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Jean Giraudoux fait dire à un personnage d'une de ces pièces de théâtre c'est d'une simplicité enfantine le propre du théâtre, c'est d'être réel dans l'irréel. qu'en pensez-vous ? Commentez et illustrez votre propos ?

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Jean Giraudoux fait dire à un personnage d'une de ces pièces de théâtre c'est d'une simplicité enfantine le propre du théâtre, c'est d'être réel dans l'irréel. qu'en pensez-vous ? Commentez et illustrez votre propos ?. Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Jean Giraudoux fait dire à un personnage d'une de ces pièces de théâtre c'est d'une simplicité enfantine le propre du théâtre, c'est d'être réel dans l'irréel. qu'en pensez-vous ? Commentez et illustrez votre propos ?

« INTRODUCTION Depuis le milieu du xixe siècle, de nombreux artistes cultivent le réalisme ; mais les tentatives d'Henry Becque pour l'acclimater authéâtre n'ont pas fait beaucoup d'émules.

Les rapports entre la scène et la réalité sont toujours aussi vivement débattus, et Giraudouxconciliant deux positions extrêmes écrivait à ce sujet : « Le théâtre, c'est d'être réel dans l'irréel.

» L'irréel n'est-il pas en effet unenécessité au théâtre ? Les dramaturges contemporains en ont fait volontiers usage, et l'on peut se demander aussi dans quelle mesure ilsn'atteignent pas ainsi une réalité plus profonde. I.

L'UNIVERS DRAMATIQUE EST IRRÉEL Le théâtre est par définition même le domaine de l'illusion ; pour lui donner plus de force suggestive, les théoriciens ont cherché desrègles, des conventions efficaces.Les conventions du genre C'est ainsi que le genre imposeà l'écrivain des limites étroites dans le temps et dans l'espace.

Les tragédies antiques se conforment à cette règle ; en France, lesreprésentations de mystères au Moyen Age pouvaient durer plusieurs jours, mais dès le xvie siècle on parle des « trois unités ».

Cetterègle, que l'on prétendait tirer d'Aristote, fut pour certains écrivains un carcan douloureux — et l'on sait les démêlés de Corneille avec lesdoctes qui lui reprochaient d'avoir violé dans le Cid les lois antiques de la composition dramatique.

De fait ce principe, approximativementappliqué, aboutit à une simplification de la réalité que l'on peut juger regrettable : combien d'invraisemblances certains écrivains ont dûaccumuler pour enfermer leur œuvre « en un lieu, en un jour » ! D'ailleurs, en s'opposant à cette tradition, les Romantiques n'ont pastoujours évité d'autres écueils : le mélange de tons, la violence mélodramatique ne donnent pas nécessairement une impression devérité.Le public Le public, il est vrai, impose de lui-même certains artifices : le goût des émotions fortes contraint l'auteur à ménager certainseffets, à prévoir des coups de théâtre.

Le langage tenu par les personnages varie aussi selon le type de pièces : au xviie siècle, lespectateur savait qu'il entendrait à la représentation d'une tragédie des vers plus ou moins emphatiques.

Sartre, de nos jours, laisse sespersonnages s'exprimer de façon triviale, si la réalité lui paraît l'exiger, mais pour Giraudoux le théâtre est « une école de beau langage».Les décors Au-delà des mots, le problème essentiel semble se trouver dans le processus même de la représentation : le décor, si l'onmet à part le cas des théâtres de plein air, ne peut restituer exactement la réalité.

Il n'est pour les classiques qu'« un palais à volonté ».Les metteurs en scène du xxe siècle sont plus exigeants : qu'ils recherchent la stylisation comme J.

Copeau, ou la magnificence commeG.

Baty, ils tentent d'appuyer le texte, de faire œuvre créatrice — et s'éloignent de la réalité.

Le théâtre est donc bridé, dans chacun de seséléments, par un réseau de conventions qui justifient l'opinion de Giraudoux. II.

LE THÉÂTRE CONTEMPORAIN ACCUSE CET ASPECT IRRÉEL Les dramaturges classiques croyaient cependant suivre « la nature » ; les écrivains contemporains savent qu'ils ont nécessairementrecours à l'illusion, et ne cherchent pas à le cacher.

Ils se jouent de leur propre jeu, et en font l'armature de leurs créations.La mise en scène Ils utilisent souvent le procédé antique du prologue : un personnage y vient révéler aux spectateurs les artifices de lamise en scène — comme dans le Soulier de Satin de Claudel —, ou le déroulement des événements — comme dans L'Antigone d'Anouilh.Les mythes Il s'agit, nous l'avons dit, d'un procédé utilisé dans les tragédies antiques.

