??J'avoue qu'il ne m'en fallut pas davantage pour présumer fortement
Publié le 17/05/2020
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……
J'avoue qu'il ne m'en fallut pas davantage pour présumer
fortement l'innocence de la famille.
Je pris de nouvelles
informations de deux négociants de Genève, d'une probité
reconnue, qui avaient logé à Toulouse chez Calas.
Ils me
confirmèrent dans mon opinion.
Loin de croire la famille Calas
fanatique et parricide, je crus voir que c'étaient des fanatiques qui
l'avaient accusée et perdue.
Je savais depuis longtemps de quoi
l'esprit de parti et la calomnie sont capables.
Mais quel fut mon étonnement, lorsqu'ayant écrit en Languedoc
sur cette étrange aventure, et catholiques et protestants me
répondirent qu'il ne fallait pas douter du crime des Calas.
Je ne
me rebutai point.
Je pris la liberté d'écrire à ceux-mêmes qui
avaient gouverné la province, à des commandants de provinces
voisines, à des ministres d'État ; tous me conseillèrent
unanimement de ne me point mêler d'une si mauvaise affaire ;
tout le monde me condamna et je persistai : voici le parti que je
pris.
La veuve de Calas, à qui pour comble de malheur et d'outrage on
avait enlevé ses filles, était retirée dans une solitude où elle
nourrissait de ses larmes, et où elle attendait la mort.
Je ne
m'informai point si elle était attachée ou non à la religion
protestante, mais seulement si elle croyait un dieu rémunérateur
de la vertu et vengeur des crimes.
Je lui fis demander si elle
signerait, au nom de ce dieu, que son mari était mort innocent ;
elle n'hésita pas.
Je n'insistai pas non plus.
Je priai M.
Mariette de
prendre au conseil du roi sa défense.
Il fallait tirer madame Calas
de sa retraite, et lui faire entreprendre le voyage de Paris.
On vit alors que s'il y a de grands crimes sur la terre, il y a autant
de vertus, et que si la superstition produit d'horribles malheurs, la
philosophie les répare.
Voltaire.
Lettre (à M.
d'Am...).
»
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