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Haïti

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Haïti, pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île d’Haïti (également connue sous de nom d’Hispaniola). Sa capitale est Port-au-Prince, située au fond du golfe de la Gonâve.

Haïti est bordé au nord par l’océan Atlantique, à l’est par la République dominicaine, au sud par la mer des Caraïbes et à l’ouest par le canal du Vent, qui sépare l’île de celle de Cuba.

2LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1Relief et hydrographie

Haïti s’étend sur 27 750 km². Le pays occupe la partie occidentale de l’île d’Haïti, constituée essentiellement par deux péninsules séparées par le golfe de la Gonâve (mer des Caraïbes). Plusieurs îles situées au large de ses côtes sont rattachées au territoire : la Gonâve, la plus grande, dans le golfe de la Gonâve, au large de Port-au-Prince, l’île de la Tortue, repaire de flibustiers au xviie siècle, au nord, et l’île à Vache, au sud-ouest, dans la mer des Caraïbes, au large des Cayes.

Le pays présente un relief très accidenté et montagneux, avec des massifs, orientés d’est en ouest, séparés par des vallées étroites. Le plus haut sommet de l’île est le Pic de la Selle (2 680 m), situé dans le massif de la Selle, au sud-est du pays. Les côtes, très découpées, sont presque partout bordées par les chaînes montagneuses. Les fleuves sont difficilement navigables mais le principal d’entre eux, l’Artibonite (250 km), l’est en partie. Haïti compte également deux grands lacs, l’Étang saumâtre et le lac de retenue de Péligre, à l’est du pays, tous deux proches de la frontière avec la République dominicaine.

2.2Climat

Le climat est tropical. Les saisons des pluies s’étendent d’avril à juin et d’octobre à novembre. La côte ouest et l’île de la Gonâve bénéficient d’un climat sec et chaud, avec une température moyenne de 27 °C ; les variations thermiques sont très faibles entre l’été et l’hiver. Les montagnes, au sud et au nord du pays, ainsi que les étroites plaines côtières, connaissent un climat plus froid et plus humide. L’orientation aux alizés détermine la distribution des pluies. La moyenne des précipitations à Port-au-Prince, qui est celle de l’ensemble du pays, atteint 1 346 mm par an, mais elle n’excède pas 500 mm dans le nord-ouest du pays pour dépasser 1 800 mm par an aux Cayes. Le sud du pays est exposé aux cyclones (George, en 1998, et Jeanne, en 2004, ont notamment causé de très importants dégâts).

2.3Flore et faune

La végétation originelle de l’île est de type tropical caraïbe. Au-delà de 1 800 m, les montagnes sont recouvertes de forêts de pins des Caraïbes, tandis qu’à basse altitude poussent des cèdres, des acajous, des tecks et des chênes. Les fruits sont nombreux : goyaves, oranges, raisins, mûres, citrons verts, fruits de l’arbre à pain et mangues. La faune est assez peu variée. On trouve un grand nombre de crocodiles et d’iguanes et, sur la côte, des flamants roses, des pélicans, des canards sauvages, des oies, des aigrettes et des bécassines.

2.4Problématiques environnementales

La végétation tropicale d’Haïti a beaucoup souffert de la déforestation due à la pression démographique. Toutes les forêts sont dégradées et l’érosion est devenue un des problèmes majeurs du pays, s’accompagnant de son cortège d’inondations et de pluies torrentielles. De plus, emportés par les eaux de ruissellement jusqu’à la mer, les débris de l’érosion étouffent progressivement les récifs coralliens environnants, qui sont menacés de destruction.

En 2000, les forêts ne couvraient plus qu’environ 3 p. 100 du territoire. Pourtant, la déforestation (pratiquée pour dégager des terres agricoles ou fournir du bois de chauffage) se poursuit à un rythme annuel supérieur à 5 p. 100. Les seuls vestiges de forêts primaires (originelles et non dégradées par les activités humaines) se trouvent dans les régions montagneuses les plus inaccessibles du pays, tandis que quelques mangroves intactes subsistent sur les côtes marécageuses les moins fréquentées.

