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Introduction de l’analyse linéaire de la Lettre LXXXI des Liaisons dangereuses

Publié le 06/05/2024

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« Introduction de l’analyse linéaire de la Lettre LXXXI des Liaisons dangereuses Présentation du contexte Au début du XVIIe siècle, on voit se développer le courant du libertinage érudit, qui consiste à critiquer le pouvoir de la religion.

Les libertins de cette époque sont des savants, des intellectuels et des philosophes, ils n’ont pas grand-chose à voir avec l’image moderne des libertins. Un siècle plus tard, au XVIIIe, on voit naître le roman libertin avec Sade comme principal représentant.

Ce type d’ouvrage met en scène des personnages libérés de la morale et assoiffé de plaisirs, souvent physiques. Présentation de l’auteur Lettre LXXXI des Liaisons Dangereuses : Analyse Linéaire (Bac 2023) Choderlos de Laclos est né en 1741 et mort en 1803.

Il est issu d’une famille noble et mène une carrière principale de militaire.

Sur son temps libre il lit et écrit.

Son roman le plus célèbre est un roman libertin : Les liaisons dangereuses. Présentation du texte Publié en 1782, Les liaisons dangereuses est un roman épistolaire mettant en scène deux personnages libertins se défiant dans des jeux de séduction.

Le roman rencontre un grand succès même s’il choque à sa sortie.

Il pose notamment la question de la place des femmes dans la société. Présentation du passage Dans la lettre LXXXI, la Marquise de Merteuil, l’un des deux protagonistes, fait le récit de son enfance et de son apprentissage au Vicomte de Valmont.

C’est pour elle l’occasion de rappeler au Vicomte qu’elle est une femme supérieure, aux autres femmes, mais aussi à lui-même. Problématique Ce passage pose la question de la place des femmes dans la société.

Aussi, nous nous demanderons en quoi l’autoportrait de la Marquise de Merteuil révèle l’hypocrisie de la société de son époque. Plan Pour répondre à cette question, nous suivrons les mouvements du texte. D’abord, nous verrons la supériorité de la Marquise de “Mais moi” à “ouvrage”. Puis, nous aborderons l’apprentissage de la Marquise de “entrée dans le monde” à “si étonné”.

Ensuite, nous évoquerons la manipulation dont sait faire preuve la marquise de “j’étais bien jeune encore” à “je voulais acquérir”.

Enfin, nous passerons aux plaisirs cachés à la Marquise de “vous jugez bien” à “le goûter”. Lettre LXXXI des Liaisons Dangereuses : Analyse Linéaire Analyse linéaire Lettre LXXXI Partie I.

: La supériorité de la marquise Dès le début du texte, la marquise utilise la conjonction d’opposition complétant le pronom personnel « mais moi » pour marquer une distance entre elle et « ces femmes inconsidérées ».

On note ici la connotation péjorative liée à l’emploi de l’indéfini. L’utilisation de la question rhétorique impose en effet la réponse par la négative (elle n’a rien de commun avec les autres femmes) et témoigne aussi de l’emportement de la marquise.

Elle est blessée qu’on ait pu douter de sa valeur. Il en va de même pour la question suivante, qui est marquée par l’omniprésence du « je », sous la forme de pronoms personnels et possessifs « m’» ; « m’ » ; « je me » ; « mes » ; « je » ; « mes ».

Cette hypertrophie du « je » souligne l’orgueil de la marquise. « je dis mes principes, et je le dis à dessein » : insistance, répétition du « je », elle montre qu’elle sait parfaitement ce qu’elle fait et ce qu’elle dit, donc elle démontre une maîtrise totale de sa personne. L’opposition entre elle et les autres femmes est reprise, cette fois par rapport à ses principes qui ne sont pas similaires à « ceux des autres femmes ». Elle se place de nouveau au-dessus de ce groupe – dont l’indétermination renforce le caractère unique de la marquise – en critiquant ses principes, avec le rythme ternaire : « donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude ». Cette structure permet de montrer que si l’enseignement est mauvais (« donnés au hasard ») il appartient aux femmes de le remettre en question, ce qu’elles ne font pas (« reçus sans examens »).

