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La colonisation en débat : Ferry face à Clemenceau

Publié le 20/03/2024

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« La colonisation en débat : Ferry face à Clemenceau Intro : En 1870, la IIIe République (1871-1940) hérite d’un empire coloniale composé de plusieurs colonies (=territoire d’outre-mer conquis et placé sous la domination directe d’un pays étranger (la métropole)) telles que l’Algérie (colonisée à partir de 1830 et transformée en départements à partir de 1848), le Sénégal, les Antilles, l’île de la Réunion, la Cochinchine, le Cambdoge et quelques comptoirs indiens, avec un total de 5,5 millions d’habitants sur près d’1 million de km2.

La IIIe République accepte son rôle de métropôle (=pays auquel est rattaché un ou des territoires colonisés) : elle devient une république coloniale.

L’expansion coloniale s’accèlère à partir des années 1880 : la Tunisie (1881), toute l’Indochine (1887).

La conquête est violente : de 1870 à 1914, la France participe à une quarantaine de conflits en Afrique.

La pacification des territoires conquis n’est jamais totalement achevée.

Les raisons de cette colonisation (=expression désignant une terre étrangère, sa mise en culture pour en exploiter les richesses naturelles et humaines).

sont diverses : des raisons politiques, la volonté de remettre la France sur le devant de la scène mondiale, après la défaite de 1870 contre la Prusse, culturelles, économiques, un contexte de dépression économique depuis 1873 (=Grande dépression), et sociales ou encore démographique et scientifiques : les sociétés de géographie financent des expéditions.

C’est dans ce contexte international et national très lourd et chargé que, les 28 et 30 juillet 1885, deux séances de la Chambre des députés (=Assemblée nationale) à Paris sont consacrées à la question du financement d’une expédition coloniale contre Madagascar.

Jules Ferry et Georges Clemenceau, deux figures majeures de la IIIe Républiquen, s’opposent dans un contexte de crise économique profonde (= Grande dépression) et le débat sur la manière de restaurer le prestige de la France mis à mal par la défaite de 1871 contre la Prusse (sentiment de revanche français = perte de l’Alsace-Moselle).

Nous pouvons alors nous demander : comment la politique coloniale de la IIIe République est-elle mise en débat ? Pour répondre à cette question, nous analyserons d’abord le discours de Jules Ferry (28 juillet 1885) et sa défense de l’expansion coloniale, puis nous confronterons ses arguments avec le discours de Georges Clemenceau (30 juillet 1885) et sa critique de la colonisation et enfin nous nous demanderons si la politique coloniale est en accord ou non avec les valeurs républicaines. Républicain de centre-gauchen, Jules Ferry, deux fois président du Conseil (1880-1881 et 1883-1885) établit le protectorat sur la Tunisie puis lanca la conquête du Tonkin (nord du Vietnam).

Surtout connu pour son rôle dans la formation d’une école républicaine, laïque, obligatoire et gratuite, il est aussi un grand partisan de l’expansion coloniale française.

Le document 3 p.216 est un extrait du discours politique de Jules Ferry à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885.

L’enjeu pour Ferry est de justifier sa politique coloniale : son gouvernement a été renversé par une coalition, menée par Clemenceau, suite à la défaite française de Lang Son en Indochine face à la Chine.

Par ailleurs, quelques mois avant le discours, la conférence de Berlin (novembre 1884 - février 1885) a en effet statué sur les modalités du partage de l’Afrique entre les puissance européennes.

Nous allons voir que Jules Ferry construit son argumentation autour de trois idées. La première idée de Ferry est que l’expansion colonisation représente une nécessité économique.

Selon lui, la colonisation est nécessaire à la France pour une raison économique, celle des débouchés.

Cet argument est d’autant plus pertinent que la France, comme l’Europe, depuis 1873, traverse une dépression économique dont elle peine à sortir.

La colonisation pourrait donc y remédier.

Par ailleurs, il expose le fait que les pays européens ne sont pas favorables au libre-échange mais sont à l’inverse très protectionnistes (protectionnisme = politique douanière qui vise à protéger l’économie nationale contre la concurrence étrangère) : l’Allemagne se “couvre de barrières” (protectionnisme) et les États-Unis deviennent “protectionnistes à outrance”.

La seule possibilité viable pour l’économie française est donc d’aller trouver des débouchés dans les colonies.

Les États européens organisent à leur profit l’exploitation des territoires.

Les investissements français se tournent alors majoritairement vers le Maghreb. D’autre part, la colonisation est justfiée par Jules Ferry pour une raison “humanitaire”, celle de la “civilisation”.

C’est ce que Rudyard Kipling, auteur du Livre de la jungle, appelle en 1899 “le fardeau de l’homme blanc” : coloniser, non pour dominer, mais pour libérer.

Cet argument raciste par l’emploi de l’expression “races inférieures” est hautement discutable. Par civiliser, il faut entendre scolariser, améliorer les conditions matérielles et morales d’existence, supprimer l’esclavage.

En menant ces actions, la métropole a acculturé les peuples colonisés.

Une nouvelle forme d’asservissement a été mise en place.

Les puissances européennes ont en effet développé la théorie de la mission civilisatrice (= théroie selon laquelle des races supérieures doivent coloniser des races inférieures; La colonisation est alors montrée comme un progrés mené par un peuple plus avancé.

Cette doctrine devient la doctrine officielle de la IIIe République après le discours de Jules Ferry, le 28 juillet 1885). Pour Jules Ferry, comme pour les autres républicains favorables à la colonisation, s’il s’agit d’apporter outre-mer la civilisation.

Ils ne voient pas la contradiction entre les idéaux de la République (liberté, égalité, fraternité) et la soumission des indigènes(= individus colonisés qui sont de nationnalité française mais qui ne sont pas citoyens français). Enfin, la colonisation est indispensable, selon Ferry, pour des raisons militaires, politiques et patriotiques.

Il s’agit de défendre le rang de la France dans le monde.

Cette inquiétude s’explique par la défaite de la France contre la Prusse en 1870 et le sentiment de revanche français qui est en né.

La France rivalise avec les autres puissances européennes, en particulier avec la Grande-Bretagne.

Jules Ferry montre ici un clair intérêt dans la conquête de nouvelles terres.

Les puissances coloniales européennes se livrent en effet à une véritable compétition.

En Asie, les tensions sont fortes entre le Royaume-Uni et la France au sujet de l’Indochine : elles s’appaisent cependant en 1896 quand les deux métropoles signent un traiyté de reconnaissance mutuelle de leurs territoires.

En Afrique, la “course aux colonies” des années 1880-1890 bat son plein.

Le document en bas de la page 227 est une caricature de Draner parue dans l’Illustration, le 3 janvier 1885 et qui montre bien que les puissances européennes se livrent une bataille dans la conquête de colonies.

Le gâteau coupé en morcé montre bien que chaque puissance européenne veut faire coloniser le plus.... »

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