2.5Ressources naturelles

Les ressources naturelles sont rares et la plupart des gisements miniers (bauxite, or, argent, cuivre, nickel et soufre) ne sont plus rentables ou sont peu exploités. Environ 40 p. 100 des terres sont cultivables.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Démographie

La population d’Haïti était estimée à 8,92 millions d’habitants en 2008, soit une densité de population forte — plus de 324 habitants au km² —, compte tenu de la pauvreté du pays. Elle explique, en partie, l’émigration massive vers les pays voisins. Environ 61 p. 100 de la population vit en zone rurale. Malgré un taux de fécondité élevé (avec 4,76 enfants par femme), Haïti connaît le plus fort taux de mortalité infantile des Antilles, 62 p. 1 000, et une faible espérance de vie (57,6 années). Haïti est le pays le plus touché par le sida après l’Afrique subsaharienne. La quasi-totalité des Haïtiens (95 p. 100) descend d’esclaves noirs, le reste de la population étant constitué de mulâtres (issus d’un métissage entre Africains et Français) et de créoles. Les rivalités entre ces deux communautés ont fortement marqué la vie politique depuis le xviiie siècle.

3.2Découpage administratif et villes principales

Haïti est divisée en neuf départements, dirigés par un préfet nommé par le gouvernement. La capitale, Port-au-Prince, est de loin la ville la plus importante du pays, avec 1 100 000 habitants. Les autres agglomérations, bien plus petites, sont Cap-Haïtien au nord, Les Cayes au sud et Les Gonâves à l’ouest.

3.3Langues et religions

La Constitution de 1987 reconnaît le français et le créole haïtien comme les deux langues officielles du pays. Les catholiques représentent environ 85 p. 100 de la population, les protestants, en progression constante, 10 p. 100 de la population. Le culte vaudou est très répandu.

3.4Éducation

L’enseignement est théoriquement obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. Cependant, les infrastructures font cruellement défaut et le taux d’alphabétisation est faible : 54,8 p. 100. Seul 1,2 p. 100 de la population s’engage dans des études supérieures.

L’université d’Haïti, fondée en 1920, est située à Port-au-Prince.

3.5Culture

La culture haïtienne est riche des traditions africaine, française et créole. La langue créole, les traditions et la religion locales sont de plus en plus valorisées, avec, par exemple, l’émergence d’un théâtre, de spectacles musicaux et de danses typiquement créoles. Les sculptures de bois et les ouvrages de ferronnerie, mais surtout la peinture, qui s’est beaucoup développée après 1945, intéressent de plus en plus les collectionneurs. Naïve, populaire et colorée, la peinture haïtienne exalte la nature et le culte vaudou, et laisse une large place à l’imagination.

La littérature haïtienne, en langue française ou en créole, est également très riche et foisonnante, sans doute la plus abondante des Caraïbes. Née au xixe siècle, avec l’indépendance du pays, elle est d’abord nationaliste. À la fin des années 1920 et au début des années 1930, l’occupation américaine entraîne un retour aux sources africaines du peuple haïtien. Ce mouvement trouve ses principaux porte-parole en deux revues littéraires, la Revue indigène (fondée en 1927) et les Griots (1938) ; il est également représenté par les essais de politique et d’anthropologie de Jean Price-Mars ((1876-1969) — auteur notamment de la Vocation de l’élite, (1919), Ainsi parla l’Oncle (1928), Une étape de l’évolution haïtienne (1929) — et par le roman de Stéphen Alexis (1889-1962), le Nègre masqué (1933). Dès lors, la littérature haïtienne, empreinte de négritude et fortement influencée par le communisme, s’oppose au nationalisme bourgeois, se teinte de réalisme socialiste et s’attache à décrire la vie difficile des paysans haïtiens ; elle est également fortement marquée par le surréalisme. Parmi les principaux écrivains de cette période figurent Magloire-Saint-Aude (1912-1971), avec Dialogue de mes lampes et Tabou, en 1941, et Jacques Roumain (1907-1944), l’un des fondateurs du Parti communiste haïtien et de la Revue indigène, qui publie notamment, en 1944, Gouverneurs de la rosée, devenu un classique de la littérature haïtienne — deux auteurs dont les œuvres ont été saluées par André Breton. En 1945, le poète René Depestre (1926- ) et le romancier Jacques Stephen Alexis (1922-1961) fondent une revue artistique d’avant-garde, la Ruche. Cette production littéraire abondante est toutefois marquée, pour beaucoup de ces auteurs, par le choix de l’exil forcé en raison de l’oppression conduite contre les intellectuels par les gouvernements militaires successifs.

