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JEAN DE LA FONTAINE

Publié le 09/12/2021

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Ce que ce « papillon du Parnasse » dissimule derrière un tel aveu, c'est la grande unité d'inspiration qui anime son oeuvre derrière son apparente diversité. Dire que le thème unique en est celui de la nature peut paraître facile, dans la mesure où un tel thème recèle tous les autres. Mais le chemin tracé par La Fontaine dans ce thème est d'une grande netteté. Il porte à sa perfection d'abord le thème de la nature pastorale. Les seules immortelles idylles de la littérature française sont Adonis et Saint Mak, par la pureté des motifs et des vers. En elles s'achève et s'explique l'inspiration de l'Astrée, d'Honoré d'Urfé, de Pyrame et Thisbé, de Théophile de Viau et du Moïse sauvé, de Saint-Amant. Théophile et La Fontaine dépassent le cadre de la nature idyllique, qui s'enlise dans la mièvrerie, en discernant la cruauté de la nature carnivore. Mais ni la tragédie, ni l'élégie, trop enfermées dans l'expression de leurs thèmes propres, ne permettaient d'approfondir ce problème.

« JEAN DE LA FONTAINE La célèbre insouciante légèreté de La Fontaine, la métaphore de son nom, au « charme emprunté des eaux », selon Valéry, imposent au plus pur poète dusiècle la marque de la fuite et de la fluidité.

Il eut en effet une façon d'échapper à tout : mariage, société, religion, et pourtant de retenir l'essence de tout :amour, amitié, spiritualité, qui tient au radical détachement qu'il eut de tout ce qui n'était pas poésie.

Sa poésie elle-même trouve son unité de thème et deton dans la légèreté.

Elle exclut délibérément la gravité et la passion pour cultiver exc lusivement « le galant et la plaisanterie », qui est, pour La Fontaine àla fois « le goût du siècle » et celui auquel son « inclination » le porte.

Le « galant » désigne le fin et le spirituel, la « plaisanterie » peut être grosse, ellen'est pas pour autant lourde.

Le domaine de La Fontaine va, sans qu'il y ait aucune contradiction dans son inspiration, de la s ainte idylle qu'est le Poème surla captivité de saint Malc (1673) à l'obscénité anticléricale des plus lestes de ses Nouveaux C ontes (1675).

La vérité est que la sainteté et la débaucheont en commun de lancer le même défi au bon sens et au sérieux, l'une dans la rareté, l'autre dans le tout venant.

La façon dont La Fontaine décrit commentle merveilleux ermite fou qu'est saint Male brise toutes les chaînes, échappe à tous les pièges, de l'argent, du sexe, de la domination, sans déployer lemoindre héroïsme mais par la plus naïve et la plus obstinée des fuites, est un pur miracle poétique.

En fait de merveilleux c hrétien, La Fontaine balaye entrois vers la problématique de Polyeucte, agressant les idoles.

Lorsqu'il montre Malc contraint à l'idolâtrie, il glisse pudiquement sur son humble fuitedevant le martyre : Si Malc s'en défendit, s'il l'os a, s'il le put, S'il en subit la loi sans peine et sans scrupule, C 'est ce qu'en ce récit l'histoire dissimule. La « divine loi », celle qu'il ne transgresse jamais, est celle de la douceur.

« Q ue vous êtes heureux, peuple doux ! »De 1658 à 1661, La Fontaine consent à servir, contre sa subsistance, une « pension poétique » à Fouquet, qu'il s'est attaché en lui offrant A donis (qu'il nepublie qu'en 1669).

Il entreprend alors le Songe de Vaux, qui ne sera jamais terminé (publication fragmentaire en 1671).

Lorsque Fouquet est arrêté, ilpublie anonymement l'Élégie aux nymphes de Vaux (1662) et dédie au roi une Ode, dont Fouquet, dans sa prison, désapprouva l'humilité et que La Fontainedéclara prendre entièrement sur lui. Accorde-nous les faibles res tesDe ses jours tristes et funestes [...]L'Amour est fils de la clémence,La clémence est fille des dieux.Sans elle toute leur puissanceNe serait qu'un titre odieux. Louis XIV , semble-t-il, n'oubliera jamais cette prière, dont ose l'importuner ce qui n'est pour lui que le plus insignifiant des insectes humains, à un momentoù la majeure partie de l'entourage de Fouquet rallie bruyamment le roi, tandis que quelques fidèles se terrent pour se faire oublier.

