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« II se faut prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même ». Vous expliquerez et vous discuterez ce précepte de Montaigne.

Publié le 09/12/2021

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Là encore, les adeptes modernes de Montaigne ne manquent pas. Ils cherchent à jouir totalement de leur être, eux aussi, en se souciant le moins possible de leur entourage. Tyranneaux domestiques, bureaucrates pusillanimes, les Joseph Prud'homme abondent ; ils ne se retirent pas dans les « librairies », mais ils soignent leur confort physique, choisissent leur fauteuil et leurs pantoufles, se consacrent à leurs collections. Ils ne sont que les caricatures de ce que souhaitait Montaigne. A un niveau plus élevé, nous retrouvons les mêmes principes chez le héros des Thibault, Antoine, le médecin. Que ce soit en amour ou en politique, il se refuse à s'engager tout entier, pour préserver l'équilibre qui constitue sa force essentielle. Le Ménalque de Gide et le Philippe de Barrés recherchent l'un la totalité des sensations, l'autre la conquête de sa personnalité. Et leurs tentatives ont suscité de multiples imitateurs. II. L'ÉGOISME DE CE POINT DE VUE A l'époque cependant, elles ont suscité aussi de nombreux détracteurs, dont Barrés évoque les « récriminations, les sempiternelles déclamations ».

« INTRODUCTION Montaigne a fait dans les Essais oeuvre de moraliste : s'analysant lui-même avec lucidité, il est parvenu à uneconnaissance approfondie de la nature humaine, car, écrit-il, « chaque homme porte la forme entière de l'humainecondition ».

Aussi des conclusions se dégagent-elles de son étude, tantôt implicites, tantôt énoncées sous forme demaximes telles que celle-ci : «11 se faut prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même».

Ce précepte est de ceuxqui ont paru justifier le reproche d'égoïsme si souvent adressé à Montaigne.

Mais ne faut-il pas y découvrir plutôt lamarque d'un esprit réaliste, qui sait borner ses exigences et ne pas réclamer des hommes plus qu'on n'en peutraisonnablement obtenir ? I.

LE POINT DE VUE DE MONTAIGNE Montaigne lui-même mit en pratique le conseil qu'il donne ici.

Il accepta de mauvais gré les responsabilitésmunicipales, se retira volontiers de son « ménage », se conduisit très prudemment lors de l'épidémie de peste, etencouragea en toutes circonstances une mollesse qu'avait favorisée son éducation.Ce n'est pas là une attitude isolée : la vie courante nous en fournit chaque jour des exemples.

Beaucoup d'enfantsreçoivent fréquemment le conseil de « se défendre », de laisser les autres « s'arranger entre eux ».

Parfois lesaccidents donnent lieu à des scènes pitoyables où les témoins fuient leurs responsabilités, hésitent même à portersecours aux victimes.

A tous les niveaux, les activités bénévoles trouvent peu d'amateurs.Cette conduite élémentaire, dictée par l'égoïsme instinctif de l'être humain, est quelquefois érigée en système.

Si l'«égotisme » de Stendhal prend cette forme, il s'épanouit plus nettement, à la fin du XIXe siècle, chez André Gide ouMaurice Barrés.

Dans Les Nourritures Terrestres, Ménalque refuse tout attachement, et la disponibilité est une fuitepermanente ; pour le héros du Culte du Moi, les hommes sont les « Barbares » en face desquels il doit s'affirmer. Ce refus de l'engagement, dans tous les cas cités, vise un même but : qu'il s'agisse d'égoïsme ou d'égotisme, le«moi» est la fin de toute action.

Ce don exclusif à soi-même prend plusieurs formes chez Montaigne.

Il consisted'abord en une recherche systématique du genre de vie le mieux adapté à ses tendances profondes.