Avec l’avènement, en 1957, de la dictature des Duvalier, les écrivains haïtiens sont de plus en plus nombreux à quitter le pays, pour le Québec, la France ou les États-Unis ; à partir des années 1960 se développent une poésie et une littérature de résistance à la dictature. Sur le territoire haïtien toutefois, René Philoctète (1932-1995), rentré d’exil, fonde avec Villard Denis Davertige (1940-2004), Anthony Phelps (1928- ), Serge Legagneur (1937- ), ainsi que Roland Morisseau et Auguste Thénor, le groupe Haïti-Littéraire qui, bien qu’éloigné des mouvements radicaux d’opposition au régime, fait rapidement l’objet d’une répression sévère de la part du pouvoir dictatorial. La littérature haïtienne « exilée « parle quant à elle de la condition des immigrants, de la préservation de la culture et des traditions, mais aussi du pays natal et de la violence de sa société ; elle est notamment représentée par Jean Métellus (1937- ), Stanley Péan (1966- ) et Dany Laferrière (1953- ). C’est également en exil que naît une littérature haïtienne féminine, qui met l’accent sur la condition des femmes, avec notamment Marie Chauvet (1916-1973) et Edwige Danticat (1969- ).

3.6Institutions et vie politique

La Constitution qui régit la vie politique haïtienne date de l’époque post-duvaliériste. Après la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum en mars 1987. Le président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Il choisit son Premier ministre au sein du parti qui détient la majorité au Parlement. Le Parlement, bicaméral, comprend une Chambre des députés de 77 membres et un Sénat de 27 membres, tous deux élus au suffrage universel. Les années qui suivent la chute de la dictature sont toutefois marquées par de nombreux coups d’État, d’où émergent les présidences de René Préval (1996-2001) et Jean-Bertrand Aristide (2001-2004), affectée par des dérives qui conduisent le pays au chaos. Après le déploiement de la mission pour la stabilisation en Haïti de l’ONU (Minustah), l’élection présidentielle organisée en février 2006 voit la victoire de René Préval.

4ÉCONOMIE

Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde ; au milieu des années 2000, 80 p. 100 de sa population vit avec moins de deux dollars par jour et plus de la moitié de la population active est au chômage ou sous-employée. Depuis 1994, l’aide internationale s’est élevée à 2,6 milliards de dollars, mais la plus grande part a été gaspillée. En 2003, le produit intérieur brut (PIB) ne dépassait pas 4,98 milliards de dollars, soit 526,70 dollars par habitant (contre 36 699,60 dollars pour la France). L’agriculture n’assure pas des revenus suffisants, et l’industrie se limite principalement à la transformation des produits agricoles. La situation alimentaire des Haïtiens suscite depuis bien des années l’inquiétude des organisations humanitaires.

4.1Agriculture

Touchée à la fois par la sécheresse et les tempêtes, l’agriculture haïtienne (51 p. 100 des actifs) est confrontée à la surpopulation des campagnes qui a entraîné l’épuisement des terres, une importante déforestation à la recherche de terres arables et, conséquemment, une érosion considérable. La plupart des fermes sont de petites exploitations familiales où est pratiquée la culture vivrière (maïs, manioc, patates douces, haricots, riz, plantain) ; quelques exploitations plus importantes fournissent les rares produits exportables : sucre de canne, café, sisal, cacao, noix de coco, tabac et coton. La pêche reste traditionnelle. L’artisanat sur bois (masques, sculptures) est essentiellement destiné à l’exportation.

4.2Mines et industries

L’industrie est en grande partie consacrée à la transformation des produits agricoles : café, sucre et sisal. L’industrie manufacturière produit essentiellement du textile, des matières plastiques et du ciment. Quelques usines d’assemblage (matériel électronique notamment) travaillent pour l’exportation. Les centrales hydroélectriques, notamment sur le fleuve Artibonite, fournissent 70 p. 100 de l’énergie nécessaire au pays.

