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La Marquise de Rambouillet

Publié le 09/12/2021

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Nous connaissons peu de portraits de la marquise de Rambouillet : celui que nous avons sous les yeux montre un visage au front harmonieux, aux traits finement dessinés, qu'éclaire à peine le reflet d'un sourire. Nous savons encore qu'elle avait un teint d'une délicatesse exquise, et sans doute n'est-ce pas pure flatterie si le peintre, en 1646, la pare d'une beauté pleine de fraîcheur dans sa maturité : à une époque où l'on devenait si vite une vieille femme, les contemporains s'accordent à vanter le charme de la marquise, qui résiste au temps, que le temps même accroît. Née en 1588 d'une grande dame romaine, Julia Savelli, et de Jean de Vivonne, marquis de Pisani, ambassadeur du roi de France, Catherine de Vivonne épousa en janvier 1600 Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet ; en 1607 naissait sa première fille, Julie d'Angennes, qui devait épouser M. de Montausier, après lui avoir infligé une longue attente qui fera l'admiration des cercles précieux. Elle eut encore trois filles et deux fils : le marquis de Pisani et le vidame du Mans. Elle était de santé fragile ; elle ne pouvait presque jamais écrire elle-même : "il n'y a pas une ligne qui ne lui coûte un effort", disait Chapelain. Vers la fin de sa vie, ne pouvant supporter ni le froid ni l'ardeur du feu, elle s'emmitouflait de fourrures, la tête lui branlait un peu, elle carminait ses lèvres dont la maladie avait altéré la couleur et réussissait à donner aux rares amis qu'elle continuait à recevoir une image d'elle-même qui n'avait rien de déplaisant. La vie cependant ne la ménagea guère, elle connut de dures épreuves : le vidame du Mans, emporté par la peste, en trois jours, à l'âge de sept ans ; son autre fils, le marquis de Pisani, né bossu, compensant sa disgrâce par un esprit endiablé, mais aussi par une folle bravoure qui lui fit trouver la mort à la bataille de Nordlingen en 1645 ; la perte, en 1652, d'un mari qu'elle révérait, deux de ses filles enfin disparues aussi avant elle. Ses amis s'attristaient de ses peines et surtout respectaient sa dignité dans la souffrance : la marquise, en effet, possédait une force tranquille qui lui permit longtemps, au sortir des deuils les plus cruels, de reprendre sa place et d'animer de nouveau la société qui l'entourait. La bonté et la gaieté étaient chez elle inséparables ; elle aimait rire et faire rire, mystifier et moquer, mais si la raillerie devenait cruelle, elle arrêtait aussitôt le jeu. Ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était machiner en grand secret quelque délicieuse surprise : son rêve eût été d'édifier en cachette dans ses jardins, pour l'offrir à ses amis, une maison semblable aux palais enchantés des romans.

« La Marquise de Rambouillet Nous connaissons peu de portraits de la marquise de Rambouillet : celui que nous avons sous les yeux montre un visage au frontharmonieux, aux traits finement dessinés, qu'éclaire à peine le reflet d'un sourire.

Nous savons encore qu'elle avait un teint d'unedélicatesse exquise, et sans doute n'est-ce pas pure flatterie si le peintre, en 1646, la pare d'une beauté pleine de fraîcheur dans samaturité : à une époque où l'on devenait si vite une vieille femme, les contemporains s'accordent à vanter le charme de la marquise,qui résiste au temps, que le temps même accroît. Née en 1588 d'une grande dame romaine, Julia Savelli, et de Jean de Vivonne, marquis de Pisani, ambassadeur du roi de France,Catherine de Vivonne épousa en janvier 1600 Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet ; en 1607 naissait sa première fille, Julied'Angennes, qui devait épouser M.

de Montausier, après lui avoir infligé une longue attente qui fera l'admiration des cercles précieux.Elle eut encore trois filles et deux fils : le marquis de Pisani et le vidame du Mans.

Elle était de santé fragile ; elle ne pouvait presquejamais écrire elle-même : "il n'y a pas une ligne qui ne lui coûte un effort", disait Chapelain.

Vers la fin de sa vie, ne pouvant supporterni le froid ni l'ardeur du feu, elle s'emmitouflait de fourrures, la tête lui branlait un peu, elle carminait ses lèvres dont la maladie avaitaltéré la couleur et réussissait à donner aux rares amis qu'elle continuait à recevoir une image d'elle-même qui n'avait rien dedéplaisant.

La vie cependant ne la ménagea guère, elle connut de dures épreuves : le vidame du Mans, emporté par la peste, en troisjours, à l'âge de sept ans ; son autre fils, le marquis de Pisani, né bossu, compensant sa disgrâce par un esprit endiablé, mais aussipar une folle bravoure qui lui fit trouver la mort à la bataille de Nordlingen en 1645 ; la perte, en 1652, d'un mari qu'elle révérait, deuxde ses filles enfin disparues aussi avant elle.

Ses amis s'attristaient de ses peines et surtout respectaient sa dignité dans la souffrance :la marquise, en effet, possédait une force tranquille qui lui permit longtemps, au sortir des deuils les plus cruels, de reprendre sa placeet d'animer de nouveau la société qui l'entourait.

