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Irak

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Irak, en arabe Al `Irāq, pays du Proche-Orient. Sa capitale est Bagdad.

L’Irak est bordé par la Turquie au nord, l’Iran à l’est, l’Arabie saoudite et le Koweït au sud, la Jordanie et la Syrie à l’ouest. Au sud, l’Irak dispose d’une étroite façade maritime (40 km) sur le golfe Arabo-Persique.

2MILIEU NATUREL
2.1Relief et hydrographie

L’Irak s’étend sur une superficie de 438 317 km². Le centre du territoire irakien est occupé par une vaste plaine alluviale faisant partie du Croissant fertile, formée par les vallées du Tigre et de l’Euphrate et correspondant en grande partie à l’antique Mésopotamie. Les deux fleuves traversent l’Irak du nord-ouest au sud-est. Ils se rejoignent à 160 km au nord du golfe Arabo-Persique pour former un même delta marécageux, le Chatt al-Arab, à travers lequel une voie d’eau longue de 180 km permet aux navires de haute mer de pénétrer à l’intérieur des terres jusqu’à Bassora, le premier port du pays, situé à 150 km de la mer.

L’est et le nord-est du pays sont bordés par les contreforts des monts Zagros, de la région kurde et du Taurus, dominés par le mont Rost-Hazaret (3 607 m), point culminant de l’Irak. La partie nord est occupée par le plateau steppique de la Djésireh, qui s’étend au sud du djebel Sinjar. À l’ouest et au sud-ouest de l’Euphrate, le relief, inférieur à 200 m d’altitude, s’élève en pente douce jusqu’aux déserts de Syrie (plaine de la Chamiya) à l’ouest, et du Néfoud (Arabie saoudite) au sud.

L’Euphrate (2 700 km) et le Tigre (1 900 km), qui prennent tous deux leurs sources en Turquie, sont les principaux fleuves du pays. Le Tigre donne naissance à cinq affluents irakiens : le Khabur, le grand Zab, le petit Zab, l’Azaim et le Diyala.

2.2Climat

Le climat de la majeure partie de l’Irak est subdésertique. Celui-ci présente toutefois des nuances continentales vers le nord, à l’approche des reliefs montagneux, du fait de l’abaissement des températures avec l’altitude. Le pays connaît des étés très chauds (33,3 °C à Bagdad en juillet) et des hivers plutôt froids (9,4 °C à Bagdad en janvier), souvent accompagnés de neige en montagne. Dans les régions montagneuses du Nord-Est, les précipitations sont abondantes d’octobre jusqu’en mai. Le total annuel des précipitations diminue vers le sud (200 à 400 mm sur le plateau de la Djésireh). Plus au sud, le climat devient franchement aride (entre 100 et 200 mm par an). Les tempêtes de sable y sont fréquentes en été.

2.3Végétation et faune

À l’exception des dattiers cultivés dans des palmeraies, la couverture végétale, à caractère xérophyle, se raréfie dans le sud du pays. Le plateau de la Djésireh présente une steppe arborée (pistachiers). Les régions montagneuses du Nord-Est, fortement arrosées, possèdent de grandes forêts (chênes, peupliers, mélèzes, pins).

Guépards, gazelles, antilopes, lions, hyènes, loups, chacals, cochons sauvages, lièvres et gerboises sont les espèces animales les plus courantes, mais l’Irak compte également une riche variété d’oiseaux : oiseaux de proie, parmi lesquels le vautour, la buse et différentes espèces de faucon, mais aussi échassiers, tourterelles, colombes ou hiboux.

2.4Ressources et contraintes du milieu naturel

L’Irak dispose d’abondantes ressources minérales. Outre de petits gisements de sel, de charbon, de gypse, de phosphates et de soufre, le pays possède d’immenses gisements d’hydrocarbures. Ses réserves de pétrole sont estimées à 13,6 milliards de tonnes soit 10 p. 100 des réserves mondiales (2e rang mondial) et celles de gaz naturel à 3 100 milliards de m3 (7e rang mondial).

L’aridité qui règne sur l’ouest et le sud du pays est un facteur particulièrement contraignant pour les implantations humaines et économiques. Par ailleurs, les sols, s’ils peuvent être exceptionnellement fertiles par endroits (Croissant fertile au nord, Basse-Mésopotamie au sud), sont cependant souvent stériles en raison d’une trop forte salinisation : les sels minéraux retenus dans les sols trop calcaires se dissolvent dans les nappes phréatiques et rendent les cultures impossibles. Dans ce pays où l’eau est rare, ce phénomène, ajouté aux violentes crues du Tigre et de l’Euphrate, à l’origine d’inondations catastrophiques, a amené les autorités irakiennes à développer d’ambitieux projets d’irrigation et à édifier des barrages et des retenues d’eau artificielles.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Démographie

En 2008, la population irakienne était estimée à 28,2 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 65 habitants au km². Leur répartition est toutefois très inégale puisqu’une grande partie du pays est quasiment désertique. L’essentiel de la population se concentre dans les villes ou les villages qui se sont formés presque exclusivement le long des cours du Tigre et de l’Euphrate. Au cours de la période 1990-1995, la population irakienne s’est accrue de 2,7 p. 100 par an. En 2008, l’indice de fécondité demeurait très élevé (3,97 enfants par femme, contre 5,25 enfants par femme entre 1995 et 2000). Parallèlement, le taux de mortalité infantile était en augmentation — 91,7 p. 1 000 entre 1995 et 2000 (contre 58 p. 1 000 l’année précédant la guerre du Golfe) —, puisque les conditions de vie et la situation sanitaire se sont considérablement dégradées depuis que le pays est soumis à l’embargo décrété par les Nations unies après la guerre du Golfe.

En 2008, le taux de natalité est estimé à 30,80 p. 1 000 et le taux de mortalité, à 5,10 p. 1 000. Ce dernier, très faible, s’explique par la jeunesse actuelle de la population irakienne. Les jeunes de moins de 15 ans représentent 44 p. 100 de la population et les personnes âgées de 65 ans et plus seulement 3 p. 100. L’espérance de vie moyenne était de 69,6 années en 2008.

Près des trois quarts de la population de l’Irak sont arabes (73 p. 100). Les Kurdes représentent quelque 22 p. 100 de la population. Les Turkmènes, peuple d’origine ouralo-altaïque, arrivés dans la région au xie siècle sont environ 100 000. Les Arméniens, venus du Caucase à la fin du xixe siècle, fuyant l’avancée des Russes, ont formé une petite communauté très fermée d’environ 15 000 individus.