4.3Échanges

Haïti importe beaucoup (machines et produits manufacturés de base, produits pétroliers, produits chimiques et dérivés) et exporte assez peu (café, sucre, produits artisanaux, matériel électrique, conserves alimentaires), aussi son déficit commercial est-il considérable.

Le réseau routier, amélioré dans les années 1970, n’est pas toujours carrossable pendant la saison des pluies. Seulement 5 p. 100 des routes sont en bon état au milieu des années 2000. L’aéroport international est situé à Port-au-Prince, l’intérieur du pays étant également desservi par les lignes nationales haïtiennes. La monnaie nationale est la gourde, qui se divise en 100 centimes.

5HISTOIRE

Dans cet article est traitée l’histoire d’Haïti à compter des prémisses de son indépendance et de la partition de l’île en deux États distincts (Haïti et la République dominicaine). Pour l’histoire plus ancienne de l’île, commune aux deux États, voir la partie « Histoire « de l’article République dominicaine.

5.1Toussaint Louverture : les prémisses de l’indépendance

Au début des années 1790, dans la partie occidentale de l’île d’Hispaniola (la future Haïti), alors sous domination française, les combats font rage entre les esclaves noirs (qui se sont révoltés en masse en août 1791), les planteurs et les mulâtres, plus proches du pouvoir et qui bénéficient de meilleures conditions de vie que les esclaves noirs. L’armée française doit également affronter les troupes espagnoles et anglaises, qui tentent de reprendre possession de la colonie.

En 1794, l’ancien esclave Toussaint Louverture, auparavant engagé dans l’armée espagnole, se rallie à la France, alors que la Convention entérine l’abolition de l’esclavage proclamée dans l’île un an plus tôt par son représentant, le commissaire Léger Félicité Sonthonax. Habile stratège et meneur d’hommes, Toussaint Louverture contribue à la victoire de la France sur l’Espagne. En 1795, celle-ci cède sa propre colonie — la partie orientale de l’île — à la France. Toussaint Louverture est nommé général et, en 1796, commandant en chef de la colonie de Saint-Domingue. Il exerce alors un pouvoir autoritaire, menace le Directoire de révolte des Noirs si l’esclavage est rétabli et chasse son représentant, le général Hédouville, venu pour le renverser. Il s’attache également à développer les plantations — n’hésitant pas pour cela à réintroduire la pratique des travaux forcés — et à unifier l’île, occupant avec ses troupes l’ancienne partie espagnole. En 1799, il réprime une guerre civile déclenchée par André Rigaud et Alexandre Sabès Pétion.

Confirmé dans ses fonctions de gouverneur par Napoléon Bonaparte après le coup d’état du 18 Brumaire (1799), Toussaint Louverture édicte en 1801 une Constitution par laquelle il se proclame gouverneur à vie de l’île ; il ne rompt cependant pas avec la France et reste, du moins en apparence, soumis à son gouvernement. Mais en 1802, Napoléon Bonaparte — qui vient, par décret, de rétablir l’esclavage —, désireux de remettre en place un ordre colonial qui lui échappe, envoie une imposante expédition commandée par Charles Victor Emmanuel Leclerc pour soumettre Toussaint Louverture. Ce dernier est fait prisonnier et envoyé en prison en France.

5.2L’indépendance d’Haïti et la partition de l’île

La menace du rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte conduit, dès 1803, le général Jean-Jacques Dessalines (ancien lieutenant des troupes de Toussaint Louverture et ancien esclave lui aussi) ainsi que d’autres officiers (Henri Christophe, Alexandre Sabès Pétion) à reprendre les armes contre la France. L’armée insurgée vainc les troupes françaises dans la partie occidentale de l’île et en prend possession, expulsant les derniers colons. L’indépendance d’Haïti est proclamée le 1er janvier 1804 par Jean-Jacques Dessalines — tandis que les Français parviennent à se maintenir dans la partie orientale de l’île (future Saint-Domingue). Jean-Jacques Dessalines prend alors le titre d’empereur en 1804, sous le nom de Jacques Ier.