Il est en effet curieux de voir que notre siècle,héritier des « Modernes » plus que des « Anciens », est représenté à la scène fréquemment par l'intermédiaire des mythes.

Anouilhreprend la légende d'Antigone, celle de Médée ; Giraudoux nous présente un trente-huitième Amphitryon, Electre, la guerre de Troie ;L'Orestie inspire aussi les Mouches de J.-P.

Sartre.

Partout la tradition est interprétée très librement, les anachronismes accusentl'invraisemblance de ces personnages qui franchissent trente siècles pour tricoter, fumer des cigarettes et boire « du vin clairet ».La fantaisie Si, dans de telles pièces, les costumes modernes peuvent parfois nous donner l'illusion de la réalité, le décor, délibérémentfantaisiste, nous en éloigne aussitôt : tel est par exemple le palais d'Argos construit « en pierres gauloises qui suintent à certainesépoques de l'année » et en marbre d'Argos «lequel, sans qu'on ait jamais su pourquoi, s'ensoleille soudain, même la nuit », si bien qu'ilsemble tantôt rire, tantôt pleurer.

Des procédés de ce genre font de certaines œuvres de Giraudoux de véritables poèmes.Personnages irréels Cet univers immatériel voit évoluer des personnages souvent bien étranges.

Dans Huis Clos, de Sartre, ils sont déjàmorts, et, bien qu'ils s'expriment comme nous, certains détails les différencient tragiquement : ils ne cillent plus, ils ont le pouvoirtorturant de voir ce qu'on fait sur terre de leur souvenir.

L'Ondine de Giraudoux, le spectre, dans Intermezzo, ne sont pas de notre mondenon plus, et le Mendiant qui assiste Electre semble être l'émanation de quelque pouvoir surnaturel.

Dans des perspectives religieuses, P.Claudel marque ses personnages du sceau divin, élargit démesurément leur destin, jusqu'à leur donner des proportions surnaturelles : ladouce et modeste Violaine devient sous nos yeux une sainte capable de susciter les miracles.

C'est ainsi que le théâtre modernerevendique donc l'irréalité au lieu de la réduire.

Est-ce par un goût gratuit de l'imaginaire ? III.

L'IRRÉEL SOURCE DE RÉEL En fait, sous une apparente fantaisie, la plupart des auteurs dramatiques contemporains cherchent à faire passer un message.

C'est ainsi que les mythes antiques revêtent une valeur symbolique.

L'Antigone d'Anouilh, déchirée entre l'exigence de l'absolu et latentation « du petit bonheur », pose le problème de l'adolescence, incarne la difficulté d'un choix fondamental entre l'idéal et lescompromissions, entre l'intransigeance et l'acceptation.

L'Electre de Giraudoux, posant une question semblable, pousse jusqu'au bout ladéfense de la justice, sans regarder aux conséquences de son acte.

De tels personnages sont très proches du spectateur, et lesrésonances que donne à leurs paroles la légende lointaine renforcent les intentions de l'écrivain.Atmosphère vraie Les décors aussi, leur caractère fictif, peuvent traduire la réalité plus exactement qu'une copie : c'est ce qui peut faire lasupériorité d'un tableau sur une photographie.

Dans une pièce, nous voyons l'univers parles yeux d'un dramaturge qui en accuse unaspect, le valorise à nos yeux : ce choix n'est-il pas légitime ? Claudel se justifie ainsi à propos du cadre du Soulier de Satin qui, dit-il,«comprime les pays et les époques, de même qu'à distance voulue, plusieurs lignes de montagnes séparées ne font qu'un seul horizon ».Personnages vrais Les personnages eux-mêmes, dans ce monde symbolique du théâtre, incarnent une réalité plus profonde que celledont nous prenons conscience dans la vie quotidienne : l'affrontement insoutenable des protagonistes de Huis Clos est d'autant pluspénible que leur condamnation est éternelle : leur caractère surnaturel rend donc plus frappante la thèse de Sartre selon laquelle le regardd'autrui posé sur nos actes en fait la valeur.

Si Claudel choisit des personnages surhumains, c'est pour délimiter la part de l'homme quirevient à Dieu — et nul ne pouvant donner de la réalité une restitution totale, les vérités partielles qui sont ainsi dégagées n'ont de valeurque par leur force percutante ; or cette force dépend de la puissance que revêt le symbole choisi. CONCLUSION En prenant leurs distances par rapport au réel, les auteurs dramatiques obéissent aux lois d'un genre ; mais en même temps ils arrachentle spectateur à son sort quotidien, le dépaysent, lui présentent son existence sous un jour nouveau, plus lumineux que le jour naturel.C'est finalement le procédé de tout art, que de partir ainsi du réel pour le transfigurer, le rendre plus significatif, grâce à une élaborationarbitraire.. »

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