Jean Cabot
Publié le 16/05/2020
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Jean Cabot
Parmi les tentatives des marins occidentaux pour gagner l'Asie en droiture par la route de l'Ouest, à la fin du XVe siècle et durant lapremière moitié du XVIe, les voyages de Jean Cabot et de son fils Sébastien demeurent mal connus en raison de la pénurie et de laprécarité des documents.
On ignore à quelle date Giovanni Caboto naquit en Italie et s'il était originaire de Savone, de Gaëte ou de Gênes, mais il est certain queVenise lui accorda la citoyenneté en 1476, après un séjour de quinze ans.
Comme la plupart des marins de la cité de saint Marc, il dutfaire son éducation technique et commerciale au Levant.
C'est ainsi qu'il se rendit à La Mecque, grand entrepôt d'épices, de parfums,de soieries et de pierres précieuses, sous le contrôle de l'Égypte.
Les marchands lui apprirent comment les produits venus du nord-estde l'Asie le Cathay de Marco Polo étaient acheminés au Hedjaz par relais successifs de caravanes.
Il aurait conçu, dès lors, le projetd'atteindre leur lieu d'origine en naviguant à travers l'Atlantique, comme devait le faire Colomb en 1492, mais comme il révéla sesanciens desseins cinq ans après la tentative du Génois, on peut se demander dans quelle mesure ils répondent à la réalité.
Cabot se fixa en Angleterre, peut-être aux alentours de 1492, Bristol brûlait alors de la fièvre des découvertes.
Ses marchands,habitués à fréquenter l'Islande et à recevoir des capitaines portugais, rêvaient d'atteindre les îles fantastiques du Brésil et des SeptCités en lançant leurs caravelles vers l'ouest.
C'est sans doute le premier but que se proposa Jean Cabot.
Plus tard, à la nouvelle queColomb avait atteint les Indes, mais non le pays des épices, il conçut le projet de gagner également l'Asie mais en naviguant à une plushaute latitude afin de raccourcir la traversée.
Le 5 mars 1496, il obtint du roi Henri VII une patente l'autorisant à chercher les îles,contrées, régions et provinces "jusque là inconnues de tous les chrétiens", en dépit du monopole des découvertes occidentales accordéà l'Espagne par la Papauté.
La Couronne se réservait un cinquième des bénéfices sur les marchandises qui devaient entrer en franchiseà Bristol.
Jean Cabot disposerait à son gré du demeurant.
Il ne reste du premier voyage ni cartes, ni journal de bord.
On sait seulement que le Matthew, bateau de cinquante tonneaux, portantvingt-huit hommes, quitta Bristol le 2 mai 1497, et toucha, le 24 juin suivant, à un pays inconnu où Cabot planta la bannière des Tudoret le gonfalon de saint Marc.
On dispute s'il s'agit de Terre-Neuve, du sud du Labrador ou, plutôt, de l'île du cap Breton.
Dans lesparages de Terre-Neuve, les matelots ramassèrent des morues à pleins paniers.
La découverte des pêcheries fut le principal résultat duvoyage.
Cabot, qui fut le premier à aborder en Amérique après Colomb, crut aussi qu'il avait atteint le Cathay, non loin des terres à épices etpierres précieuses.
Aussi reçut-il, à son retour, un accueil enthousiaste, le titre d'amiral, des gratifications royales et des facilités pourpréparer une nouvelle expédition.
Les marchands de Londres et de Bristol, subventionnés par la Couronne qui rêvait de faire deLondres la concurrente d'Alexandrie, équipèrent cinq ou six navires pour fonder une factorerie au pays du Grand-Khan.
La flotteaccomplit, entre mai et octobre-novembre 1498 une croisière sur laquelle on ne peut émettre que des hypothèses.
Peut-être la tempêtel'obligea-t-elle à naviguer au nord du 58e degré.
Elle aborda, en juin, à un pays occidental qui doit être le Labrador.
Arrêté par lesglaces dans sa marche vers le nord, Cabot dut rebrousser chemin, sans doute à la recherche d'un passage vers l'ouest.