La sourde hostilité dumonarque fut définitivement acquise à cet homme de lettres, qui ne lui offrira jamais que des O des pour la paix (1659-1678), au lieu de célébrer, commetout le monde, les « Passage du Rhin » et autres « prise de Namur » ou de « Mons ».Le noir démon des combatsVa quitter cette contrée.Nous reverrons ici-basRégner la déesse A strée.Chasse des soldats gloutonsLa troupe fière et hagarde,Qui mange tous mes moutonsEt bat celui qui les gardeO paix ! source de tout bien,Viens enrichir cette terreEt fais qu'il n'y reste rienDes images de la guerre.Délivre ce beau séjourDe leur brutale furieEt ne permets qu'à l'A mourD'entrer dans la bergerie. Ode pour la paix des P yrénées (1659). Offrir cela à Louis XIV, qui commence son ascension, c 'est faire preuve de la plus impardonnable légèreté.

La Fontaine, qui se flatte d'avoir l'esprit dusiècle, n'a pas celui d'à-propos.« Le peu de soin qu'il eut de ses affaires domestiques, dit Perrault, l'ayant mis en état d'avoir besoin du secours de ses amis, Mme de la Sablière, dame d'unmérite singulier et de beaucoup d'esprit, le reçut chez elle, où il a demeuré près de vingt ans » (1673-1693).

Dans les deux Discours, qu'il dédie à Mme dela Sablière, La Fontaine livre le secret de ce qu'il pense et de ce qu'il est.

C elui de 1679 sert de conclusion au troisième livre des Fables : il y prend, contrela « nouvelle philosophie » du cartésianisme, le parti de l'âme des bêtes, d'un naturalisme épicurien, et y affirme l'unité du monde, la souveraineté de laperception et du s entiment dans la connaissance contre la conc eption d'un univers-machine gouverné par un intellect abstrait.

Celui de 1684, qu'ilcompose pour son entrée à l'A cadémie, est une confession-portrait : Je suis chose légère, et vole à tout sujet ;Je vais de fleur en fleur, et d'objet en objet ;À beaucoup de plais irs je mêle un peu de gloire.J'irais plus haut peut-être au temple de MémoireSi dans un genre seul j'avais usé mes jours ;Mais quoi ! je suis volage en vers comme en amours. Ce que ce « papillon du Parnasse » dissimule derrière un tel aveu, c'est la grande unité d'inspiration qui anime son oeuvre derrière son apparente diversité.Dire que le thème unique en est celui de la nature peut paraître fac ile, dans la mesure où un tel thème recèle tous les autres.

Mais le chemin tracé par LaFontaine dans ce thème est d'une grande netteté.

Il porte à sa perfection d'abord le thème de la nature pastorale.

Les s eules immortelles idylles de lalittérature française sont A donis et Saint Mak, par la pureté des motifs et des vers.

En elles s'achève et s'explique l'inspiration de l'Astrée, d'Honoré d'Urfé,de P yrame et T hisbé, de Théophile de V iau et du Moïse sauvé, de Saint-A mant.

Théophile et La Fontaine dépas sent le cadre de la nature idyllique, quis'enlise dans la mièvrerie, en discernant la cruauté de la nature carnivore.

M ais ni la tragédie, ni l'élégie, trop enfermées dans l'expression de leurs thèmespropres, ne permettaient d'approfondir ce problème.C'est alors que La Fontaine investit le genre flottant et inoccupé de la Fable et se l'approprie totalement.

Pressentant le devenir-homme de l'animal, que lascience s 'apprête à explorer, de Diderot à Darwin, il le mime de façon régressive et poétique dans le devenir-animal de l'homme, qui hante tous les contes ettoutes les magies.

La métaphore animale du totem est la plus archaïque de toutes les démarches de l'imaginaire, et la plus poétique.

Le s ecret de LaFontaine est peut-être d'avoir su renouer avec le langage élémentaire du bestiaire et du blason dont l'ultime trace subsistait dans la pastorale.

Il recueilledans la littérature et le folklore tous les éléments d'un jeu codé dont la puérilité apparente constitue un masque ass ez opaque pour berner les éducateurs.

Lanature paradisiaque de l'idylle s'est métamorphosée en effet en une nature universellement prédatrice, dont la malédiction initiale engendre la destructionen chaîne.

La fable Rien de trop (XI, 3) est une parabole de la faute originelle du « trop ».

De ce point de rupture de l'harmonie, la poésie de La Fontaine n'estqu'une incessante prise de conscience.. »

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