Après l’assassinat de Dessalines par ses anciens partisans Henri Christophe et Alexandre Sabès Pétion, en 1806, Haïti se trouve scindé en deux : au nord, un royaume dirigé par Henri Christophe sous le nom de Henri Ier et, au sud, une république gouvernée par Alexandre Sabès Pétion, autoproclamé président à vie. En 1811, une guerre éclate entre les partisans des deux camps — Henri Christophe revendiquant la souveraineté sur la totalité du pays —, qui dure jusqu’à la mort de Pétion en 1818. Le successeur de Pétion, Jean-Pierre Boyer, parvient, à la mort d’Henri Christophe en 1820, à réunifier le nord et le sud. En 1822, il annexe également la partie orientale de l’île (qui porte à ce moment le nom d’Haïti espagnole), se rendant ainsi maître de la totalité du territoire d’Hispaniola. Cependant, en 1843, son gouvernement tombe et Boyer est contraint de s’exiler en France ; la partie orientale se soulève et se sépare définitivement d’Haïti, devenant la République dominicaine.

5.3De l’influence française à l’occupation américaine (1844-1934)

Encore dépendant de la France qui réclame une indemnité financière pour reconnaître son indépendance, Haïti ne parvient pas à se stabiliser sur le plan politique, et les guerres civiles se succèdent. Les problèmes agraires engendrent notamment, en 1844, une grande révolte des paysans noirs du sud du pays, dite « révolte des piquets «.

En 1849, Faustin Soulouque se proclame empereur sous le nom de Faustin Ier et se lance dans une sévère répression contre les mulâtres, qui représentent toujours l’élite gouvernante du pays. Il règne en despote sur le pays pendant dix ans, avant d’être renversé, en 1859, par le mulâtre Nicolas Geffrard, qui restaure la république et gouverne le pays jusqu’en 1867.

Jusqu’en 1910, le pays connaît une période de prospérité relative. Les États-Unis, présents en République dominicaine, commencent alors à s’intéresser à ce territoire prometteur. Dès 1906, les compagnies américaines commencent à construire des voies ferrées et à exproprier les paysans sans titres de propriété. Les États-Unis occupent militairement Haïti le 28 juillet 1915, remplaçant la France comme influence étrangère principale.

Washington met alors en place un gouvernement soumis à ses volontés. En 1916, un traité est signé entre Haïti et les États-Unis, selon lequel ces derniers s’engagent à fournir au pays assistance politique et économique pendant dix ans. Cependant, en 1918, une insurrection éclate contre le pouvoir américain. On estime que la guérilla, matée en 1920, a fait 15 000 morts.

Sous la domination américaine, les travaux de modernisation sont accélérés (mise en place d’une infrastructure routière, amélioration des techniques agricoles, développement du réseau téléphonique), mais cette marche forcée vers la modernité se fait au détriment des couches défavorisées de la population. L’hostilité de la population à l’égard de l’occupant ne cesse de croître, et conduit finalement, en août 1934, au départ des Américains.

5.4L’émergence du pouvoir militaire (1934-1957)

La fin de l’occupation américaine, ajoutée aux conséquences de la crise économique mondiale, engendre le retour à l’instabilité, et encourage les velléités dictatoriales. Elie Lescot, élu en 1941 pour succéder à Sténio Vincent (à la présidence depuis 1930), cède en 1946 le pouvoir à une junte militaire dominée par Paul Eugène Magloire. Celle-ci est renversée par un coup d’État en août 1945, qui porte au pouvoir Dumarsais Estimé, à son tour déposé, en novembre 1949, par une junte à nouveau dirigée par Magloire. Celui-ci conserve le pouvoir jusqu’en décembre 1956, quand il est poussé à la démission par la montée du mécontentement populaire, malgré la répression qu’il pratique contre ses opposants. Trois gouvernements militaires provisoires se succèdent alors, jusqu’en septembre 1957, date à laquelle François Duvalier, dit « Papa Doc «, un ancien membre du gouvernement Estimé, est élu président.

5.5La dictature des Duvalier (1957-1986)

Élu avec le soutien des Noirs, qui voient en lui le moyen de lutter contre les élites mulâtres, Duvalier impose d’emblée une politique extrêmement répressive (interdiction des partis d’opposition, instauration de l’état de siège le 2 mai 1958) et reçoit du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets (31 juillet 1958).