On ne saitquelle partie du littoral il explora, peut-être la région entre les embouchures de la rivière Penobscot et du Delaware.
Nulle part, il netrouva les cités merveilleuses décrites par Marco Polo.
Il ne pouvait donc s'agir ni de Cipangu ni du Cathay.
Aussi la Couronne, lesmarchands et l'opinion publique, qui se souciaient de bénéfices immédiats et non de découvertes ou d'établissements outre-mer,considérèrent-ils l'expédition comme un échec.
Il ne semble pas que Cabot, qui ne dut pas survivre longtemps, ait entrepris unnouveau voyage.
Le rôle de Sébastien Cabot (vers 1476-1557) est d'autant plus difficile à déterminer qu'il paraît s'être attribué une part des mérites deson père.
C'est ainsi qu'il est difficile d'admettre qu'il ait exploré la côte américaine en sa compagnie, en 1494, et qu'il ait dirigé, deuxans plus tard, une croisière du Labrador à la Floride.
On peut seulement affirmer qu'il fut au service du gouvernement anglais, dont ilreçut plusieurs subventions.
Sa réputation devait être considérable pour que Ferdinand le Catholique l'ait engagé à se fixer en Espagne,en 1512, avec le titre de capitaine de mer, pour organiser, sans doute, les expéditions en quête du passage du Nord-Ouest.
Nonseulement Charles Quint lui maintint sa confiance mais lui accorda la charge enviée de piloto mayor de Castille qui mettait dans sesattributions l'examen officiel des pilotes, la mise à jour des cartes marines, l'étude des instruments de bord et le contrôle de l'activitédes navigateurs.
Sébastien prit personnellement le commandement d'une expédition privée pour établir des liaisons commerciales avec les Moluques,"Tarsis, Ophir, Cipangu et le Cathay".
Les trois vaisseaux, qui mirent à la voile en avril 1526, ne purent renouveler l'exploit deMagellan, après la perte de la nef capitane au sud du Brésil.
Des naufragés espagnols d'une expédition antérieure vantèrent lesrichesses immenses des pays arrosés par la Plata, ce qui permit à Sébastien de changer la destination de son voyage.
Le 6 avril 1527,il entreprit l'exploration du fleuve.
La remontée du Parana se fit sans trop d'encombres, mais celle du Paraguay, route présumée versles montagnes d'or et d'argent, se heurta à l'hostilité des indigènes qui tuèrent dix-sept marins.
Sébastien réclama en vain des secoursd'Espagne, peut-être dans l'intention de créer un établissement permanent.
Une nouvelle tentative pour pousser vers le nord, au débutde 1529, aboutit à un désastre et il fallut regagner l'Espagne.
Attaqué par les pilotes rivaux et les marchands déçus, Sébastien futcondamné, pour abus de pouvoir, à un court exil à Oran mais conserva sa charge.
A partir de 1548, il retourna en Angleterre où Edouard VI lui accorda les mêmes privilèges.
Les marchands de Londres, qui netrouvaient plus à leur disposition que la route inconnue du nord-est vers le Cathay, fondèrent, en 1551, la première société par actions,les Merchant Adventurers, dont Sébastien fut nommé gouverneur à vie.
C'est sur son initiative que, deux ans plus tard, trois vaisseauxtentèrent l'aventure.
Les glaces en brisèrent deux mais le troisième atteignit Arkhangelsk, d'où le capitaine gagna Moscou pour jeter lesbases de relations commerciales entre l'Angleterre et la Russie.
Sébastien mourut en 1557.
Il avait joué un rôle prépondérant à la têtedes marines castillane et anglaise, assuré à l'Espagne les pays de la Plata qu'auraient pu occuper les Portugais du Brésil, donné desinstructions hardies pour la recherche de la route du nord-est et, peut-être, conçu de nouvelles méthodes fondées sur l'étude de ladéclinaison magnétique.
Ce fut incontestablement un grand navigateur..
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