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La métamorphose de Narcisse A partir du XIX ème siècle, des artistes s'intéressèrent à de nouveaux aspects de l'esthétisme ; ils entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales dans les arts.

Publié le 08/12/2021

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A partir du XIX ème siècle, des artistes s'intéressèrent à de nouveaux aspects
de l'esthétisme ; ils entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales dans les
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La métamorphose de Narcisse
A partir du XIX ème siècle, des artistes s'intéressèrent à de nouveaux aspects
de l'esthétisme ; ils entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales dans les
arts. Ces artistes s’apparentent avec un mouvement rompant avec la tradition : le
surréalisme. Laissant libre cours à l'imagination, au rêve et à l'inconscient. La
métamorphose de Narcisse de Salvador Dalí en est un parfait exemple. C'est en 1937
que Dalí présente son œuvre, celle-ci est également accompagnée d'un poème qui
vient compléter la toile. Cette production est directement inspirée du mythe de
Narcisse prenant place dans le livre Les Métamorphoses d'Ovide. La notion de
métamorphose prendra d'ailleurs toute son importance dans l’œuvre du peintre et
nous plongera dans une réflexion qui côtoiera la psychanalyse. En effet, La
métamorphose de Narcisse est le premier tableau engendré par la méthode
« paranoïaque-critique », mise au point par Dalí. Elle a pour but de représenter des
images oniriques en organisant la rencontre d'éléments disparates. Tout ceci nous
amène à nous poser la question suivante : « La Métamorphose de Narcisse est-elle
une représentation du mythe ou du propre inconscient de Dalí ? ». Pour y répondre
nous allons séparer le tableau en deux, où chaque parties reprendra la représentation
de Narcisse qui y est faite, ce qui nous permettra d'interpréter la transition entre les
deux Narcisse et, pour finir, nous les mettront en relation.
« Quand l'anatomie claire et divine de Narcisse se penche sur le miroir obscur
du lac ». L’œuvre de Dalí représente les deux aspects de Narcisse : un Narcisse
vivant et un Narcisse rongé par la mort. Nous allons, dans cette première partie, nous
pencher plus particulièrement sur le premier aspect de Narcisse. Quand nous
regardons le Narcisse de gauche, notre œil est automatiquement attiré par les
couleurs chaudes qui s'en émanent. En effet, nous pouvons constater une dominance
de beige et de marron, ces couleurs trouvent leur intérêt dans le contraste qu'elles
entraînement entre le corps de Narcisse et du décor qui l'entoure. Elles nous
permettent également d'attirer notre attention plus particulièrement sur son corps, du
fait que celui-ci possède des teintes plus vives que le reste du décor. Nous pouvons
interpréter cette focalisation sur le corps comme un désir de l'artiste de nous montrer
qu'à ce moment précis Narcisse est encore dans toute sa splendeur et que son corps
est encore la chose la plus importante. Nous pouvons tout de même noter quelques
couleurs froides, comme par exemple le bleu glacial qui habite le ciel se reflétant
dans le lac, ceci relevant à nouveau l'importance du corps à ce moment précis. En
plus d'utiliser des couleurs naturelles pour représenter le corps, Dalí a également fait
jouer les ombres, créant et accentuant ainsi des muscles. Narcisse nous paraît ici
immobile, comme sculpté dans de la pierre, seuls ses cheveux flottant montrent un
signe de vie. Sa posture montre parfaitement sa mélancolie, sa lassitude et vient
trouver son reflet sur l'eau dans laquelle l’extrémité de ses membres sont immergés.
En plus du corps de Narcisse, nous pouvons remarquer le reflet de la montage, une
montage grande et majestueuse très proche de Narcisse. Cette montagne pourrait
symboliser Écho, nymphe qu'il a jadis éconduite. Nous l'avons vu dans cette
première partie, ici la représentation de Narcisse met un accent particulier sur son
corps, que soit par les couleurs ou par son emprise sur le décor.
Nous l'avons vu précédemment, le tableau appartient au mouvement
surréaliste, cette première représentation du jeune homme nous permet déjà de
l'affirmer. Contrairement aux représentations classiques du mythe, ici le décor est
assez réduit. Nous pouvons marquer cette opposition avec d'autres représentations
plus anciennes où le jeune homme était systématiquement représenté dans un décor

