La crise économique de 1873-1878«Comme la République était belle sous l'Empire!

« 1 / 2 La crise économique de 1873-1878 «Comme la République était belle sous l'Empire!» Depuis les débuts de la révolution indus­ trielle, spécialement depuis la généralisa­ tion de la grande industrie, les écono­ mies capitalistes ont connu une série de crises cycliques.

Au XIX• siècle, elles ont eu lieu en 1825, 1836, 1847, 1857, 1866, 1873 et 1890.

On en fournit plu­ sieurs explications: pour les économistes libéraux, elles sont dues à des perturba­ tions du marché, dont les mécanismes naturels doivent suffire à rétablir l'équi­ libre.

Pour les marxistes, ces crises dé­ coulent du système capitaliste lui-même.

En juin 18 71, pour payer les réparations de guerre, Adolphe Thiers, chef du pou­ voir exécutif, lance un emprunt qui est couvert à 250%.

Un second emprunt, l'année suivante, rencontre encore plus de succès.

Il est vrai que de 1859 à 1869, les importations ont passé de 1,64 à 3,153 milliards et les exportations de 2,266 à 3,075 milliards de francs.

Dans un premier temps, la paix stimule l'industrie et l'agriculture.

Mais une crise apparaît à peu près au moment de la chute de Thiers (mai 1873) et de la fin de l'occupation allemande (septembre).

La dépression fait donc suite à trois ans de «boum» économique.

La paysannerie est la première victime: le développement des transports mariti­ mes rend les produits américains, cana­ diens et argentins compétitifs sur le con­ tinent qui est submergé par les céréales et les viandes d'outre-mer.

Les navires qui les transportent véhiculent égale­ ment des germes pathogènes encore inconnus, comme le phylloxéra, qui dé­ truit plus de la moitié du vignoble et ré- duit la production des deux tiers.

Une épizootie attaque le bétail, accentuant le déséquilibre entre le cheptel indigène et celui d'Amérique.

De plus, les années 18 78 et 18 79 enregistrent des récoltes désastreuses.

L'indice des prix agri­ coles tombe de 159 (1873) à 130 (1879).

Pour l'industrie, les effets de la guerre se font sentir à retardement: les morts et les invalides, en tout 282 000 hommes, sans parler des victimes de la Commune de Paris; la perte de l'Alsace-Lorraine avec ses régions minières hautement industrialisées.

Les deux décennies ayant précédé 1873 ont connu, à quelques cassures près, une phase d'expansion et de prospérité; mais les deux suivantes marquent une période de crise, entrecoupée de lueurs d'amélioration.

De 1880 à 1882 s'amor­ ce une reprise, stimulée notamment par l'expansion coloniale et la multiplication des chemins de fer.

Mais, bientôt, la spé­ culation effrénée entraîne une série de banqueroutes et de crises financières, la plus célèbre étant le scandale de Pana­ ma (1889-1893).

Les nostalgiques com­ mencent à murmurer: «Comme la Ré­ publique était belle sous l'Empire!» 2 / 2. »