Le régime Duvalier s’appuie sur une milice paramilitaire, les Volontaires de la Sécurité nationale, surnommés les « tontons macoutes «, qui neutralise l’armée, sème la terreur dans les rangs de l’opposition et parvient à étouffer toute résistance. Duvalier prononce la dissolution du Parlement le 8 avril 1961, et les États-Unis suspendent leur aide en signe de désapprobation.

Face à l’opposition d’une partie de l’armée (un complot militaire est déjoué le 19 avril 1963) et des exilés haïtiens, qui tentent plusieurs fois, depuis la République dominicaine, de provoquer un soulèvement populaire, Duvalier renforce la répression. En 1964, il se proclame président à vie et engage, avec les tontons macoutes, une campagne sanglante d’assassinats contre les opposants (2 000 exécutions en 1967).

Duvalier ne laisse rien au hasard : en janvier 1971, l’Assemblée nationale amende la Constitution pour lui permettre de désigner son fils, Jean-Claude, comme successeur. À la mort du dictateur, le 21 avril 1971, Jean-Claude Duvalier accède donc à la présidence de la République. Il a 19 ans (d’où son surnom de « Baby Doc «). Il commence par appliquer la politique de son père, avant d’amorcer une timide libéralisation du régime.

La répression et l’extrême pauvreté dans laquelle le régime maintient la population provoquent, à partir de la fin des années 1970, l’exode de la population haïtienne, vers la Floride et les Bahamas notamment. En 1986, un soulèvement populaire renverse Jean-Claude Duvalier, qui part se réfugier dans le sud de la France.

5.6L’après-ère Duvalier : une succession de coups d’État

La fin de l’ère Duvalier ne signifie pas pour autant la fin de la dictature. En effet, aussitôt après que Jean-Claude Duvalier a été déposé, une junte militaire dirigée par le général Henri Namphy s’installe au pouvoir. L’élection de Leslie Manigat à la présidence de la République, en 1988, n’est qu’une parenthèse avant un nouveau coup d’État militaire du général Namphy (juin), lui-même remplacé en septembre par le général Prosper Avril. Au pouvoir jusqu’en 1990, celui-ci doit faire face à de nouvelles révoltes. Sa démission ouvre la voie à des élections sous contrôle international, et à un semblant de normalisation de la vie politique.

Jean-Bertrand Aristide, un prêtre catholique qui s’est fait l’avocat des pauvres, remporte une brillante victoire en décembre 1990. Son accession à la présidence de la République redonne espoir au peuple haïtien mais, en septembre 1991, il est renversé par un coup d’État militaire et part se réfugier aux États-Unis.

Quant aux milliers de réfugiés haïtiens qui tentent de gagner les États-Unis par voie maritime, ils sont pour la plupart refoulés par les garde-côtes américains. L’Organisation des États américains (OEA), puis l’Organisation des Nations unies (ONU) décrètent des sanctions contre le nouveau régime militaire du général Raoul Cédras. Le pays est soumis à un blocus économique à partir de 1993. La situation alimentaire et sanitaire se dégrade, et les négociations pour le retour d’Aristide se prolongent.

Finalement, les États-Unis décident une intervention militaire. Les troupes américaines débarquent en Haïti le 19 septembre 1994. La junte militaire doit quitter le pouvoir et le président Aristide est rétabli dans ses fonctions en octobre 1994. Son mandat touche cependant à sa fin et la Constitution ne l’autorise pas à en briguer un second.

5.7Un timide retour à la démocratie

Élu en décembre 1995, l’ancien Premier ministre René Préval prend ses fonctions en février 1996. Il tente de remettre en état les infrastructures du pays et met en route une réforme agraire. Une visite à Saint-Domingue, en mai 1996, permet la mise en place d’une commission bilatérale chargée de gérer les contentieux entre les deux pays. À l’intérieur, le gouvernement haïtien doit faire face à une opposition regroupée autour de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, dont le parti a refusé les privatisations d’entreprises publiques imposées par les investisseurs internationaux et s’est autoproclamé victorieux lors des élections partielles sénatoriales d’avril 1997. Pour protester contre la fraude électorale, le Premier ministre Rosny Smarth démissionne en juin 1997.

