LA NOBLESSE:Majorats.
Publié le 17/05/2020
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«
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Majorats
Napoléon 1er se souvenait de la noblesse famélique de l'Ancien
Régime et décida que les titrés de l'Empire recevraient des rentes
pouvant leur assurer une vie décente.
Les titres furent donc assis sur des
biens constitués en majorats.
Ces majorats étaient formés d'immeubles
non hypothéqués capables de fournir chaque année les revenus voulus,
de rentes sur
l'Etat et d'actions de la Banque de France.
Indivisibles, ils
passaient, comme les titres, dans la descendance du premier titré en
suivant l'ordre de primogéniture des mâles, la filiation par mâle pou
vant être naturelle ou adoptive (mais l'adoption
d'un mâle devait être
acceptée par l'Empereur).
Bien entendu, tout nouveau titré se devait de
prêter serment à l'Empereur.
D'une désarmante franchise confinant au
cynisme, Napoléon
1er écrivait en 1806 à son frère Joseph, roi de
Naples : «Je veux avoir à Paris cent fortunes, toutes s'étant élevées
avec le trône, et restant seules considérables, puisque ce sont des
fidéicommis, et que ce qui
ne sera pas elles va se disséminer par l'effet
du Code civil.
Etablissez le Code civil à Naples; tout ce qui ne vous est
pas attaché va se détruire alors en peu d'années, et ce que vous voudrez
conserver se consolidera ...
» On ne pouvait s'expliquer plus clairement :au milieu des propriétés
pulvérisées par le code révolutionnaire, les majorats des élus devaient
seuls assurer une fortune, un avenir et par là les fidélités.
Il y avait
cependant des ombres au tableau.
Un majorat n'était pas toujours facile
à établir et lésait forcément les cadets.
Si l'Empereur venait au secours
de généraux sans fortune par le don de rentes en Allemagne, il n'en imposait pas moins de rudes charges aux maréchaux ducs ou princes :
ainsi Berthier, prince de Wagram, avait reçu Chambord avec l'obliga
tion de rendre le château habitable dans les cinq ans!
On comprend
qu'après sa mort sa veuve se soit rapidement débarrassée d'un tel
fardeau.
Les
18 titrés des Cent Jours n'eurent point de lettres patentes et de
majorat.
Deux ordonnances royales de 1824 déclarèrent que les titres
conférés par le souverain seraient à l'avenir personnels et
qu'il leur
faudrait des majorats pour être héréditaires.
Ce fut donc une grande
déception pour beaucoup de familles mais Louis-Philippe abolit ce
système par ordonnance du 9 mai 1835
:les nouveaux titrés n'auraient
plus besoin de constituer de majorat et ceux qui existaient devaient
s'éteindre en deux générations,
l'Etat en rachetant certains.
A la mort
du dernier duc de Massa, le 14 janvier 1962, le dernier majorat français
disparut.
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