Henri IV
Publié le 16/05/2020
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Henri IV
Le 13 octobre 1399, un nouveau roi était couronné à Westminster ; la dynastie des Plantegenêt venait des'effondrer avec Richard II, celle des Lancastre entrait dans l'Histoire avec Henri IV.
Alors âgé de trente-trois ans,Henri était un homme mûr, de forte carrure, à la figure large, aux traits accusés, aux cheveux très courts, à labarbe rousse et fourchue.
Ses yeux durs ne savaient s'adoucir que quand il voulait séduire, en maîtrisant sabrutalité, pour satisfaire à la raison d'État.
Autoritaire, ambitieux, dénué de scrupules et de franchise, affichant unepiété théâtrale, mais courageux, plein de sang-froid et d'audace, sachant plier quand il le fallait, il offrait uneopposition complète avec son cousin Richard, qu'il venait de détrôner.
Qui aurait pu prévoir, quand il naquit en 1366,que ce fils de Jean de Gand, duc de Lancastre, au lieu de demeurer toute sa vie un puissant prince et un richepropriétaire foncier, serait le fondateur d'une dynastie ? Dans sa jeunesse, il avait combattu avec les chevaliersteutoniques en Lituanie ; il avait voulu prendre part à la croisade de Nicopolis ; appelant de 1387, il avait étéépargné lors des événements de 1397, mais, cette même année, à la suite d'une querelle avec le comte de Norfolk,il avait été banni d'Angleterre et s'était réfugié en France.
Pendant près de deux ans, le duc d'Hereford (tel étaitson titre puisque son père vivait encore) avait épié les fautes de Richard et s'était abouché avec un autre exilé,l'évêque de Canterbury, Arundel.
En juillet 1399, sentant le moment venu, alors que Richard était occupé en Irlande,il avait débarqué en Angleterre, à Ravenspur et, dissimulant ses projets, avait hautement déclaré qu'il ne rentraitque pour récupérer le duché de Lancastre, confisqué récemment par le roi après la mort de Jean de Gand.
Onconnaît les événements qui amenèrent Richard II, abandonné de tous et, après le ralliement de Londres au comted'Hereford, ramené dans sa capitale, à abdiquer, le 29 septembre 1399, à la Tour où il était retenu prisonnier.
Pour être choisi par le Parlement, le 30 septembre 1399, Henri s'était fait, cyniquement, le champion de toutes lescauses que son rival avait combattues : le respect des privilèges parlementaires, la guerre contre la France.
Leprétendant se déclarait prêt à prendre le contre-pied du pacifisme de Richard, de ses essais de mise en sujétion duParlement, de son autoritarisme, de sa politique louvoyante entre l'orthodoxie et l'hérésie des Lollards.
Acceptécomme roi, Henri, à l'invitation de l'archevêque de Canterbury, avait été prié de prendre possession du trône royalinoccupé.
Il avait atteint son but : la couronne ; mais, souverain élu, il allait avoir, pendant plus de treize ans, un règnedifficile, rempli de préoccupations tant financières que d'ordre intérieur.
Que de fois aurait pu se présenter à sonesprit cette phrase que Shakespeare met dans sa bouche : “ Plus de repos pour une tête qui porte une couronne.
”
L'œuvre d'Henri IV peut être envisagée sous un double aspect.
En politique intérieure il dut, dès son avènement,réprimer de nombreuses révoltes et conspirations et il manifesta, dans leur répression, de l'énergie, de la décision etmême de la cruauté ; il ménagea le Parlement, car un changement de dynastie n'avait pas résolu les graves soucisd'argent qui avaient accablé Richard II.
La première conspiration à laquelle Henri dut faire face eut lieu dès la Noël 1399 ; cinq appelants de 1397, Rutland,Huntingdon, Kent, Salisbury, Despenser, complotèrent d'enlever Henri, à Windsor et de rétablir Richard, transférédepuis plusieurs semaines au château de Pontefract.
Leur projet échoua, mais sa conséquence fut la mortmystérieuse du malheureux roi détrôné, le 14 février 1400.
Si Henri était débarrassé de son principal rival, il lui fallaitencore compter avec le jeune Mortimer, comte de March, descendant d'Édouard III par sa mère et qui ralliera surson nom bien des opposants, tels les Percy, puissants dans le Northumberland ; ceux-ci, en 1402, se rallièrent à sacause avec Owen Glyndwr, le chef national des Gallois.
Cette révolte échoua, grâce à l'énergie du roi ; Owen futbattu à Humbledon, en septembre 1402, et, le 21 juillet 1403, les Percy furent mis en déroute à Shrewsbury.
Par saténacité Henri avait triomphé de ses adversaires.
D'autres complots furent étouffés au cours des années suivantes,mais l'assaut le plus redoutable contre la monarchie lancastrienne fut mené en 1405 par Norfolk, Northumberland,Bardolf et Richard Scrope, archevêque d'York ; cette rébellion fut rapidement jugulée et celle des comtes deNorthumberland et de lord Bardolf, en 1408, fut écrasée à la bataille de Bramham Mor.
Henri IV, soit en personne,soit par l'intermédiaire de ses fils, le prince de Galles et le duc de Bedford, avait déjoué les tentatives du grandbaronnage.
Plus subtile fut l'attitude d'Henri envers le Parlement.
Certes, il lui aurait plu de le traiter à sa guise, mais il ne lepouvait pas ; il se sentait lié avec lui.
Ce roi élu était dans l'impossibilité d'entrer en lutte avec l'Assemblée qui l'avaitchoisi.
Donc, pendant tout son règne, il lui faudra subir les doléances de ce Parlement qui récrimine sans cesse surles dépenses du roi, sur les excès de sa fiscalité, sur le désordre de son gouvernement.
Henri, malgré tout, arriveraà faire voter les subsides ; en 1401, il avait même fait voter le statut “ de heretico comburendo ”, qui allait mettreen vigueur la lutte contre les Lollards et allumer les bûchers en Angleterre.
L'année suivante, comme il avait marié safille Blanche à Louis de Bavière et épousé en secondes noces Jeanne de Navarre, veuve du duc Jean IV deBretagne, le Parlement s'était publiquement ému des dépenses occasionnées par ces doubles noces.
Mais, en 1404,si l'Assemblée vota l'établissement de “ l'income-tax ” et reprocha au roi sa prodigalité, celui-ci, lors de la réunion àCoventry, au mois d'octobre de la même année, de “ l'unlearned Parliament ” ou Parlement illettré, reprit un peud'autorité.
Pour peu de temps du reste, car, en 1406, l'Assemblée lui traça un véritable programme degouvernement, et, en 1407, revendiqua l'initiative de fixer le taux des subsides.
Ainsi, on était revenu à la situationd'avant 1397 ; le Parlement avait repris son rôle et la monarchie se trouvait mise en tutelle..
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