Le peuple kurde, habitant la région kurde, région qui s’étend au nord-est de l’Irak, au nord-ouest de l’Iran et au sud-est de la Turquie, est en quête de reconnaissance de la communauté internationale et des trois nations sur lesquelles déborde son territoire. Après avoir été victimes d’une répression féroce en Irak dans les années 1960-1970 (60 000 morts, 300 000 déplacés), les Kurdes, soutenus militairement en Irak par l’Iran, ont obtenu, en 1974, une certaine autonomie (3 provinces administratives), qui s’est révélée essentiellement formelle. La répression très violente — y compris au moyen d’armes chimiques — à l’encontre des populations kurdes, par le régime irakien, a mené à la création par les Nations unies d’une zone « refuge «, protégée par un dispositif aérien, au printemps 1991.

3.2Découpage administratif et villes principales

L’Irak est divisé en 18 gouvernorats (muhafaza) dont 3 sont des régions autonomes kurdes.

La population irakienne est citadine à presque 67 p. 100 (contre 66,2 p. 100 en 1980). L’exode rural s’est fortement accéléré au cours des années 1980-1990 en raison des guerres qui ont ravagé le pays. Bagdad, la capitale, compte environ 3,2 millions d’habitants (estimation 1996). Située dans le centre du pays, sur la rive gauche du Tigre, elle constitue le principal centre industriel du pays. Bassora (environ 1 million d’habitants), sur la rive droite du Chatt al-Arab, est la deuxième ville du pays et le premier port irakien. Mossoul (environ 1 million d’habitants), dans le Nord, est l’un des principaux centres pétroliers du pays.

3.3Institutions et vie politique
3.3.1Historique

Jusqu’à l’offensive américano-britannique de 2003, le parti Baas (« de la Résurrection «), parti nationaliste arabe, laïc, socialiste était le seul parti légal. Il était arrivé au pouvoir en 1968 dans le cadre d’un régime présidentiel. La Constitution, proclamée en 1970, avait subi plusieurs modifications. Le président de la République — Saddam Hussein de 1979 à 2003 — était également Premier ministre (à compter de 1994), maréchal, chef suprême des forces armées, président du Conseil de commandement de la révolution (CCR) — principale institution exécutive du pays — et secrétaire général du parti Baas. Il était assisté d’un vice-président, d’un vice-Premier ministre et d’un cabinet.

L’Assemblée nationale, composée de 250 membres élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans, avait été instaurée en 1980. Le CCR était également doté d’un pouvoir législatif.

Au niveau local, chaque province était dirigée par un gouverneur représentant le pouvoir central.

Le Baas, créé en 1952, s’était associé en 1973, au sein du Front national progressiste, au Parti communiste irakien et au Parti démocratique du Kurdistan. Mais seul le parti Baas détenait les postes de commande et dominait de fait la vie politique irakienne de façon autoritaire. L’opposition, qui comprenait des mouvements chiites et des partis kurdes, restait interdite et divisée.

À la suite de l’offensive américano-britannique lancée en mars 2003 et de la chute de Saddam Hussein, l’Irak, sous occupation américaine, s’est engagé sur la voie de la transition démocratique. En janvier 2005 se déroulent les premières élections générales multipartites depuis 1953. Quatorze millions d’Irakiens sont appelés à élire les 275 députés de l’Assemblée nationale transitoire, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Le scrutin, auquel participent 60 p. 100 des électeurs, est boycotté par les sunnites. Il se solde par la victoire de la majorité chiite, rassemblée au sein de l’Alliance irakienne unifiée (AIU), qui obtient 48 p. 100 des suffrages et 140 sièges — cette alliance est soutenue par Ali Sistani, Grand ayatollah prônant un islam relativement modéré et opposé à l’instauration d’une république islamique. Ces élections marquent aussi la fin de l’isolement politique des Kurdes : l’Alliance kurde, formée par les deux principaux partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPA), recueille 26 p. 100 des voix et 75 sièges. La liste du Premier ministre sortant, le chiite laïc Iyad Allaoui, placé à la tête d’un gouvernement intérimaire par l’administration américaine, n’obtient que 14 p. 100 des suffrages et 40 sièges. Au mois d’avril, le Kurde Jalal Talabani est élu à la présidence de la République par l’Assemblée nationale.

Le processus de transition politique se poursuit avec l’adoption d’une nouvelle Constitution, soumise à référendum le 16 octobre 2005. Il s’achève le 15 décembre 2005 par la tenue d’élections législatives, qui se soldent par la large victoire de la liste chiite conservatrice de l’AIU, qui recueille 41 p. 100 des suffrages, soit 128 des 275 sièges du Conseil des représentants de l’Irak. Le Bloc kurde en obtient 53 (21,6 p. 100 des voix), et le Front irakien de la concorde (sunnite), 44 (15 p. 100 des voix).

3.3.2Organisation des pouvoirs

La Constitution de 2005 instaure un État fédéral unitaire et un régime de type républicain, parlementaire et démocratique. Elle reconnaît le caractère « multiethnique et multifonctionnel « de l’Irak et garantit les droits des minorités et des femmes. Elle institue l’islam comme la religion officielle et une source principale du droit, et stipule qu’aucune loi ne peut « contrevenir aux principes de la démocratie «.

Le pouvoir législatif est exercé par le Conseil des représentants composé de 275 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans. Les femmes se voient réserver 25 p. 100 des sièges.

Le pouvoir exécutif fédéral est composé du président de la République et du Conseil des ministres. Le président de la République, qui incarne l’unité de la nation et représente sa souveraineté, est élu par le Parlement à la majorité des deux tiers. Il nomme le Premier ministre, issu de la majorité parlementaire, et le charge de former le Conseil des ministres, lequel est responsable devant le Parlement.

 

Le pouvoir judiciaire est indépendant. À son sommet se trouvent la Cour suprême judiciaire, qui surveille le système judiciaire fédéral, et la Cour suprême fédérale, qui contrôle la constitutionnalité des lois et règle les désaccords entre le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux, provinciaux ou les administrations locales.

L’État fédéral irakien est divisé en régions, dotées de leurs propres organes législatifs, exécutifs et judiciaires, en provinces et en administrations locales.

3.3.3Défense nationale

Jusqu’à l’offensive américano-britannique de 2003, l’armée irakienne était contrôlée par le parti Baas. Le service militaire était obligatoire pour tous les hommes. Deux ans étaient consacrés au service actif et une période supplémentaire était effectuée en réserve. Les forces irakiennes comptaient 179 800 hommes d’active (79 000 dans l’armée de terre, 700 dans la marine et 200 dans l’aviation) et 650 000 réservistes. S’y ajoutaient 20 000 gardes-frontières et 4 800 hommes dans les troupes de sécurité. On estime que les différents mouvements armés kurdes totalisaient près de 75 000 hommes. En 2001, 9,3 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) étaient consacrés aux dépenses militaires.

