La hausse du budget militaire est-elle un investissement d’avenir… ou un fardeau économique ?
Publié le 19/06/2025
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INTRODUCTION (1 min 30)
Imaginez une usine à Cherbourg, où des centaines d’ingénieurs, techniciens et
ouvriers travaillent à la construction d’un sous-marin nucléaire.
Les machines
tournent, les soudeurs s’activent, et derrière cette agitation, il y a un chiffre
vertigineux : 413 milliards d’euros.
C’est ce que la France prévoit d’investir
dans la défense entre 2024 et 2030.
Soit un effort sans précédent depuis la
Guerre froide.
Mais pendant qu’on investit dans des missiles, certains hôpitaux ferment des lits,
des écoles manquent de professeurs, et les factures publiques s’envolent.
Alors je vous pose la question : peut-on se réjouir de cette course aux
armements… ou faut-il au contraire s’en inquiéter ?
Car derrière les discours officiels — qui parlent de souveraineté, de sécurité, de «
retour de la guerre en Europe » — il y a une autre réalité, plus froide : celle de
l’impact économique.
👉 La question que je vous propose aujourd’hui, c’est celle-ci :
La hausse du budget militaire est-elle un investissement d’avenir… ou
un fardeau économique ?
Pour y répondre, je vous propose une analyse lucide et équilibrée.
✅ Nous verrons d’abord les bénéfices économiques que cette politique peut
produire,
️Avant d’examiner les risques et limites qu’elle fait peser sur notre économie
et notre avenir collectif.
A.
Elle stimule directement la croissance grâce à un effet multiplicateur
puissant
Affirmation :
La dépense militaire agit comme un moteur de croissance économique, à travers
ce qu’on appelle l’effet multiplicateur.
Explication :
Lorsqu’un État investit massivement dans l’armement ou les infrastructures
militaires, cela ne se limite pas à l’achat d’armes.
C’est tout un écosystème
industriel qui est mobilisé : chaînes d’approvisionnement, sous-traitance,
ingénierie, logistique… Cela entraîne une augmentation de la production, des
embauches, des revenus, et donc de la consommation.
Cet enchaînement
provoque un effet boule de neige sur l’économie.
On parle alors d’effet multiplicateur keynésien : chaque euro investi par l’État
produit plus d’un euro de richesse dans le pays, en entraînant de nombreuses
dépenses secondaires.
Mais ce mécanisme est encore plus efficace lorsque les investissements se font
dans l’économie nationale — c’est-à-dire lorsque les commandes bénéficient à
des entreprises françaises.
Illustration :
En France, 90 % des équipements militaires sont produits localement.
Cela
signifie que l’argent public ne s’envole pas vers l’étranger, mais irrigue notre
économie.
Par exemple, le programme Scorpion, destiné à moderniser les
blindés de l’armée de terre, ne concerne pas qu’un véhicule : il implique des
centaines d’entreprises françaises, de grands groupes comme Thales,
Nexter, Arquus, mais aussi des PME.
Une étude de Goldman Sachs a montré qu’une hausse de 0,5 % du PIB en
dépenses militaires génère 0,25 % de croissance économique
supplémentaire.
Ce n’est pas négligeable, surtout dans un contexte de
stagnation ou de crise économique.
Aux États-Unis, cet effet a été observé dès la Seconde Guerre mondiale, où la
militarisation massive a permis la sortie de la grande dépression.
La même
logique vaut aujourd’hui pour relancer une industrie nationale.
️ En résumé, la dépense militaire ne se résume pas à un coût : dans certains
cas, c’est un investissement capable de relancer l’économie.
B.
Elle soutient l’emploi industriel dans des territoires fragilisés
Affirmation :
Le secteur de la défense est un pilier pour l’emploi industriel, particulièrement
dans les régions touchées par la désindustrialisation.
Explication :
La France a perdu près de 2 millions d’emplois industriels depuis les années
1980.
Certaines zones — comme le Nord, la Bretagne, ou certaines villes du SudOuest — ont été profondément marquées par la fermeture d’usines.
Or,
l’industrie de défense, contrairement à d’autres secteurs, reste fortement
ancrée dans les territoires.
Elle emploie une main-d’œuvre hautement qualifiée (ingénieurs, techniciens,
ouvriers spécialisés), avec des contrats stables, et surtout, elle ne peut pas
être délocalisée facilement.
On ne construit pas un sous-marin ou un avion de
chasse en Chine pour des raisons de souveraineté.
Illustration :
Aujourd’hui, le secteur de la défense représente plus de 200 000 emplois
directs et indirects.
Dans certaines villes comme Cherbourg (construction
navale nucléaire), Saint-Nazaire (frégates), Toulouse (drones, satellites
militaires), ou Istres (aéronautique militaire), l’industrie militaire évite le
chômage massif.
Prenons l’exemple du Rafale : chaque avion mobilise 500 entreprises, de
Dassault Aviation à Safran, mais aussi des PME locales en métallurgie, en
électronique ou en logiciel embarqué.
Ce sont des emplois à forte valeur ajoutée,
qui maintiennent des bassins d’emploi vivants.
️ Le secteur de la défense agit ainsi comme un rempart contre la
désindustrialisation, et comme un vecteur de cohésion territoriale.
C.
Elle favorise l’innovation technologique à double usage
Affirmation :
Les dépenses militaires accélèrent la recherche technologique, avec des
retombées bénéfiques pour la société civile.
Explication :
L’innovation militaire repose sur des besoins extrêmes en matière de
technologie : miniaturisation, automatisation, communication ultra-sécurisée,
analyse de données… Ces innovations, une fois développées, peuvent ensuite
être réutilisées dans des domaines civils.
Ce processus s’appelle le transfert dual ou retour civil.
Il existe de nombreux
exemples historiques où la recherche militaire a généré des révolutions civiles.
Illustration :
Le GPS a été conçu par l’armée américaine pour guider les missiles.
Aujourd’hui, on l’utilise pour se repérer en voiture.
Internet a été développé par le Pentagone (projet ARPANET), avant de
devenir l’infrastructure mondiale qu’on connaît.
Les drones sont passés du champ de bataille aux usages agricoles,
audiovisuels, ou de sécurité civile.
En France, les investissements militaires dans la cybersécurité, les
satellites, les exosquelettes ou les matériaux composites profitent aussi
aux secteurs civils.
L’entreprise Airbus, aujourd’hui géant de
l’aéronautique civile, est née d’un programme militaire franco-allemand.
️ Investir dans la défense, ce n’est donc pas simplement produire des armes,
c’est aussi investir dans la science, dans la technologie, et dans le progrès
qui bénéficiera à l’ensemble de la société.
🔁 Transition :
Mais tout investissement a un revers.
Ce budget colossal, même s’il produit de
l’activité, n’est pas sans risques ni conséquences sur le....
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