JANE FONDA.

« JANE FONDA.

A moins de vouloir la dénigrer, on peut difficilement enfer - mer Jane Fonda dans un seul personnage, car elle en a eu au moins trois ou quatre depuis son arrivée à Hollywood, en 1959.

La starlette qui débute dans LA TÊTE A L'ENVERS (aux côtés d'Anthony Per kins) avec une peur panique d'Hollywood et un manque total de confiance en elle ; la femme de 30 ans, très sexy, modelée par Roger Vadim (on l'appelait alors la Brigitte Bardot américaine) pour des films comme LA RONDE, LA CURÉE ou BARBAREL LA ; la comédienne adulte, qui n'hésite pas à abandonner la sophisti - cation des débuts pour des rôles difficiles (ON ACHÈVE BIEN LES CHEVAUX, KLUTE, TOUT VA BIEN) ; ce qui laissait déjà pointer la militante, pour les Indiens, contre la guerre du Vietnam, pour une démocra tie économique (avec son mari Tom Hayden) ; enfin, depuis 1977, la femme équili brée qui parvient à réconcilier tous ces aspects, à retrouver une féminité totale sans renoncer à ses objectifs politiques et humanitaires (c'est la période JULIA, RETOUR, LE S YNDROME CHINOIS, COMMENT SE DÉBARRASSER DE SON PATRON, UNE FEMME D'AFFAIRES).

Finale ment, en1982, on ne peut rester sur une meilleure image que la Jane Fonda de LA MAISON DU LAC : belle, mince, enviable physiquement et resplendissante moralement ; ce per sonnage qui, dans le film, se réconcilie avec son vieux père, c'est la Jane Fonda de 45 ans, regardant sans hésitation et du bleu intense de ses yeux la ligne généreuse qu'elle s'est fixée.

GEORGES COHEN. »