3.4Langues et religions

L’arabe est la langue officielle de l’Irak. Le kurde, apparenté au persan, est la deuxième langue du pays. Les autres minorités pratiquent leur langue comme le turcoman ou le syriaque.

La Constitution de 1970 a fait de l’islam la religion d’État. Environ 95 p. 100 des Irakiens sont musulmans. Près de 53 p. 100 de ces musulmans, parmi lesquels les Turkmènes, adhèrent au chiisme. Ils vivent principalement dans le centre et le sud de l’Irak, où se situent les villes saintes de Nedjef et de Kerbela, tandis que les sunnites (42 p. 100) sont principalement établis dans le Nord. La minorité chrétienne (3 p. 100) compte des nestoriens et des chaldéens uniates, descendants des populations assyriennes christianisées au iiie siècle, ainsi que des fidèles de l’Église arménienne (voir Églises chrétiennes d’Orient). Alors qu’ils étaient environ 200 000 dans les années 1950, les juifs, qui ont émigré en masse avec le développement du conflit israélo-arabe, ne constituent plus aujourd’hui qu’une infime minorité. Parmi les Kurdes, les Yézidis, les « Adorateurs du diable «, qui vivent au nord de Mossoul, ont conservé une religion syncrétiste intégrant des éléments du paganisme, du zoroastrisme, du manichéisme, du judaïsme, du christianisme et du soufisme.

3.5Éducation

L’instruction est gratuite et obligatoire pour un cycle primaire de six ans. Cependant, au début des années 1990, seuls 55,4 p. 100 des jeunes de 12 à 17 ans étaient scolarisés. En 2005, le taux d’alphabétisation était de 41,1 p. 100. L’Irak compte sept universités dont trois à Bagdad, les autres se trouvant à Bassora, Irbil, Mossoul et Tikrit. En 1995, l’État consacrait 5,1 p. 100 du PIB aux dépenses d’éducation.

3.6Arts et vie culturelle

L’héritage culturel de l’Irak contemporain est principalement arabe, même si longtemps avant l’arrivée de l’islam, au viie siècle apr. J.-C., la Mésopotamie a été le berceau des civilisations du Proche-Orient, auxquelles les pays du bassin méditerranéen et de l’Europe doivent tant.

Voir aussi art de l’islam ; musique islamique ; art mésopotamien.

Les musées irakiens, très riches, présentent les témoignages des premières cultures de Mésopotamie (Musée archéologique de Bagdad) ; le musée de Mossoul est riche en vestiges assyriens.

Les principales bibliothèques sont celles des universités de Bassora, de Mossoul et de Bagdad.

Un décret de 1967 a interdit toutes les sociétés privées de presse et d’édition. On comptait neuf quotidiens au début des années 1990, dont le principal, al-Thawra, publié par le parti Baas, tirait à 250 000 exemplaires.

4ÉCONOMIE
4.1Généralités

Profondément déstabilisée par la chute des prix du pétrole, par huit années de guerre contre l’Iran, par les destructions massives au cours de la guerre du Golfe, par l’embargo imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1990, et par la situation consécutive à l’offensive américano-britannique ayant entraîné la chute de Saddam Hussein en 2003, l’économie irakienne ne peut être analysée avec précision faute de données fiables. La dette extérieure totale de l’Irak s’élevait en 1999 à 130 milliards de dollars (contre 90 milliards en 1994). En 1997, l’inflation atteignait 45 p. 100 (contre 50 p. 100 en 1994).

L’Irak a dû faire d’énormes efforts et d’immenses sacrifices pour s’adapter à cette situation. Le pays vit dans un climat difficile de pénurie et de rationnement, notamment pour les aliments et les médicaments. Le marché noir est actif, alimenté souvent par des importations illicites de produits depuis la Jordanie. Le dernier PIB connu est celui de 1994, qui s’élevait à 17 milliards de dollars (contre 52,7 milliards en 1980). Entre 1985 et 1994, le taux de croissance annuelle du PIB a été de - 11,5 p. 100.

Du point de vue social, l’Irak est longtemps apparu, à partir des années 1960, comme l’un des pays les plus progressistes du monde arabe, notamment en ce qui concerne l’égalité entre les hommes et les femmes et la protection sociale. Toutefois, ces principes ont été mis à mal par les crises permanentes que traverse le pays depuis une quinzaine d’années.

4.2Agriculture, forêts, pêche

L’agriculture fournissait 23 p. 100 du PIB en 1991 (contre 16,1 p. 100 en 1989) et employait 18,4 p. 100 de la population active en 1993 (contre 30,4 p. 100 en 1980). En raison des contraintes climatiques et pédologiques, seuls 13,8 p. 100 du territoire sont cultivés dont 32 p. 100 grâce à l’irrigation.

La production agricole s’est développée de façon considérable pour faire face aux conséquences de l’embargo : elle est essentiellement constituée de blé (1 000 000 de t en 1994 contre 850 000 t en 1980, soit + 18 p. 100), d’orge (+ 74 p. 100 de 1980 à 1994), de riz, de tabac, d’oléagineux, de fruits (agrumes) et de légumes. En forte augmentation également, la production de dattes, principalement destinée à l’exportation, avoisine les 600 000 t par an et place l’Irak au 2e rang mondial. Les principales régions agricoles sont les vallées de la Mésopotamie pour les cultures, et les montagnes de la région kurde pour l’élevage.

L’élevage du bétail est la principale activité des populations nomades et semi-nomades. En 2005, le cheptel était composé de 6,20 millions d’ovins (contre 10,8 millions en 1980), de 1,50 millions de bovins et de 23 millions de volailles. L’Irak élève également de manière intensive le cheval arabe, mondialement réputé.

Le secteur de la pêche est peu développé : les prises n’atteignaient que 32 970 tonnes en 2005, dont près des trois quarts sont constitués par des espèces d’eau douce.

La balance agricole est chaque année déficitaire (0,68 milliard de dollars en 1994).

4.3Mines et industries

Le secteur secondaire fournissait 6 p. 100 du PIB en 1991 (contre 42,8 p. 100 en 1989) et employait 17,2 p. 100 de la population active en 1993 (contre 22,1 p. 100 en 1980).

