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HUME, Enquête sur les principes de la morale.

Publié le 15/05/2020

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« L'objet de l'Enquête est la détermination de l'origine véritable de la moralité.

Quelle est l'origine des distinctions que nous faisons entre le bien et le mal, entre la vertu et le vice?L'Enquête peut être lue comme la réponse de Hume aux « selfish systems of morals », autrement dit aux morales de l'intérêt, de l'égoïsme, qui reposent sur l'idée d'un principeégoïste gouvernant la nature humaine, et nient l'existence du sentiment naturel de bienveillance envers autrui.

Hobbes est le représentant emblématique de telles conceptions.Comment Hume s'y prend-t-il pour le réfuter, et montrer l'existence d'un sens moral naturel, à côté de l'intérêt personnel? (Les pages que nous citons sont celles de l'édition GF) Section 1 : Des principes généraux de la morale. Hume commence l'Enquête par le constat suivant : il existe des distinctions morales.

De fait, nous sommes touchés « par les images du bien et du mal ».

Certes, ces images ne noustouchent pas tous de la même manière et avec la même intensité, certains y sont plus sensibles que d'autres, puisque nous sommes par nature différents ; mais « si grande quepuisse être l'insensibilité d'un homme », il ne peut être totalement indifférent aux exemples de vertu et de vice qu'il rencontre.

Ce constat formulé par Hume est un constatd'expérience, fondé a posteriori, et qui a la valeur d'une évidence, au point que d'après lui, ceux qui ont nié la réalité des distinctions morales que nous faisons spontanément entreles exemples du bien et ceux du mal ne sont pas sincères, parce qu' « il n'est pas concevable qu'un être humain puisse jamais croire sérieusement que tous les caractères et tous lesactes ont un droit égal à l'assentiment et à la considération de chacun »(p.69).

Ceux qui sont visé ici sont tout autant les sceptiques, et notamment Sextus Empiricus (voirHypotyposes, III, 168 et 239), que Hobbes, qui pose l'absence de distinction entre le bien et le mal à l'état de nature. Les distinctions morales existent donc, c'est un fait.

On peut alors s'interroger sur leur provenance, sur ce qui les rend possibles : quels sont les fondements généraux de la morale?D'où vient-il que nous désapprouvions spontanément les exemples de vice, et approuvions au contraire les exemples de vertu? D'où provient « la sentence finale qui déclare lescaractères et actions aimables ou odieux, dignes d'éloge ou de blâme, qui les marque du sceau de l'honneur ou de l'infamie, de l'approbation ou de la condamnation, qui fait de lamoralité un principe actif? » (p.73).

Il semble qu'il y ait deux voies possibles pour répondre à cette question : soit les distinctions morales proviennent de la raison, soit ellesproviennent du sentiment.

Autrement dit, il s'agit de savoir si l'on atteint la connaissance de la morale « par un enchaînement d'arguments et d'inductions, ou par une sensationimmédiate et un sens intérieur plus aigu, si, comme tout jugement sain de vérité ou d'erreur, elle doit être la même pour tous les êtres rationnels et intelligents, ou bien si, comme ilen va de la beauté et de la laideur, elle relève entièrement de l'étoffe et de la constitution spécifique de l'espèce humaine »(p.70).Hume appartient à la tradition des penseurs du sens moral, qui regroupe entre autres des auteurs comme Shaftesbury et Hutcheson.

Le sens moral est défini comme un sentimentdont le principe est une impression de plaisir ou de douleur caractéristique devant la considération d'un acte.

Ces philosophes ont en commun la revendication de l'existence d'un sensmoral naturel chez l'homme, et s'opposent par là à la philosophie de Hobbes, en refusant l'idée d'un principe égoïste unique gouvernant la nature humaine ainsi que l'absence dedistinctions morales naturelles.

Hume va s'attacher ici à produire une explication de ce sens moral, et ceci en décidant des rôles respectifs de la raison et du sentiment. Hume commence par réfuter la thèse rationaliste, qui prétendrait fonder les distinctions morales uniquement sur l'activité rationnelle, activité de liaison entre les idées.

Il réfute cettethèse par l'argument suivant : les distinctions morales sont de nature pratique, c'est-à-dire qu'elles ont un effet sur nous, en ce qu'elles commandent notre jugement, modifient nospassions, nos comportements, nos actions.

Or la raison ne produit pas de tels effets : les inférences et conclusions de l'entendement sont impuissantes à les produire, car elles « n'ontpas de prise sur nos inclinations, et sont incapables de mettre en mouvement les forces actives de l'homme » (p.72).

Le rôle de la raison est de dévoiler des vérités, des liens entreidées, mais « si les vérités qu'elles dévoilent sont indifférentes et ne font naître ni désir ni aversion, elles ne peuvent avoir aucune influence sur la conduite et le comportement »(ibid.).

En somme, fonder la morale sur la raison, comme le font tous les systèmes rationalistes, a ceci de problématique que cela revient à faire de la morale une affaire théorique, etnon plus pratique.

