L'influence de CHATEAUBRIAND

« Chateaubriand a contribué pour une grande part à incliner les esprits et les coeurs des hommes du me siècle versdes aspects nouveaux de la pensée et de la poésie.

« Il fut à lui seul notre Renaissance », a écrit Lamartine.

Il n'apas tout inventé; il a subi lui-même des influences; mais son génie a imprimé sa force à tout ce qui passait à traverslui. LA RELIGION ET L'ART Chateaubriand a ranimé en France le sentiment religieux.

Il a touché le grand public en lui faisant entendre le langage du coeur; il a donné des préoccupations d'ordre spirituel aux écrivains qui se mirent à son école, commeLamartine ou le jeune Hugo.

D'autre part, en célébrant la beauté des vieilles églises, il a mis à la mode l'art gothique,méconnu au cours des siècles précédents. LA NATURE ET LA MÉLANCOLIE Chateaubriand a renouvelé dans la littérature française le sentiment de la nature.

En décrivant les forêts vierges de l'Amérique, en promenant avec lui son lecteur de Paris à Jérusalem et dans les grandes capitales, il a étendu aumonde entier le champ d'exploration offert aux écrivains voyageurs.

En même temps, il a rendu compte descorrespondances secrètes qui s'établissent entre la nature et l'homme; il a décrit l'effroi mêlé de volupté qu'inspire lacontemplation des sites grandioses et la mélancolie qu'entretient dans l'âme le spectacle d'un paysage automnal L'HISTOIRE ET LA CRITIQUE Chateaubriand a contribué à la faveur des études historiques : il a développé la curiosité du public pour le passé national français, pour les civilisations de la Grèce, de l'Italie, de l'Orient; en ressuscitant, dans Les Martyrs, un siècle disparu, il a éveillé la vocation d'Augustin Thierry et bouleversé la sensibilité de Michelet.

Il a, d'autre part, assoupli la méthode de la critique littéraire, réhabilité le Moyen Age et discrédité un dogmatisme étroit en matière de goût. D'une manière générale, Chateaubriand a résumé ardemment dans sa personne et exprimé magnifiquement dans sonoeuvre les aspirations de son siècle.

« Être Chateaubriand » apparaissait à Victor Hugo comme l'idéal suprême pourun jeune homme épris de gloire et de grandeur.. »