Les hydrocarbures constituent la plus importante ressource naturelle de l’Irak. Les champs pétrolifères se situent dans trois régions principales : près de Bassora au sud-est, près de Mossoul et de Kirkuk au nord-est, et près de la ville de Khanaqin à l’est du pays. Le pétrole est acheminé par oléoduc dans dix raffineries. Les plus importantes se trouvent à Bagdad, Bassora, Mossoul, Hadithah, Khanaqin et Kirkuk. Tadji, près de Bagdad, possède une unité de liquéfaction du gaz naturel.

La production de pétrole (138 millions de tonnes en 1989) a repris lentement après la guerre du Golfe et malgré l’embargo international qui limite fortement les exportations. En 1995, elle a atteint 29,9 millions de tonnes (contre 15 millions de tonnes en 1991), chiffre encore peu élevé faisant de l’Irak le 26e producteur mondial. La production de gaz naturel, très faible, a atteint 3,17 milliards de m3 en 1994.

En 2003, la production d’électricité s’est élevée à 14,7 milliards de kilowattheures. Elle est, dans sa quasi-totalité, d’origine thermique.

Jusqu’au début des années 1970, quatre compagnies étrangères, dont l’Iraq Petroleum Company, créée en 1927 par la Grande-Bretagne, contrôlaient l’industrie pétrolière irakienne. Entre 1972 et 1975, elles ont été nationalisées et sont devenues la propriété de deux entreprises contrôlées par l’État.

Les principaux secteurs industriels sont l’agroalimentaire (huilerie, sucrerie), la pétrochimie, la cimenterie et la sidérurgie. Les industries manufacturières sont encore peu développées et ne peuvent fonctionner faute de matières premières. Les principaux centres industriels du pays sont Bagdad, Bassora, Mossoul, Sulaymaniya, Zubayr et Kirkuk.

4.4Secteur tertiaire et commerce extérieur

Les services constituent aujourd’hui le premier secteur de l’économie irakienne. Ils fournissaient 71 p. 100 du PIB en 1991 (contre 41,1 p. 100 en 1989) et employaient 64,4 p. 100 de la population active en 1993 (contre 47,5 p. 100 en 1980).

L’unité monétaire est le dinar irakien et équivaut à 5 rials, 20 dirhams ou 1 000 fils. La monnaie est émise par la Banque centrale d’Irak. Toutes les banques irakiennes ont été nationalisées en 1964.

L’Irak est doté d’un réseau de transports routiers et ferroviaires se prolongeant en Syrie en direction de la Turquie et de l’Europe. Le réseau ferroviaire nationalisé est long de 2 440 km. Le pays possède 45 550 km de routes, 84 p. 100 étant asphaltées. Le Tigre est navigable de Bassora à Bagdad. Des vols internationaux desservent ces deux villes.

L’embargo commercial imposé par les Nations unies a été assoupli en mai 1996, date à laquelle est entré en vigueur l’accord « Pétrole contre nourriture «, conclu entre le gouvernement irakien et l’ONU. Il autorise l’Irak à exporter du pétrole à hauteur de 2 milliards de dollars tous les six mois afin d’acheter des aliments et des médicaments — seuls produits dont l’importation est permise.

Traditionnellement, l’Irak était exportateur de dattes et de pétrole, mais aussi de laine vierge, de cuir et de peaux. Il importait des machines, des équipements de transport, des produits alimentaires et des produits pharmaceutiques. Les principaux partenaires commerciaux de l’Irak étaient la Turquie, le Japon, l’Allemagne, la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et les États-Unis.

5HISTOIRE

L’histoire ancienne de l’Irak se confond avec celle de la Mésopotamie. En 539 av. J.-C., Cyrus le Grand prend le contrôle de la région qui reste sous l’autorité perse jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand en 331 av. J.-C. À la mort de ce dernier, la dynastie des Séleucides règne en Mésopotamie durant près de deux cents ans, diffusant la culture hellénistique. Conquise ensuite par les Romains, dominée partiellement par les Parthes, puis conquise à nouveau par les Perses sassanides, la Mésopotamie est enlevée par les Arabes au viie siècle apr. J.-C. La victoire d’al-Qadisiya, en 638, fait entrer définitivement la région, rebaptisée Iraq-al-Arabi, dans le monde arabo-musulman.

5.1L’Empire musulman

Intégré à l’Empire musulman, gouverné par les Omeyyades de Damas de 661 à 750, l’Irak en est l’une des provinces les plus convoitées. Elle est le lieu de plusieurs insurrections chiites et kharijites contre le califat omeyyade.

Le pouvoir se déplace en Irak après que les Abbassides ont renversé les Omeyyades. Bagdad, promue capitale abbasside en 762, devient le centre politique, religieux et culturel de l’Empire, qui connaît son apogée sous le règne d’Haroun al-Rachid. Avec le déclin de la puissance abbasside, à partir de la seconde moitié du ixe siècle, se multiplient les révoltes politico-religieuses — celle des Zenj, des chiites et des qarmates —, tandis que les régions périphériques échappent progressivement au contrôle de Bagdad. En 945, la dynastie iranienne des Buyides prend le pouvoir à Bagdad. Elle en est chassée en 1055 par les Turcs seldjoukides dont le chef, Toghrul Beg, restaure le sunnisme et l’autorité — nominale — du califat abbasside.

La dynastie abbasside s’éteint en 1258 lorsque Hulagu Khan soumet et pille Bagdad. Les troupes mongoles de Tamerlan ravagent de nouveau l’Irak en 1401.

Tandis que la région sombre dans l’anarchie, une nouvelle puissance musulmane se développe en Asie Mineure. En 1533, l’Empire ottoman étend sa domination sur l’Irak. Une grande partie du territoire irakien échappe toutefois au contrôle ottoman, les Kurdes, les Bédouins et les chiites demeurant insoumis. À partir de la première moitié du vxiie siècle, l’Irak, toujours placé sous suzeraineté ottomane, est gouverné par plusieurs dynasties locales.

En 1707, le gouvernement de l’Irak est confié par les Ottomans à des Mamelouks. En 1831, le sultan Mahmud II destitue le dernier dirigeant mamelouk, Daoud Pacha, et la province d’Irak, désormais subdivisée en trois districts administratifs (wilayet de Mossoul, Bagdad et Bassora), passe sous l’autorité directe de la Sublime Porte. Le poids de l’administration turque, notamment en matière d’imposition, alimente un fort ressentiment local et favorise la naissance du nationalisme arabe.