En effet, « si l'on supprime entièrement les impressions et préjugés chaleureux en faveur de la vertu, ainsi que tout dégoût et toute aversion envers le vice,rendant ainsi les hommes totalement indifférents à ces distinctions, la morale cesse d'être un objet d'étude pratique, et perd toute tendance à régler nos vies et nos actions » (p.73).Faut-il en conclure que la morale serait uniquement affaire de sentiment, de ressenti, d'impressions, et donc fondée sur un sens moral, et que la raison n'aurait strictement aucun rôleà jouer? Si le fondement de la moralité ne peut se trouver que dans le sens moral (sur lequel nous reviendrons dans l'exposé de la 2e section), et non dans la raison, il ne faut pas en conclureque celle-ci ne joue aucun rôle en ce qui concerne les distinctions morales.

En tant que principe de nature spéculative, elle intervient, mais de manière indirecte, sur la moralité.

Lasource de l'approbation ou de la désapprobation morale provient « de quelque sens ou impression intime, que la nature a universellement distribué à toute espèce »(Ibid.).

L'argumentqui permet de défendre cette thèse est le constat de l'influence indéniable des principes moraux sur nos comportements et actions.

Au « froid assentiment de l'entendement », Humeoppose les principes moraux qui prennent « possession du coeur » et nous font agir.

Pour autant, la raison intervient indirectement, en ce qu' « afin de préparer le terrain pour un telsentiment, et de lui permettre un juste discernement de son objet, on constate qu'il doit souvent être nécessairement précédé de force raisonnements, qu'il faut effectuer desdistinctions fines et tirer des conclusions justes, établir des comparaisons entre faits éloignés, examiner des relations compliquées, déterminer, et assurer des faits d'ordre général »(ibid.).Hume a introduit ici un sens moral originaire, dont la raison est la servante.

Ce faisant, il s'écarte à la fois du rationalisme qui considère la raison comme unique principe desdistinctions morales, et d'un certain dogmatisme du sentiment, puisque ce dernier a besoin d'être éclairé par les analyses de la raison. Avant d'en venir à ce point, Hume fait un point de méthode : quelle méthode convient-il de suivre afin de découvrir le fondement de la morale? Puisqu'il s'agit d'une question de faits,et non d'une science abstraire, il sera nécessaire d'utiliser la méthode expérimentale, et non la méthode déductive (qui ne convient qu'aux mathématiques)[1] : il faudra nousintéresser aux faits particuliers, aux exemples de moralité que nous approuvons, puis les comparer entre eux par le raisonnement, afin d'en déduire des maximes générales.

Laméthode à suivre est déduite de la nature de l'objet d'étude, à savoir les faits moraux : il conviendra d'utiliser la méthode inductive, autrement dit il nous faudra partir du particulierpour aller vers le général.

Il est clair selon Hume que nous ne pouvons produire un savoir a priori de la vertu et du vice, car c'est à l'approbation et à la désapprobation que nousportons spontanément à certains faits qu'il faut nous intéresser : pour connaître la vertu, il faut donc observer les décisions concrètes du sens moral.

La science de la morale qu'il viseà établir sera fondée a posteriori : d'où la dénomination de l'ouvrage comme une « enquête ».

De manière générale, dans son projet d'établissement d'une science de la naturehumaine, la philosophie de Hume applique le modèle newtonien de la méthode expérimentale en physique aux sujets moraux[2] ; il s'agit de tirer de l'observation des lois defonctionnement.

C'est ainsi que pour Hume il nous faut rejeter « tout système d'éthique […] qui ne serait pas fondé sur l'observation et les faits », et ne prêter « attention à aucunargument s'il n'est tiré de l'expérience » (p.75).

C'est seulement cette méthode qui nous permettra d'assurer la validité des principes que nous cherchons.[3] Section 2 : De la bienveillance. Première partie. Hume part de l'évidence de l'estime que suscitent partout les dispositions bienveillantes : tous les hommes les approuvent lorsqu'elles se présentent chez autrui.

Elles s'expriment parle caractère sociable, miséricordieux, reconnaissant, amical, généreux, bienfaisant.

Elles expriment universellement le mérite le plus élevé que la nature humaine soit capabled'atteindre.On peut définir, de manière générale, la bienveillance comme une passion tendre qui nous fait nous intéresser à autrui.

Par définition, elle s'oppose à l'égoïsme, et l' « humanité » luiest ici synonyme.

A trait à la bienveillance « tout ce qui procède d'une tendre sympathie pour les autres, et d'un généreux souci de nos semblables » (p.79).

Hume note égalementque les qualités bienveillantes, lorsqu'elles sont aperçues chez autrui, « semblent en quelque sorte se transfuser aux personnes présentes, et provoquer chez elles les mêmessentiments favorables et affectueux, qu'elles créent tout alentour » (ibid.).

L'image de la transfusion de la disposition bienveillante renvoie au concept humien de « sympathie », définicomme le principe de communication des passions d'une personne à une autre, comme le principe par lequel nous participations à la disposition d'autrui[4].

(Nous reviendrons plustard sur l'analyse du sentiment de bienveillance).L'exemple d'un acte bienveillant nous conduit à ressentir un sentiment d'approbation : nous approuvons un tel acte, c'est-à-dire que nous le trouvons digne d'éloge, méritoire,vertueux, moral.

Cela va donc nous aider à trouver la source des distinctions morales que nous éprouvons spontanément : qu'est-ce qui, dans l'action ou le comportement bienveillant. »

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