Elles finissent par accepter une condition médiocre « par habitude ». Au contraire, Merteuil réfléchit comme le montre le groupe nominal « mes profondes réflexions » où l’adjectif métaphorique évoque un véritable examen de conscience. Enfin, l’idée de création ex nihilo (à partir de rien) place la marquise dans une position presque divine (« je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage »).

Ainsi, elle affirme n’être pas un produit d’une éducation sociétale, comme ses contemporaines, mais posséder sur elle-même un empire total. Elle se donne une image presque divine, elle n’est pas créée par la société mais par son propre artisanat. Analyse linéaire Lettre LXXXI Partie II.

: La dissimulation Ensuite, la marquise revient sur sa jeunesse, son apprentissage en réaction à celui que la société a voulu lui imposer. La construction binaire « vouée par état au silence et à l’inaction » est immédiatement contredite par une autre construction binaire : « j’ai su en profiter pour observer et réfléchir ».

Alors que la société attendait d’elle une soumission de par son sexe, la marquise a prétendu lui donner satisfaction tout en affutant ses compétences (observation et réflexion). L’opposition entre les attentes de la société et le comportement de la marquise souligne le fait qu’elle refuse le rôle qui lui a été attribué. Le pronom impersonnel « on » réduit la société à deux lettres et place tout le monde dans « le même panier ».

Ainsi, elle s’oppose à cette société patriarcale dans son ensemble. Une société qui manque de discernement, car elle ne remarque pas la dissimulation de la marquise et la pense juste « étourdie ou distraite ».

Il est clair ici que les personnes chargées de son « éducation » ne cherchent pas plus loin, puisqu’ils n’attendent pas d’elle, une femme, une grande présence d’esprit. La construction antithétique de la fin de la phrase opposant « les discours qu’on s’empressait à me tenir » à « ceux qu’on cherchait à me cacher » met en valeur l’échec de l’éducation vertueuse de la marquise, puisqu’elle a su chercher les vérités dissimulées derrière les dogmes sociétaux. Ainsi, la société est la première à dissimuler, et on peut penser que l’art de la dissimulation de la marquise de Merteuil s’est formé en réaction nécessaire à l’hypocrisie sociétale. On note que les champs lexicaux de l’éducation et de la dissimulation s’entrelacent, comme s’il était nécessaire pour une femme de se cacher pour pouvoir réellement s’éduquer.

La construction binaire (subordonnée participiale) « en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler » véhicule la même idée. Ensuite les termes du lexique de l’éducation sont souvent appuyés par des pronoms personnels ou possessifs de 1ère personne (« m’instruire », « m’apprit » etc.).

Ce qui soulignent la nécessité pour la marquise d’être autodidacte pour pouvoir s’émanciper des codes hypocrites de son temps. La dissimulation forcée d’abord de la marquise a pu ensuite muer pour devenir un outil à sa disposition : « j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que vous avez loué si souvent.

» Ici, le pronom personnel « vous » désigne Valmont, à qui elle écrit.

Elle le prend à témoin pour le forcer à constater sa supériorité dans l’art de dissimuler. Dans les lignes suivantes, elle témoigne de la discipline rigoureuse nécessaire à l’atteinte de ses objectifs : « je tâchai » ; « j’ai porté le zèle » ; « je me suis travaillé » ; « le même soin » ; « peine » ; « réprimer ».

Ainsi l’on peut observer tous les efforts de la marquise pour ne jamais rien laisser paraître de ses sentiments. Les antithèses (« chagrin » / « joie » et « douleurs » / « plaisir ») mettent en valeur la notion de dissimulation, en effet, ce qui apparaît (joie et plaisir) est contraire à la vérité (chagrin et douleurs). La marquise a appris à masquer ses émotions pour pouvoir, manipuler sa « physionomie » tel un polymorphe, afin d’être à même de devenir maîtresse en l’art de la manipulation, comme la connait Valmont, qu’elle prend de nouveau pour témoin du succès de son entreprise : « c’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonné.

» Il est utile de rappeler que la société, qui ne tolère pas les mêmes choses chez les femmes que chez les hommes, lui impose de porter ce masque de dissimulation pour préserver un honneur et une réputation bien plus fragiles chez une femme que chez un homme. Analyse linéaire Lettre LXXXI Partie III.

: La manipulation.... »

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