5.2L’Irak sous influence britannique

Durant le xixe siècle, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et, dans une moindre mesure, la France, qui convoitent l’ensemble du Proche-Orient, entrent en compétition pour étendre leur zone d’influence à la Mésopotamie. En 1861, les Britanniques fondent une compagnie de navigation sur le Tigre. De son côté, l’Allemagne envisage la construction d’un chemin de fer entre Berlin et Bagdad, et obtient une concession pour construire une voie ferrée jusqu’au golfe Arabo-Persique. Malgré ce revers, le gouvernement britannique parvient à consolider sa position dans la région du golfe en concluant des traités de protection avec les chefs des tribus arabes locales.

Après l’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés de l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, les forces britanniques envahissent le sud de la Mésopotamie en novembre 1914 et progressent peu à peu vers le nord. En mars 1917, elles occupent Bagdad. En octobre 1918, la Mésopotamie se trouve entièrement sous contrôle militaire britannique. L’administration ottomane est démantelée. Les Britanniques reconnaissent le mouvement nationaliste arabe, qu’ils utilisent contre les Turcs, promettant à Hussein, chérif de La Mecque, l’indépendance d’un vaste territoire.

Cette promesse n’est pas tenue. La Grande-Bretagne et la France procèdent à un partage du Proche-Orient arabe par l’accord Sykes-Picot. En 1920, la Grande-Bretagne se voit confier un mandat de la Société des Nations (SDN) sur le territoire irakien. En juillet, les Arabes, lésés, se soulèvent contre la présence britannique. L’année suivante, les Britanniques installent sur le trône Fayçal Ier, fils de Hussein, que les Français ont chassé de Syrie et que la population reconnaît comme roi en août, par un plébiscite (96 p. 100 des votes). Le royaume hachémite d’Irak est doté d’un gouvernement, dirigé par un Conseil de ministres arabes, et supervisé par un haut fonctionnaire britannique, et d’une Constitution parlementaire.

5.3Le royaume d’Irak

Les frontières du nouveau royaume sont rapidement contestées par l’Arabie saoudite et par la Turquie, qui revendique la région de Mossoul, accordée par la SDN à l’Irak en 1925. Son intégrité est dans le même temps menacée de l’intérieur par les aspirations séparatistes des chiites au sud, et des Kurdes au nord.

L’agitation contre le mandat britannique perdure. L’indépendance de l’Irak n’est reconnue qu’en 1932, lorsque le pays est admis à la SDN. Cette admission n’est cependant que formelle : en 1930, un traité d’alliance, conclu pour vingt-cinq ans entre Britanniques et Irakiens, prévoit le libre déplacement des troupes britanniques sur le territoire irakien, où sont établies deux bases de la Royal Air Force.

La domination européenne s’exerce également par le biais des intérêts économiques : en 1927, une concession pour l’exploitation pétrolière dans les régions de Bagdad et de Mossoul est accordée à l’Iraq Petroleum Company, dont les principaux actionnaires sont britanniques et français. En 1931, le gouvernement irakien accorde à l’Iraq Petroleum Company l’exclusivité pour la prospection et l’exploitation des champs pétrolifères de la région de Mossoul, en échange du versement annuel de 400 000 livres. Cette mainmise étrangère alimente un puissant courant nationaliste et le règne de Ghazi Ier, qui succède à son père, Fayçal Ier, en 1933, est marqué par plusieurs tentatives de coups d’État.

En 1936, des traités de non-agression sont signés avec l’Arabie saoudite, la Turquie et l’Iran. En avril 1939, le roi trouve la mort dans un accident de la route. Son fils Fayçal II, âgé seulement de 4 ans, lui succède et la régence est confiée à son oncle Abd Allah, Fayçal II ne devant régner effectivement qu’à partir de 1953.

5.4La Seconde Guerre mondiale

Conformément au traité de 1930, l’Irak rompt ses relations diplomatiques avec l’Allemagne dès septembre 1939 lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement est confié au général Nuri al-Saïd, probritannique. Cependant, en mars 1941, Saïd est déposé par un coup d’État, qui porte à la tête du pays Rachid Ali al-Kylani, un nationaliste favorable aux puissances de l’Axe. Les troupes britanniques occupent aussitôt le pays ; le régent est rétabli. Nuri al-Saïd reprend la tête du gouvernement. En 1942, l’Irak acquiert une grande importance logistique dans le dispositif allié au Proche-Orient. Le 17 janvier 1943, le pays entre officiellement en guerre contre les puissances de l’Axe.

En 1945 et 1946, les Kurdes se soulèvent ; les insurgés reçoivent le soutien de l’Union soviétique. Les Britanniques, craignant que les Soviétiques ne prennent le contrôle des champs pétrolifères du Nord, interviennent militairement. En avril 1947, les royaumes hachémites d’Irak et de Transjordanie signent un traité d’amitié et d’alliance prévoyant un soutien militaire et diplomatique mutuel. Aussitôt après la création d’Israël en mai 1948, les armées des deux pays attaquent le nouvel État. Défaits, l’Irak et la Transjordanie se résolvent à signer un armistice début 1949.

5.5Les années 1950

Cette défaite humiliante renforce l’opposition nationaliste qui demande la dénonciation du traité d’alliance avec la Grande-Bretagne. Le gouvernement irakien obtient l’augmentation des droits versés par l’Iraq Petroleum Company qui accepte finalement, en février 1952, un partage des bénéfices. En 1953, l’oléoduc Kirkuk-Banyas traversant le pays sur 911 km est inauguré.

Le pouvoir, cependant, resserre ses liens avec l’Occident. En avril 1954, un accord est conclu qui prolonge le soutien militaire américain à l’Irak. Cet accord provoque de vives réactions de la part de l’Union démocratique nationale, parti de gauche. Une crise politique s’ensuit, qui aboutit à l’interdiction de ce parti et à l’organisation de nouvelles élections, remportées par le parti gouvernemental.

Le 24 février 1955, la signature du pacte de Bagdad consacre l’ancrage du pays dans le bloc occidental. Ce traité d’assistance mutuelle, conclu avec la Grande-Bretagne, la Turquie, le Pakistan et l’Iran, constitue de fait un système de défense contre le bloc soviétique, sorte d’équivalent moyen-oriental de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Après la crise de Suez, l’influence britannique en Irak s’estompe au profit des États-Unis. Le 14 février 1958, en réaction à la création de la République arabe unie (RAU) liant l’Égypte et la Syrie, l’Irak et la Jordanie se fédèrent en une Union arabe de Jordanie et d’Irak. Nuri al-Saïd en devient le Premier ministre.

