JULES GUESDE

« JULES GUESDE (1845-1922) Une maigreur ascétique, de longs cheveux, une éloquence âpre et torrentueuse, tel apparaît Mathieu Bazile, ditJules Guesde, né à Paris le 11 novembre 1845.

D'origine bourgeoise, employé à la préfecture de la Seine, le futurintroducteur du marxisme en France s'intéresse très jeune à la question sociale.

Ses idées avancées le font internerpour délit politique à la fin de l'Empire.

Libéré le 4 septembre 1870, il se livre à une bruyante apologie de laCommune, ce qui lui vaut, en juillet 1871, une condamnation à cinq ans de prison.

Il se réfugie alors en Suisse, puisen Italie, évolue vers l'anarchisme avant de faire la rencontre de Marx et de *Lafargue, qui le convertissent aumatérialisme historique.

Rentré en France en 1876, il fonde un journal, l'Égalité, qui prêche le collectivisme.

En 1879,au troisième congrès ouvrier de Marseille, il fait adopter la création d'un parti ouvrier socialiste français et approuveun programme collectiviste et révolutionnaire dont l'élaboration a bénéficié de la collaboration de Marx et d' Engels. Devenu le «commis voyageur du socialisme», Jules Guesde va pourtant se heurter à des tendances plus modérées,étrangères au marxisme.

Il s'oppose ainsi au «possibilisme» de Paul Brousse.

Au congrès de Saint-Étienne, en 1882,mis en minorité, il réplique par la création du parti ouvrier français (P.O.F.) qui s'organise au congrès dissident deRoanne et s' appuie sur un programme, foncièrement collectiviste et étranger à toute compromission avec lepouvoir.

Le socialisme ne peut s'implanter que par la prise du pouvoir révolutionnaire des travailleurs et doit conduireà la destruction du capitalisme. Cette intransigeance est à l'origine du conflit violent qui oppose Jules Guesde à Jaurès, Viviani et Millerand quandcelui-ci accepte de participer au cabinet Waldeck-Rousseau, aux côtés du général de Galliffet, le «fusilleur de laCommune».

Au congrès socialiste d'Amsterdam, en 1904, un rapprochement intervient cependant et la fondation duparti socialiste unifié, d'inspiration marxiste, marque la victoire des idées de Jules Guesde.

Mais, avec l'âge, l'hommeperd de son intransigeance.

A la veille de la guerre, Jules Guesde, qui avait voulu faire de Roubaix, puis de Lille, dontil est successivement député, «la Mecque du socialisme», est éclipsé par Jaurès.

Et, en 1914, il n'hésite pas à serallier à l'Union sacrée, acceptant une charge de ministre d'État dans le second cabinet Viviani et le cinquièmecabinet Briand.

En 1920, lors du congrès de Tours, qui voit la naissance du parti communiste, Jules Guesde restefidèle à la «vieille maison» et refuse l'adhésion à la Ill e Internationale.

Il meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922.. »