La bonté et la gaieté étaient chez elle inséparables ; elle aimait rire et faire rire,mystifier et moquer, mais si la raillerie devenait cruelle, elle arrêtait aussitôt le jeu.

Ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était machineren grand secret quelque délicieuse surprise : son rêve eût été d'édifier en cachette dans ses jardins, pour l'offrir à ses amis, unemaison semblable aux palais enchantés des romans. Cette ingénieuse et discrète bonté explique en partie le culte que lui vouèrent ses contemporains, mais la vénération dont on l'entoureest due plus encore à son exceptionnelle vertu ; elle possédait ce don si rare de transformer en amitié les sentiments trop vifs qu'elleinspirait.

Il faut ajouter que son esprit était cultivé, son jugement plein de raison, son goût délicat et qu'elle n'en tirait nul orgueil ; ellerougissait quand on l'en complimentait, recevait avec reconnaissance les marques d'estime ; aucun pédantisme en elle : "Elle sçaitdiverses langues et n'ignore presque rien de ce qui mérite d'être sçu, mais elle le sçait sans faire semblant de le sçavoir", écrivait àson sujet Mlle de Scudéry. Lorsqu'elle cessa de se montrer à la cour, ceux qu'elle avait coutume d'y rencontrer se mirent à fréquenter sa maison : les LaTrémouille, les Rohan, les Montmorency, le marquis de Souvré, le duc de Bellegarde, tous les grands noms de la noblesse et de l'Église; le duc de Buckingham, au temps où il triomphait auprès d'Anne d'Autriche, y vint un jour faire admirer sa splendeur.

Or, si lamarquise allait d'instinct vers l'aristocratie du sang, elle concevait aussi une aristocratie de l'esprit : elle osa mêler à ses hôtes illustresdes gens de moindre extraction, des roturiers même ; Malherbe et Racan furent ses premiers fidèles, mais au nombre de ses familierson compte aussi Voiture et Chapelain.

Il est à noter qu'il n'y eut jamais auprès d'elle d'intrigues partisanes ; huguenots et hautsdignitaires ecclésiastiques, frondeurs et partisans de Mazarin, ou, suivant les temps, amis et adversaires de Richelieu oubliaient leursdissentiments.

La marquise savait écarter l'intervention de la politique : au Cardinal-Duc, qui lui demandait de lui rapporter les parolesde ceux qu'elle recevait, elle répondit avec un courage hautain qu'elle ne s'abaisserait jamais au métier d'espion.

Mais plusremarquable encore paraît le fait qu'à des hôtes si divers elle donna des plaisirs et des goûts communs.

Il fallait pour cela amener lesuns et les autres à réformer leurs manières et leur langage : aux grands seigneurs qui naguère se seraient plu à des jeux brutaux, elleapprit à rechercher la fine pointe de l'esprit ; aux hommes de lettres et de science, à aimer l'élégance et à fuir le pédantisme. Pour ses réunions, elle créa un cadre : l'hôtel de Rambouillet, rue Saint-Thomas-du-Louvre, construit d'après ses plans, apportait unevéritable révolution en architecture : plus d'escalier central, de vastes pièces communiquant entre elles, avec de hautes fenêtresdonnant sur les jardins ; les murs, au lieu d'être uniformément rouges, comme cela se faisait alors, sont recouverts de tapisseries etde tentures que l'on renouvelle souvent : la chambre où recevait la marquise est célèbre sous le nom de "chambre bleue d'Arthénice" ;partout des brocarts, des ors, des bibelots rares, des meubles précieux.

Tout cela constitue un décor admirable pour la vie de sociétéqui commence à naître.

Les plaisirs que l'on y cultive sont raffinés : légers ou graves, ils mettent toujours en valeur quelque aspect dutalent ; on aime les énigmes, on apprécie les bouffonneries de Voiture, on fait de la musique, on joue la comédie ; parfois on entend lalecture de quelque oeuvre nouvelle, on écoute un prédicateur ; on se régale de lettres bien tournées et de petits vers galants ; ondécide aussi des règles du beau langage, fixant les prononciations hésitantes, proscrivant les mots bas ; les nouvelles à la mainalternent avec les discussions d'idées ; les intrigues amoureuses vont à leur dénouement par des voies subtiles et l'on ne saurait mieuxfaire sa cour qu'en offrant un sonnet ou un madrigal.

Nous trouvons là l'origine de cet esprit "précieux" dont les excès sedéveloppèrent dans maint salon parisien et provincial, et, il faut bien le reconnaître, dans l'entourage même de la marquise. L'influence de l'hôtel de Rambouillet est cependant tout autre chose que la création d'une mode, autre chose même qu'une utileépuration de la langue et des moeurs.

On a remarqué que les écrivains qui dominent le siècle ne le fréquentèrent pas ; on verra, àd'autres moments, des femmes faire de leur salon le refuge du génie méconnu, encourager les révoltes fécondes : telle n'est pas lavocation de Mme de Rambouillet ; c'est sur l'esprit du temps qu'elle agit ; ce qui prend naissance et grandit autour d'elle, c'est laréserve et la pudeur, l'acuité du regard et la précision des mots, la sérénité imposée au tumulte des passions : c'est en somme l'idéalclassique dont elle réunissait en elle les vertus et qu'elle sut imposer à l'admiration et à l'imitation de ceux qui l'approchaient.. »

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