5.6La république d’Irak
5.6.1La chute de la monarchie

Le 14 juillet 1958, un coup d’État, dirigé par le général Karim Kassem et soutenu par les partisans de Nasser et les communistes, renverse la monarchie irakienne. Le roi Fayçal, le prince héritier et Nuri al-Saïd sont assassinés au cours du soulèvement. Le lendemain, le gouvernement, qui a proclamé la République, annonce la dissolution de l’Union arabe et le rapprochement avec la RAU. En mars 1959, l’Irak se retire du pacte de Bagdad.

Dès 1960, les communistes sont sévèrement réprimés, tandis que la lutte armée reprend avec les Kurdes. Le long conflit opposant le pouvoir aux Kurdes prend temporairement fin au début de l’année 1970, date à laquelle le gouvernement accepte la constitution d’une région kurde autonome.

5.6.2Le parti Baas au pouvoir

Le 8 février 1963, Kassem, dont le pouvoir se fait de plus en plus dictatorial, est renversé par un groupe d’officiers baasistes. Le général Abd al-Salem Aref est proclamé président. Dans un premier temps, les relations avec les pays occidentaux s’améliorent. Cependant, en 1964, Aref proclame la République démocratique et socialiste d’Irak et affirme son soutien à la RAU. Le 13 avril 1966, il est tué dans un accident d’hélicoptère. Son frère Abd al-Rahman lui succède.

Durant la guerre des Six-Jours, en 1967, des troupes et des avions irakiens sont dépêchés sur la frontière jordano-israélienne. Les oléoducs écoulant le pétrole vers les pays occidentaux sont fermés. Le 17 juillet 1968, le gouvernement du général Aref est renversé et le général Hasan al-Bakr est nommé à la tête du Conseil du commandement de la révolution (CCR).

Le régime se radicalise, resserrant les liens avec l’Union soviétique, avec laquelle est signé un traité d’amitié en 1972. La même année, l’Iraq Petroleum Company est nationalisée. Cette radicalisation s’exprime également au sein de la Ligue arabe : en 1971, l’Irak demande l’expulsion de la Jordanie, après la répression par l’armée jordanienne du mouvement palestinien armé (« Septembre noir «). Après la guerre du Kippour, en octobre 1973, l’Irak dénonce la signature par les autres pays arabes d’accords d’armistice avec Israël.

La même année, un conflit frontalier oppose le pays au Koweït, dont l’indépendance, en 1961, n’a pas été reconnue par Bagdad. En 1974, éclatent des manifestations chiites à Kerbela, tandis qu’au nord la guérilla kurde reprend plus vivement, armée et ravitaillée par l’Iran, pays avec lequel s’envenime le contentieux territorial sur le Chatt al-Arab. Au début de 1975, cependant, est conclu à Alger un accord entre Bagdad et Téhéran. L’Irak accorde à l’Iran d’importantes concessions territoriales dans le Chatt-al-Arab en contrepartie de quoi le régime iranien cesse de soutenir les Kurdes irakiens. La rébellion kurde peut dès lors être étouffée, et les populations kurdes sont déplacées hors des zones les plus sensibles du Kurdistan irakien.

5.7Les années de guerre

En juillet 1979, le général Saddam Hussein succède au président al-Bakr. Il impose rapidement un pouvoir personnel et népotique. Rompant avec le Parti communiste, il procède à des purges massives au sein du Baas et renoue avec les monarchies pétrolières du Golfe ainsi qu’avec les pays occidentaux.

5.7.1La guerre Iran-Irak

De nombreux États partagent avec Bagdad la crainte de voir s’étendre la révolution islamiste qui a porté le clergé chiite au pouvoir en Iran. En septembre 1980, l’Irak déclare nul et non avenu l’accord de 1975, accord pourtant négocié par Saddam Hussein, alors numéro deux du régime irakien. Trente mille chiites irakiens sont déportés. Le 22 septembre, l’Irak attaque son voisin iranien. Débute ainsi une longue et meurtrière guerre de position, durant laquelle le gouvernement irakien ne cesse pas son action répressive contre les « Arabes des marais « chiites du Sud et les Kurdes, qui ont pris le contrôle des zones frontalières : en 1987, des villages kurdes sont décimés par des armes chimiques.

La guerre Iran-Irak ne s’achève qu’avec la signature d’un cessez-le-feu, le 20 août 1988. Les deux pays sont exsangues mais l’Irak peut reconstruire son outil militaire, en partie grâce à des crédits bancaires occidentaux et à la technologie acquise en Europe occidentale et aux États-Unis.

5.7.2La guerre du Golfe et ses conséquences

En 1990, l’Irak s’oppose au Koweït, son allié durant la guerre contre l’Iran, au sujet du prix du pétrole et du règlement de la dette irakienne. Le contentieux territorial est cependant au cœur de la confrontation. Les troupes irakiennes envahissent le Koweït le 2 août et prennent bientôt le contrôle de tout le pays, le déclarant 19e province irakienne. L’Irak refusant de se retirer du Koweït, malgré l’ultimatum lancé par le Conseil de sécurité de l’ONU, une coalition conduite par les États-Unis est levée contre l’agresseur. La guerre du Golfe se révèle désastreuse pour l’Irak, dont les troupes sont chassées du Koweït en six semaines. La population civile paie un lourd tribut, le territoire irakien étant soumis à des bombardements intensifs par les forces de la coalition. En avril, l’Irak est contraint d’accepter le cessez-le-feu définitif imposé par l’ONU.

Le gouvernement de Bagdad utilise ses dernières forces militaires pour étouffer les soulèvements des chiites au sud et des Kurdes au nord. Des centaines de milliers de Kurdes fuient vers la Turquie et l’Iran. Des troupes américaines, britanniques et françaises débarquent dans le nord de l’Irak pour y installer des camps destinés à abriter quelque 600 000  Kurdes réfugiés dans la montagne pour échapper aux représailles de Bagdad. Une zone d’exclusion aérienne est définie.

L’ONU exige le démantèlement des capacités de destruction massive (armement nucléaire, bactériologique et chimique) de l’armée irakienne ; celui-ci commence en 1992. En juin 1993, invoquant un complot irakien contre l’ancien président américain George Bush, les États-Unis lancent des missiles contre l’Irak. Isolé sur la scène internationale et confronté à l’opposition croissante d’une partie de la classe dirigeante, le pouvoir irakien se raidit davantage, la répression touchant même des membres de la famille de Saddam Hussein.

Les sanctions économiques imposées par l’ONU en 1990 et reconduites en 1992 — l’Irak ayant refusé aux inspecteurs des Nations unies un accès complet aux sites militaires — plongent le pays dans la misère. Toutefois, en mai 1996, l’Irak accepte la mise en œuvre de la résolution 986 du Conseil de sécurité dite « Pétrole contre nourriture «, votée le 14 avril 1995 — autorisation pour l’Irak d’exporter du pétrole pour une valeur maximale de 2 milliards de dollars par semestre, révisée à 5,2 milliards en avril 1998, les recettes devant être affectées à des dépenses humanitaires (médicaments, alimentation), et une partie étant destinée aux Kurdes d’Irak, divisés en différentes factions rivales et affaiblis par les attaques de l’armée turque contre le PKK.

