient donc de s’interroger, si la vie suspensive, donc la suspension de tout ce qui
constitue l’existence sociale ou encore politique, semble pouvoir entraîner une certaine ataraxie, une
certaine sagesse.
Elle semblerait tout de même présenter un certain paradoxe, entravant la notion de
vie, définit souvent comme dynamique.
Autrement dit, est-il vraiment pertinent de mettre en
suspension sa vie ?
Pour répondre à cette question, nous procéderons selon diverses étapes.
Si la suspension de
la vie, au sens sceptique, permet d’atteindre une certaine ataraxie (I), dans un second temps, elle
entrave ce qui semble constituer la vie, par essence dynamique (II).
Enfin, nous nous demanderons
les conséquences de la suspension dans l’aspect de la vie politique.
I) La suspension de la vie permet d’atteindre une certaine ataraxie.
1) Scepticisme et suspension du jugement.
( Pyrrhon et son disciple : «Nos sensations et nos
opinions ne sont ni vraies ni fausses», les sens qui bordent nos vies ne sont pas fiables (Descartes
«Méditations métaphysiques» première méditation) par conséquent il y il y suspension de sens et
des opinions, car celles-ci sont issues des sens, qui eux sont approximatifs => attitude
d’indifférence, d’interruption conduisant à l’ataraxie.
2) La suspension de la vie permet d’atteindre l’ataraxie, car nous dispense de quelconque but
inatteignable, de quelconque troubles.
( Zhuangzi, Les œuvres de Maître Tchouang : «Quand on
étudie, agite ou discute, on est toujours tenté d’apprendre ce qui ne se peut apprendre, d’accomplir
ce qui ne saurait s’accomplir, de débattre de ce dont il est impossible de débattre.»)
Bien que la suspension de la vie puisse entraîner l’ataraxie, il convient de se demander si il
est vraiment pertinent de mettre en suspend sa vie.
Est-ce que l’expression «vie suspensive» n’est-
elle pas paradoxale ?.
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