LA TECHNIQUE
Publié le 16/05/2020
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La technique
La reconnaissance du fait que la nature n’est pas source de normes est-elle un gage des bienfaits de la
technique, et devons-nous prendre sans réticence le parti de cette dernière ? En effet, s’il n’y a rien de sacrilège
dans le programme d’une maîtrise de la nature, le technicisme pourrait cependant être une attitude dangereuse
pour l’homme lui-même.
L’attention aux techniques, et donc au technique 1, n’a jamais été aussi envahissante
que dans nos sociétés post-industrielles, sous la double forme, propice à toutes les ambiguïtés, de la confiance
aveugle à l’efficacité des ressources techniciennes, et du sentiment de dépossession en présence de la
« technocratie » ambiante.
Si une certaine forme de technophobie semble avoir toujours existé 2, une crainte que
nous pouvons légitimement avoir aujourd’hui regardant la technique, c’est que celle-ci échappe progressivement
à notre contrôle, à notre maîtrise.
La vision d’un futur proche où les machines, devenues autonomes, prendraient
le pouvoir, qui envahit les ouvrages et les films de science-fiction, suffit à montrer l’inquiétude que provoque
l’évolution récente de la technique.
La question que nous nous poserons sera donc, plus précisément, la
suivante : pouvons-nous maîtriser la technique et son progrès ?
I.
La technique comme fait proprement humain
1) Qu’est-ce que la technique ? (les critères du technique)
-Insuffisances des définitions de la technique comme simple production ou pratique .
Bon nombre de techniques ne produisent rien à proprement parler : technique de vente, technique de jeu,
technique chirurgicale, technique de combat… Ce qu’on entend aujourd’hui par technique s’est donc affranchi
de son origine grecque 3.
Le domaine de la science et du savoir recouvre lui aussi un grand nombre de techniques : technique de calcul,
technique de la dissertation, technique de raisonnement ou logique… On ne peut donc opposer rigoureusement le
domaine de la science qui relèverait de la théorie au domaine de la technique, cantonné au champ de la
pratique…
Force est de constater qu’il n’y a pas une activité technique, mais plutôt une technique dans chaque activité.
Selon la finalité de l’action, on peut distinguer :
- les techniques individuelles qui ont pour objet les réalités psychiques ou corporelles de l’individu.
Ainsi les
techniques du sport, de la relaxation ou de la concentration ;
- les techniques sociales, à savoir les pratiques de transformation qui ont pour objet les relations entre les
individus.
Ainsi la technique policière, la technique pédagogique, la technique de la prise de pouvoir politique ;
- les techniques intellectuelles, c’est-à-dire les pratiques méthodologiques dont les objets relèvent du domaine
intellectuel (calcul mental, plan de dissertation) ;
- les techniques du réel qui ont pour objet la modification du monde extérieur immédiat, qu’il relève de la nature
organique ou inorganique.
Ainsi la technique de production d’électricité, la technique de la construction des
écluses, la technique de la culture du blé.
1Précisions terminologiques : on entend généralement par technologies les conduites, opérations et fabrications intégrées à
un complexe ou à un corps à la fois théorique et pratique.
Par techniques , on signifie les transformations opératoires de la
nature et de l’environnement humain.
Quand on parle de la technique , on évoque les savoir-faire développés par
l’entraînement et l’apprentissage, par la pratique, et opposés à l’art comme le métier l’est au génie.
On a souvent recours à
« technologie » parce que le terme paraît chargé d’une dignité que « technique » n’a pas : on entendra alors par
«technologie » le noyau dur de toute technique, le modèle essentiel et la forme complète, achevée et enfin pleinement
intelligible du phénomène technique.2La technophobie éternelle semble en vouloir d’abord à l’indéniable vulgarité des techniques.
Est vulgaire ce qui est
directement lié aux satisfactions des exigences vitales – se nourrir, s’abreuver, se reproduire, se chauffer.
Or, c’est le propre
d’une exigence vitale d’être toujours recommencée et toujours à satisfaire de nouveau.
Les techniques sont liées à la triste
contrainte d’avoir un corps et d’avoir à l’entretenir.
Elles suggèrent une finitude insupportable aux belles âmes qui les
assimile à la corvée, à la routine, au mécanisme.
La technophobie contemporaine met l’accent, à la suite de l’efficacité incroyablement accrue des techniques qui ont pénétré
les moindres secteurs de la vie quotidienne, sur la disproportion entre ce que nous pouvons et ce que nous voulons, insiste
sur les menaces du machinisme et sur le danger d’uniformisation de l’humanité.3 Τέχνη [technè] ne désigne pas seulement le « faire » de l’artisan et son art, mais aussi l’art au sens élevé du mot et les
beaux-arts.
Elle fait partie du pro-duire, de la ποίησις [poièsis]..
»
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