Profitant de ces conflits, Saddam Hussein tente, en août 1996, de reprendre pied dans la zone du Kurdistan irakien, provoquant un nouvel exode massif des populations, ainsi qu’une brève intervention des États-Unis.

5.7.3La question du désarmement

La question du désarmement de l’Irak demeure centrale et conduit à des crises récurrentes avec les Américains et la communauté internationale. En novembre 1997, après l’expulsion d’experts américains de la Commission spéciale des Nations unies chargée du désarmement irakien (Unscom), Saddam Hussein interdit l’accès de plusieurs sites stratégiques, appelés « sites présidentiels «, à tous les membres de l’Unscom. Les États-Unis renforcent alors leur dispositif militaire dans le golfe Arabo-Persique, mais la menace d’une intervention d’envergure est évitée, grâce à un accord entre Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, et Saddam Hussein en février 1998. Cet accord prévoit le principe du libre accès des inspecteurs de l’Unscom à tous les sites suspects, sans limitation de temps.

Le revirement de l’Irak a pour effet de mettre au jour les divisions croissantes entre les membres du Conseil permanent de l’ONU et d’isoler les États-Unis face à une communauté internationale refusant, mis à part la Grande-Bretagne, de suivre leur politique en Irak.

À l’automne 1998, l’Irak remet en cause le rôle et la composition de l’Unscom, accusée d’être sous contrôle américain et britannique (en janvier 1999, les États-Unis reconnaissent avoir utilisé l’Unscom à des fins de renseignement).

En décembre, l’obstruction mise par l’Irak à la visite de certains sites entraîne des bombardements américano-britanniques. L’opération « Renard du désert « met fin de facto à la mission de l’Unscom. Une guerre d’usure suit les raids aériens, tandis que le régime, confronté à la montée des extrémistes islamistes, continue à réprimer toute opposition, qu’elle soit chiite (assassinats de religieux en avril 1998, émeutes en janvier et avril 1999) ou kurde.

Alors que l’Irak connaît en 1999 une sécheresse sans précédent depuis cinquante ans, et malgré la prolongation du programme « pétrole contre nourriture «, l’Unesco dénonce les effets catastrophiques de l’embargo (la mortalité infantile a doublé en dix ans). Pourtant, Bagdad continue à rejeter en mai 2000 la résolution 1284 de l’ONU votée en décembre 1999 qui prévoit la suspension sous conditions des sanctions. Le gouvernement irakien, qui met en avant ses efforts, réclame la mention explicite d’une levée de l’embargo et l’arrêt de l’inspection de son armement.

En avril, un nouvel organisme de désarmement de l’Irak — l’Unmovic — est créé, avec à sa tête Hans Blix, ancien président de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Alors que les États-Unis usent d’un ton plus ferme à l’égard de l’Irak à partir de l’accession au pouvoir de George W. Bush, des avions américains et britanniques procèdent à des bombardements au nord du 33e parallèle, près de Bagdad, le 16 février 2001. En riposte à des attaques de la DCA irakienne qui visent depuis un mois et demi les appareils américains et britanniques affectés à la surveillance des zones d’exclusion aériennes au nord du 36e parallèle et au sud du 33e parallèle, ces raids sont les premiers depuis décembre 1998 à toucher la capitale. Au mois de mai, le fils de Saddam Hussein, Qsay, est élu à la tête du parti Baas.

5.7.4L’offensive américano-britannique et la chute de Saddam Hussein

En janvier 2002, quelques mois après les attentats qui ont frappé les États-Unis le 11 septembre 2001, Georges W. Bush déclare, dans son discours sur l’état de l’Union, que l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord constituent un « axe du mal «. Le 16 octobre 2002, Saddam Hussein est réélu à la présidence de la République pour sept ans, lors d’un référendum qui recueille 100 p. 100 de participation et 100 p. 100 de « oui «. La résolution 1441 de l’ONU (8 novembre 2002) exige l’élimination par l’Irak de ses armes de destruction massive sous peine d’un recours à la force. La situation est de plus en plus tendue et incertaine alors que les inspections se poursuivent, que des manifestations pacifistes se déroulent dans le monde entier et que le Conseil de sécurité de l’ONU est divisé sur l’opportunité de recourir à la force contre l’Irak. Mais les premiers bombardements américano-britanniques sur Bagdad marquent le début de la guerre le 20 mars 2003, après l’expiration d’un ultimatum de 48 heures lancé par George W. Bush à Saddam Hussein.

L’opération « Liberté de l’Irak « se traduit par des bombardements intensifs de Bagdad et par la progression à terre des forces américano-britanniques qui prennent Bagdad les 8-9 avril et procèdent au déboulonnage symbolique des statues de Saddam Hussein. Au même moment, les Kurdes, soutenus par les forces américaines, prennent Kirkouk et Mossoul. Après la prise de Tikrit, le fief de Saddam Hussein, les forces anglo-américaines s’attachent à « sécuriser « le pays, en proie aux pillages. Alors que les Américains désignent un administrateur civil de l’Irak en la personne de Paul Bremer, les chiites se rendent en pèlerinage par centaines de milliers à Kerbala où ils célèbrent leur liberté de culte retrouvée. Le ministre des Affaires étrangères irakien, Tarek Aziz, se rend le 24 avril. Le 1er mai, Georges W. Bush annonce la fin des « opérations de combat majeures «, tandis que la reconstruction de l’Irak est à l’ordre du jour. La résolution 1483 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 22 mai 2003 en confie la responsabilité à la coalition américano-britannique.

