Jean-Jacques HENNER:PETITE BERGÈRE.

« Jean-Jacques HENNER PE'I1'I'B BBRO ~Si l'on a besoin d'une demi-heure de discussion pour juger d'un tableau, on n'a pas le vrai sens de l'art~, disait Henner.

Celui que ses détracteurs surnommaient le ~sabotier alsacien ~, ne s'embarrassait pas de théories ! Fils de paysans pauvres, Henner avait de son travail une vision très terre à terre.

Dans sa région, il s'était fait connaître comme portrai­ tiste.

Les riches familles qui faisaient appel à lui ne lui demandaient même pas de se rendre à leur domicile , mais se contentaient de lui e nvoyer des photographies .

«Avec un travail de cette fabrique , on ~uvait vivre pendant un mois sans qu itte r l'école des Beaux-Arts, racontera Henner.

De cette manière , pendant deux ans, j'ai fait mes trois repas par jour .» L'ÉPOQUE A Paris, la notoriété de Henner devint très importante.

Les mères de famille se bouscu ­ laient pour qu'il fasse le portrait de leurs filles .

En toute confiance.

Car, «autant Puvis de Chavonnes, écrit Philippe Comte, P.Osso it pour être redoutable, le tout bourru Alsacien était lui cotal~ué comme un chaste de tout repos .

les femmes du monde l'avaient dégoûté de l'amour ».

LA TECHNIQUE Henner travaillait à l'instinct.

«Je fais toujours d ' un seul coup la figure entière, disait-il.

Tout au moins un grand morceau .

Quand cela me les beaux visag es de fëmmes pei nts par Henner Irradient une lumière qu i semble ven ir de l ' int érie ur.

déplaît , j'efface et je recommence.

» A ceux qui s'émerveillaient devant la sub tilité des teintes de ses toiles, il rép liquai t: «Le vrai ne peut être recherché que dans le dessin , le modelé et la forme .

Quant à la couleur , on pourrait dire qu'elle n'existe pas, tant elle change .

Tous ceux qui ont peint d'après nature savent qu'il n' y a pas deux modèles de la même couleur et que la couleu r du même modèle change à tout moment.

L' artis­ te doit choisir l'impression qu'il a ressentie le plus fortement et qu'il préfère.

» LE TABLEAU Ce portrait tout en finesse atteste que derri è re la rudesse de l' homme se dissimulait un artiste d'une très grande sensibilité .

Le trait est léger et subtil, les coloris jouent sur des dégradés de bleu et de roux lune teinte très sauvent utili­ sée par Henner).

Le visage de la jeune fille boigne dans une lumière qui efface toutes les aspé rités .

Il semble éclairé par une force venue de l' intérieur , ce qui, avec les mains jointe s sur les genoux , donne au tableau une dimension religieuse.

LA COTE Peintre d'une époque, Renner n'a malheuresement pas résisté au temps.

Ses subtils portraits se négocient autour de 28000 FF (5000 dollars).. »