Jordanie (1997-1998)
Publié le 18/09/2020
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Jordanie (1997-1998)
Le 19 mars 1997, Abdul Salam al-Majali revenait à la tête d'un gouvernement
rénové, afin notamment de préparer démocratiquement les législatives de novembre
1997, mais l'introduction d'un décret-loi limitant la liberté de la presse, le
16 mai, a déclenché une vague de refus dans l'ensemble de la société, traduit
par l'appel au boycottage des élections.
Le plus faible taux de participation
enregistré depuis 1989 et le laminage des représentants des partis politiques
ont ainsi marqué la constitution du treizième parlement, tandis que, le 26
janvier 1998, la justice se prononçait pour l'inconstitutionnalité du décret du
16 mai.
Le limogeage du juge Kilany, responsable de cette " fronde ", a fait
écho au retour des journaux suspendus, l'interdit redevenant la règle.
Les
manifestations de soutien à Bagdad, lors de la crise américano-Irakienne de
février 1998, ont été violemment réprimées.
Elles ont fait un mort à Ma'an,
placée sous couvre-feu pendant une semaine, et mené à la troisième arrestation
de la principale figure de l'opposition, Leith Shbellat.
La maîtrise affichée de l'inflation et la diminution du déficit du commerce
extérieur ont satisfait les instances internationales, d'autant que la politique
de privatisation devrait soulager le secteur social, où paupérisation (21 %) et
chômage (de 15 % à 28 %) demeuraient irréductibles.
Au printemps 1998, le
gouvernement a abandonné son projet de contrôle des réserves privées des
sociétés tandis que l'ouverture des compagnies nationales aux capitaux étrangers
déclenchait quelques craintes.
L'espérance économique s'est traduite, sur le plan international, par l'accord
d'association avec l'Union européenne, l'accroissement des aides américaines, la
progression des échanges avec Israël et la reconduction de l'accord pétrolier
avec l'Irak, malgré des relations tendues.
La perception d'un alignement de plus
en plus orienté vers Washington et Tel-Aviv focalisait les mécontentements
nationaux et régionaux, notamment après la participation à titre d'observateur
aux man œuvres navales israélo-turco-américaines (6-7 janvier 1998).
Le blocage
du processus de paix, la crise de l'eau comme le fiasco du Mossad (services
secrets israéliens) à Amman en septembre 1997 (échec de la tentative
d'assassinat de Khaled Machaal, chef du bureau politique du Mouvement de la
résistance islamique-Hamas, qui a contraint Israël, à la demande du roi Hussein,
à libérer Cheikh Ahmad Yassin, fondateur du mouvement islamiste palestinien)
n'ont pas fondamentalement remis en cause les relations avec Israël, tandis que
le soutien inconditionnel affiché à l'émergence d'un État palestinien avec
Jérusalem pour capitale péchait par l'absence de gestes significatifs.
Le roi
Hussein apparaissait davantage comme un intermédiaire utile entre Israéliens et
Palestiniens, de Yasser Arafat (président de l'Autorité palestinienne) à Cheikh
Ahmad Yassin.
S'il rejetait toute ingérence extérieure dans les affaires irakiennes et en
appelait à la volonté de son peuple lors de la crise de l'hiver 1998, le roi,
hospitalisé à quatre reprises en 1997-1998 et ayant annoncé suivre une
chimiothérapie en juillet 1998, laissait néanmoins à la Jordanie l'image d'un
pouvoir de plus en plus tourné vers la force, et dont la destinée apparaissait
de plus en plus étrangère à sa population..
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