Mais, au cours des mois suivants, la violence reste omniprésente en Irak. Des accrochages quotidiens ont lieu entre des groupes armés et les forces anglo-américaines et de nombreux attentats sont perpétrés, comme celui qui cause la mort du représentant spécial de l’ONU en Irak, Sergio Vieira de Mello ou ceux qui frappent la communauté chiite. Au mois de juillet, l’administration américaine met en place un Conseil de gouvernement irakien dont la première action est d’instaurer une fête nationale le 9 avril, jour de la chute de Saddam Hussein. Il comprend 25 membres chiites, sunnites, kurdes, chrétiens et turkmènes. Sur le plan économique, l’Irak réintègre l’OPEP tandis qu’une conférence des donateurs réunie à Madrid rassemble 33 milliards de dollars d’aide pour l’Irak. Alors que les attentats-suicides se multiplient et touchent de plus en plus la population, l’administration américaine réfléchit à la mise en place d’une transition plus rapide que prévue passant par la mise en place d’un gouvernement irakien et d’une Assemblée constituante. Au mois d’octobre 2003, la résolution 1511 du Conseil de sécurité de l’ONU approuve la mise en place en Irak d’une force multinationale. Après plus de 8 mois de traque, Saddam Hussein, réfugié dans une cachette sous terre près de Tikrit, est capturé le 13 décembre 2003 par l’armée américaine. Son arrestation est accueillie avec soulagement dans le monde entier mais les attentats se poursuivent en Irak et la question du jugement de l’ancien dictateur reste ouverte.

Au mois de mars 2004, le Conseil de gouvernement irakien parvient à un accord sur la Loi fondamentale. Cette Constitution provisoire reconnaît l’islam comme religion d’État. Le mois suivant est marqué par la rébellion de chiites radicaux contre les forces de la coalition, qui doivent désormais faire face à la « résistance « sunnite mais aussi à la guérilla chiite. Les attaques s’accentuent à l’approche du transfert de souveraineté au peuple irakien, prévu le 30 juin aux termes de la résolution 1546 du Conseil de sécurité de l’ONU.

5.7.5La transition démocratique

Le 28 juin, avec deux jours d’avance sur le calendrier officiel, l’Autorité provisoire de la coalition, dirigée par Paul Bremer, rend le pouvoir au gouvernement intérimaire irakien. Résultat d’un difficile dosage entre les différentes communautés irakiennes, le nouvel exécutif irakien est dirigé par le chiite Iyad Allaoui et présidé par Ghazi al-Yaouar, chef d’une grande tribu sunnite. Chargé principalement de conduire le pays aux élections générales prévues en janvier 2005 et d’établir la sécurité, le gouvernement irakien est confronté à la faiblesse de son pouvoir, à la tête d’une armée et d’une police encore embryonnaires et face à une opposition violente. Alors que la force multinationale (environ 130 000 soldats américains et 30 000 d’autres nationalités) est maintenue, la situation en Irak semble dans une impasse sanglante, entre attentats, prise d’otages d’Occidentaux et affrontements.

Les combats se poursuivent durant l’automne 2004, en particulier dans la ville de Najaf, foyer de la guérilla chiite, puis dans le bastion sunnite de Falloujah, théâtre d’une vaste opération militaire américaine au mois de novembre. En dépit de la persistance des violences, les élections visant à élire l’Assemblée nationale transitoire se déroulent comme prévu le 30 janvier 2005. Près de 8,5 millions d’Irakiens se rendent aux urnes, bravant la menace terroriste. Avec un taux de participation remarquable de 60 p. 100, ces premières élections multipartites depuis plusieurs décennies sont qualifiées de succès par l’occupant américain et les observateurs internationaux. Le scrutin, largement boycotté par l’électorat sunnite, marque la fin de l’isolement de la majorité chiite et de la minorité kurde, traditionnellement écartées du pouvoir sous le régime pro-sunnite de Saddam Hussein. Il se solde en effet par une large victoire de l’Alliance irakienne unifiée, menée par Abdel Aziz al-Hakim ; soutenue par le populaire Grand ayatollah Ali Sistani, la formation chiite obtient 48 p. 100 des suffrages, devant l’Alliance kurde (26 p. 100 des suffrages). La liste du Premier ministre intérimaire sortant Iyad Allaoui, chiite laïc désavoué pour ses liens avec les forces d’occupation, ne recueille que 14 p. 100 des voix. Au mois d’avril suivant, le sunnite Hajem Al-Hassani est élu président de l’Assemblée nationale transitoire et le Kurde Jalal Talabani est élu à la présidence de l’Irak par les députés, tandis que les postes de vice-présidents sont occupés par un chiite et un sunnite. Le Conseil présidentiel nomme le chiite Ibrahim al-Jaafari au poste de Premier ministre. Beau-frère d’Ali Sistani, il détient véritablement le pouvoir, la présidence de l’État étant plus représentative qu’exécutive.

Tandis que le pays s’enlise dans la violence, le processus de reconstruction politique de l’Irak se poursuit avec la rédaction d’un projet de Constitution soumis à référendum le 16 octobre 2005. Le scrutin est organisé avec le concours des Nations unies et dans le cadre d’un important dispositif de sécurité — le mois de septembre est particulièrement meurtrier (700 morts et 850 blessés), avec une vague d’attentats contre la communauté chiite perpétrée par la guérilla sunnite soutenue par la branche irakienne du réseau Al Qaida dirigée par Abou Moussab al-Zarqaoui. Âprement négocié entre chiites, kurdes et sunnites (attachés à un État unitaire centralisé), le texte est approuvé par 78 p. 100 des suffrages avec un taux de participation de 63 p. 100, à l’issue d’un scrutin globalement régulier et sans incidents majeurs. Il consacre le principe du fédéralisme, reconnaît le caractère « multiethnique et multifonctionnel « de l’État irakien et garantit les droits des minorités et des femmes. Il institue l’islam comme la religion officielle et une source principale du droit, et stipule qu’aucune loi ne peut « contrevenir aux principes de la démocratie «.

La transition politique s’achève le 15 décembre 2005 par la tenue d’élections législatives. Ce scrutin se déroule sans fraude massive et enregistre un taux de participation de près de 80 p. 100. Il se solde par la large victoire de la liste chiite conservatrice de l’Alliance irakienne unifiée, qui recueille 41 p. 100 des suffrages, soit 128 des 275 sièges du Conseil des représentants de l’Irak. Le Bloc kurde en obtient 53 (21,6 p. 100 des voix), et le Front irakien de la concorde (sunnite), 44 (15 p. 100 des voix). Le Parlement désigne le chiite Nouri Al-Maliki comme Premier ministre. Celui-ci est investi en mai 2006, après plusieurs mois de négociations nécessaires à la formation d’un gouvernement d’union nationale, qui comprend des ministres chiites, kurdes, sunnites et laïcs. Dans un contexte marqué par la persistance des violences meurtrières, le nouveau Premier ministre affiche sa fermeté contre le terrorisme. Selon un rapport publié par l’ONU en juillet 2006, le nombre de victimes civiles s’élèverait à 50 000 depuis 2003, dont 15 000 depuis le début de l’année 2006, soit 100 civils tués chaque jour par des actes terroristes (assassinats ciblés, attentats) « fomentés pour créer des violences entre communautés «.

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