champêtre idyllique. De plus, pour revenir à la posture de Narcisse, contrairement
aux représentations habituelles où le jeune homme est allongé sur la rive, il est ici
assis dans l’eau. Une interprétation est possible concernant cette posture, en effet
nous pourrions également penser que le jeune homme ne regarde pas son reflet
comme il est écrit dans le texte d'Ovide mais son sexe. Dans son poème Dalí nous dit
clairement « Quand l'anatomie claire et divine de Narcisse se penche sur le miroir
obscur du lac, quand son torse blanc plié en avant se fige, glacé dans la courbe
argentée et hypnotique de son désir », « son désir » pourrait s’apparenter à cela.
Narcisse n’est pas penché sur l’eau, ses jambes sont repliées, ses cuisses s’insèrent
entre les yeux du personnage et son reflet. Sa tête inclinée ne montre que le dessus
de son crâne, ce qui pourrait nous indiquer que son regard plonge entre ses cuisses.
Par ailleurs, son avant-bras gauche - contrairement au droit - nous est caché par sa
cuisse. En plus de regarder son sexe, Narcisse le touche également. Cette notion de
masturbation ne fait qu'accentuer la focalisation que celui-ci semble éprouver pour
son corps. Le fait qu'il tourne le dos à Écho pourrait également signifier qu'il se suffit
à lui-même.
« Narcisse s'anéantit dans le vertige cosmique au plus profond duquel chante
la sirène froide et dionysiaque de sa propre image. ». Après le Narcisse vivant nous
allons maintenant nous pencher sur le Narcisse après la transformation. Ici, les
couleurs sont glaciales et même fantasmagoriques, s'apparentant à l'image de
l’homme artificiel, cadavérique. Ce « double » de Narcisse nous donne une version
cauchemardesque de l'image de gauche. Ici le décor est beaucoup plus riche,
marquant ainsi parfaitement le décalage entre les deux Narcisse. Une des premières
choses frappantes est la position de la montagne ; celle-ci nous est beaucoup plus
distincte car en retrait : Narcisse n'est plus le sujet central. Jadis le fruit de toutes les
attentions il a, désormais, perdu toute sa splendeur et ne trouve plus grâce à nos
yeux. Autre élément du décors, la statue posée sur un damier ; c'est un corps
d'homme nu, nous pourrions penser qu'il s'agit de Narcisse du fait que la statue est en
hauteur, mettant ainsi en valeur ce corps parfait. Cette statue que nous pouvons
apparenter à Narcisse tourne le dos au corps inerte du jeune homme, peut être
représente-elle l'ancien lui, le seul souvenir désormais figé - à l'image de la statue dans nos esprits. L'eau est beaucoup plus sombre et verdâtre, elle pourrait nous faire
penser aux eaux du Styx, fleuve des enfers où les âmes des défunts venaient s'y
plonger. Ces connotations, plutôt macabres, se voient complétées par un élément à
gauche de Narcisse. Nous pouvons y voir un chien plutôt miteux en train de
déchiqueter ce qui pourrait être une charogne. Malgré cette opposition flagrante
entre les deux Narcisse la symétrie est parfaite. Nous pouvons voir une ligne
invisible – que nous pourrions délimiter par la montagne de gauche et de son reflet –
marquant ainsi la métamorphose. Si les deux éléments sont différents, il y a pourtant
bel et bien un point commun aux deux Narcisse ; la présence d'un groupe de
personnages entre les deux images. Selon Dalí, il s'agit des « hétérosexuels », ceuxci sont composés d’un Indou, d’un Catalan, d’un Allemand, d’un Russe, d’un
Américain, d’une Suédoise et d’une Anglaise. Ils représenteraient les prétendants
éconduits de Narcisse. Nous pourrions également penser qu'il s'agit des Naïades,
sœurs de Narcisse.
Il est difficile aux premiers abords de comprendre que le corps de Narcisse
n'est pas seulement un corps. En effet, l’œil étant automatiquement attiré par le décor
riche et précis, nous ne faisons que survoler le corps de Narcisse. Pourtant, lorsque
nous le regardons de plus près, nous pouvons voir qu'il s'agit en réalité d'une main
tenant une sorte d’œuf entre ses doigts, duquel sort une narcisse. Cet effet d'optique
trouve son intérêt du fait qu'il apporte une fin logique à la transformation. Il y a