La quête dubonheur repose sur une étude détaillée de soi : qu'il définisse son attitude en face de la politique ou qu'il constateson inaptitude à réfléchir assis, l'auteur des Essais a toujours pour fin la satisfaction de sa propre nature.Là encore, les adeptes modernes de Montaigne ne manquent pas.

Ils cherchent à jouir totalement de leur être, euxaussi, en se souciant le moins possible de leur entourage.

Tyranneaux domestiques, bureaucrates pusillanimes, lesJoseph Prud'homme abondent ; ils ne se retirent pas dans les « librairies », mais ils soignent leur confort physique,choisissent leur fauteuil et leurs pantoufles, se consacrent à leurs collections.Ils ne sont que les caricatures de ce que souhaitait Montaigne.

A un niveau plus élevé, nous retrouvons les mêmesprincipes chez le héros des Thibault, Antoine, le médecin.

Que ce soit en amour ou en politique, il se refuse às'engager tout entier, pour préserver l'équilibre qui constitue sa force essentielle.

Le Ménalque de Gide et le Philippede Barrés recherchent l'un la totalité des sensations, l'autre la conquête de sa personnalité.

Et leurs tentatives ontsuscité de multiples imitateurs. II.

L'ÉGOISME DE CE POINT DE VUE A l'époque cependant, elles ont suscité aussi de nombreux détracteurs, dont Barrés évoque les « récriminations, lessempiternelles déclamations ».

Ses principes, en effet, contredisent l'altruisme inconditionnel prêché habituellementpar la morale. Les commentateurs ont jugé sévèrement l'attitude de Montaigne dans les circonstances que nous avons signalées ;on a pu y voir la marque d'une lâcheté égoïste qui conduisit plusieurs fois l'écrivain à se retrancher de lacommunauté humaine, par souci de sa tranquillité personnelle.

Sans les Essais, Montaigne n'eût été qu'ungentilhomme paresseux et obscur.

Son éducation avait fortifié son penchant à l'indolence, et son refus de suivrel'exemple paternel le fit peut-être faillir à sa mission.Ses principes vont à rencontre de ceux que nous préférons aujourd'hui, sa vie nous paraît beaucoup moinsexemplaire que celle d'Agrippa d'Aubigné, qui sut agir et défendre son idéal sans sombrer dans le fanatisme.

DePolyeucte au Katow de la Condition humaine, notre littérature est riche de personnages qui sacrifient tout à lacause qu'ils croient juste ; ce don total de soi, c'est celui des personnages de Saint-Exupéry, mourant pourl'Aéropostale ; celui, dans la Peste, du docteur Rieux renonçant à toute vie personnelle pour enrayer une épidémie ;celui des hommes qui se battent quotidiennement pour ce qu'ils croient juste.

La phrase de Montaigne semblecondamner toute forme d'héroïsme, tout acte qui subordonne l'intérêt personnel à celui d'autrui. Montaigne justifie cependant son dessein par la connaissance qu'il acquiert de la nature humaine à travers sa proprenature.

Cette source d'inspiration parut scandaleuse à Pascal : « Le sot projet, écrivit-il, qu'il a de se peindre ».

Vuesous l'angle religieux, l'oeuvre de Montaigne enfreint apparemment la loi évangélique d'altruisme.La formule est équivoque en effet.

L'homme qui se préoccupe seulement de lui-même peut le faire avec le soucilouable de se perfectionner.

Mais il risque aussi de s'évader dans un monde intérieur qui le coupera de l'action — etl'on songe à J.-J.

Rousseau, à Amiel surtout.

Il risque enfin de perdre tout sentiment de la place exacte qu'il occupedans le monde : qui ne connaît dans son entourage quelqu'un de ces êtres insupportables, incapables de parlerd'autre chose que d'eux-mêmes ? Tous les grands poètes romantiques ont senti le danger, et sont passés del'effusion lyrique à l'expression de souffrances plus générales.

Lamartine, dans sa lettre à Félix Guillemardet, donne à. »

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