Irak (1983-1984)
Publié le 16/09/2020
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Irak 1983-1984
Avant d'envahir l'Iran, en septembre 1980, l'Irak apparaissait comme un État aux
très riches possibilités.
Deuxième exportateur mondial de pétrole en 1979,
l'Irak avait des réserves financières considérables (35 milliards de dollars
avant le conflit), lui permettant de poursuivre un développement industriel
amorcé depuis 1958, et surtout d'envisager de gigantesques projets, qui devaient
à la fois assurer le développement de l'État et confirmer le rayonnement
politique de l'Irak dans le tiers monde, particulièrement dans le Golfe.
Mais les rêves de grandeur du président Saddam Hussein se sont brisés dans une
guerre atroce, dont le bilan humain est particulièrement lourd.
Le chiffre exact
des pertes humaines a été volontairement caché par le ton triomphateur des
propagandes officielles des deux belligérants, insistant uniquement sur les
pertes de l'adversaire.
Les estimations les plus sérieuses évoquaient au
printemps 1984, 100 000 morts pour l'Irak, trois fois plus pour l'Iran.
Incontestablement, l'Irak est pris dans le piège de la guerre qu'il a
déclenchée.
Certes, depuis 1982, il voudrait arrêter ce conflit, mais les appels
de Bagdad à la négociation et les différentes tentatives de médiation islamique
ont été systématiquement rejetées par Téhéran.
Les bilans politique et économique de cette guerre sont également désastreux
pour l'Irak.
La conférence des pays non alignés qui devait se tenir à Bagdad,
illustrant la montée de la puissance irakienne et son rôle dans le tiers monde,
n'a pu s'y réunir, au grand désespoir du président Saddam Hussein, conscient de
cette défaite politique.
Le bilan économique est encore plus catastrophique.
Aux dépenses militaires très
importantes (de l'ordre d'un milliard de dollars par mois), s'ajoute la
diminution spectaculaire des recettes pétrolières: proches de trente milliards
de dollars en 1980, elles ne dépassaient guère sept milliards en 1983.
Malgré
l'aide massive des "pétro-monarchies" du Golfe (seize milliards de dollars pour
la seule année 1982), l'Irak, après avoir épuisé toutes ses réserves
financières, s'est retrouvé proche de la banqueroute au milieu de l'année 1983.
Une rigoureuse politique d'austérité à l'intérieur du pays, une habile politique
de négociations avec ses fournisseurs (en particulier la France) pour le
règlement de ses dettes et leur rééchelonnement ont permis à l'Irak d'obtenir un
répit d'un an ou deux.
Mais, si la guerre avec l'Iran devait se poursuivre, les
perspectives d'avenir seraient assez sombres, d'autant plus que les pays
pétroliers du Golfe, prétextant leurs propres difficultés, ont déjà réduit en
1984 leur soutien financier à l'Irak.
C'est pourquoi il était vital que l'Irak retrouve de nouvelles possibilités
d'exportations pétrolières.
La destruction des terminaux pétroliers de Fao dans
le Golfe, puis la fermeture par la Syrie de l'oléoduc conduisant le pétrole
irakien vers Banias et Tripoli ont en effet eu des conséquences économiques
dramatiques ; il ne restait à l'Irak que l'oléoduc Kirkouk-Dortyol (près
d'Iskenderun en Turquie), attaqué à plusieurs reprises par des maquisards
kurdes, et qui a vu en 1984 sa capacité passer de 700 000 à 1 000 000 de barils
par jour.
Mais les dirigeants irakiens envisageaient également la construction
de nouveaux oléoducs: le premier projet devrait relier Kirkouk au port jordanien.
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