plusieurs moyens d’interpréter cette main. Si nous poursuivons nos arguments
précédents sur la masturbation, nous pourrions dire que la main tiendrait les
« parties » invisibles de Narcisse et que la fleur sortant représenterait sa semence
corporelle. Dalí nous dit d'ailleurs dans son texte « La semence de ta tête vient de
tomber dans l'eau. ». Cette idée est accentuée par le fait que nous pouvons observer
entre le doigt et « l’œuf » la présence d'un serpent, représentation la tentation, le
plaisir de la chair (même si cette idée n'a jamais été clairement exprimée dans le
texte de la Genèse). Faire le lien entre le poème de Dalí et notre interprétation n'est
pas forcément chose évidente tant l'artiste joue sur l’ambiguïté. Certains éléments
peuvent tout de même nous laisser penser que la métamorphose de Narcisse passe
par la sexualité : « Mais, toi, Narcisse, formé de timides éclosions parfumées
d'adolescence transparente, tu dors comme une fleur d'eau. Voilà que le grand
mystère approche, que la grande métamorphose va avoir lieu. », ce passage reprend
la notion d'adolescence, d'innocence et de timidité en proie de se métamorphoser
pour devenir fécond, d’où l'apparition de la fleur. « Il ne reste de lui que l'ovale
hallucinant de blancheur de sa tête, sa tête, chrysalide d'arrière-pensées
biologiques… ». Après transformation, l'idée « d'arrière-pensées biologiques » peut
nous conforter dans notre idée et dans nos affirmations précédentes.
Pour finir ce commentaire composé et pour appuyer une fois de plus nos
arguments nous allons nous plonger sur la notion « d’autoérotisme ». Le 19 juillet
1938 à Londres, Dalí rencontre une personne qu'il admire considérablement :
Sigmund Freud. Le peintre apportera sa toile Les métamorphose de Narcisse, premier tableau issus de son tableau de la « paranoïa-critique » - mais celle-ci ne
retiendra pas spécialement l'attention du père de la psychanalyse. Dans cette
peinture, Dalí met avant tout l'accent sur le drame humain de l'amour, de la mort et
de la transformation, le tout renvoyant au terme utilisé en psychanalyse comme étant
le « narcissisme ». Dans son introduction à la psychanalyse, Freud définit ce terme
comme « le déplacement de la libido de l'individu sur son propre corps, vers le
« moi » du sujet », le « moi » étant le sujet et l'objet du désir. Il ajoute plus loin « [...]
une satisfaction ayant pour source le corps même du sujet, et que c’est l’aptitude à
l’autoérotisme qui explique le retard que met la sexualité à s’adapter au principe de
réalité inculqué par l’éducation. C’est ainsi que l’autoérotisme fut l’activité sexuelle
de la phase narcissique de la fixation de la libido. ». La métamorphose de Narcisse
serrait-elle une représentation de l'adaptation de Narcisse à la fixation de sa libido ?
La fin du poème de Dalí pourrait nous le faire penser : « Quand cette tête se fendra.
Quand cette tête se craquellera, ce sera la fleur, le nouveau Narcisse, Gala – mon
Narcisse », contrairement à la version d'Ovide, la mort de Narcisse prend des
tournures de renaissance : « nouveau Narcisse », ceci pourrait nous faire penser que
cette métamorphose n'est pas mort mais transition. Cette dernière phrase ne peut que
conclure nos idées, « Gala – Mon Narcisse », Gala était la femme de Salvador Dalí,
elle est désormais « son Narcisse », ce qui veut bien dire que Dalí a subit la même
transformation que Narcisse, l'autoérotisme n'est plus, sa libido est fixée.
En conclusion nous pouvons dire que l’œuvre de Dalí s'inspire presque
intégralement de la psychanalyse et plus particulièrement de la théorie de Freud sur
la théorie de la libido et du narcissisme. Même si certains faits liés au texte d'Ovide y
sont insérés (Écho, l'eau…), cette représentation a pourtant un lien avec la propre
libido de Dalí - il citera notamment son épouse Gala à la fin du poème. Cette œuvre
n'est donc pas seulement une représentation du mythe mais plutôt d'une
interprétation que Dalí en a faite et qu'il a ensuite mise en relation avec son propre
inconscient.

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