Après le refus par le Parlement de ratifier la nomination d’Eriq Pierre en juillet 1997 et celle d’Hervé Denis en décembre 1997 et en avril 1998, Jacques-Édouard Alexis, ministre de l’Éducation, est finalement désigné Premier ministre, en juillet 1998. Mais ce n’est que le 26 mars 1999, après 21 mois de crise, émaillés de graves incidents (plusieurs assassinats politiques), que le président René Préval et cinq partis d’opposition parviennent à un accord pour former un nouveau gouvernement dirigé par Jacques-Édouard Alexis. La première mission de celui-ci est d’organiser les élections législatives. Plusieurs fois reportées, celles-ci se tiennent en mai 2000. Lors du premier tour, le parti la Famille Lavalas revendique la victoire, mais le président du Conseil électoral provisoire refuse d’entériner les résultats, ce qui replonge le pays dans la crise.

5.8Réélection et chute de Jean-Bertrand Aristide (2000-2004)

En novembre 2000, Jean-Bertrand Aristide est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 91,69 p. 100 des suffrages exprimés. Selon le Conseil électoral provisoire (CEP), la participation a atteint 60 p. 100, mais selon les partis d’opposition, qui ont appelé au boycott de l’élection, elle n’a été que de 5 p. 100. Compte tenu des irrégularités commises lors des élections législatives et municipales de l’été 2000, l’Union européenne et les États-Unis ont refusé d’envoyer des observateurs et une aide internationale de 500 millions de dollars est gelée. Haïti entre alors dans une période de crise politique, aggravée par la corruption, le trafic de drogue et des assassinats de journalistes.

En 2002, le Premier ministre Jean-Marie Chérestal est remplacé par Yvon Neptune. Les manifestations dénonçant la dérive dictatoriale du président Aristide et réclamant son départ se multiplient au cours de 2002 et 2003 ainsi que les démissions de ministres. Les cérémonies du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti (1er janvier 1804) sont célébrées à partir du 1er janvier 2004 sur fond d’affrontements entre partisans (les groupes armés des « chimères «) et opposants au président Aristide. L’insurrection s’étend au mois de février, les rebelles du Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite s’emparant successivement de Gonaïves, la quatrième ville d’Haïti, puis de Cap-Haïtien, la deuxième ville, et faisant route vers la capitale.

Le chaos qui s’étend dans le pays aboutit à la démission du président Aristide le 29 février, sous la pression américaine et française. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, est nommé président par intérim et Gérard Latortue devient chef du gouvernement provisoire. Une force multinationale, composée de soldats américains, français et canadiens, est alors envoyée sur place. Le leader des rebelles, Guy Philippe, qui se proclame « chef militaire « d’Haïti, accepte de déposer les armes, mais la situation reste très incertaine et marquée par des violences persistantes. Au mois de juin 2004, la force intérimaire est remplacée par les casques bleus de la mission pour la stabilisation en Haïti de l’ONU (Minustah). Les bailleurs de fonds promettent 1,4 milliard de dollars pour procéder à la reconstruction d’Haïti, frappé en outre au mois de septembre 2004 par la tempête tropicale Jeanne, mais l’argent tarde à être débloqué. Dans le même temps, les assassinats, les actes de torture et les enlèvements perpétrés par les partisans de l’ancien président Aristide se multiplient, faisant plus de 700 morts entre octobre 2004 et juillet 2005.

5.9La présidence de René Préval (2006- )

Sous la protection de 9 000 casques bleus de l’ONU, l’élection présidentielle se déroule en février 2006, dans un climat de peur mais avec relativement peu d’incidents. René Préval, ancien chef de l’État de 1996 à 2001, est élu avec 51,15 p. 100 des voix au premier tour de scrutin. Alors que les violences régressent un peu, le nouveau président, dont le parti politique a pris pour nom « L’Espoir «, doit remettre en ordre un pays totalement désorganisé où 80 p. 100 de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Mais pour ce faire, il ne dispose pas de la majorité au Parlement à l’issue des élections législatives d’avril 2006 et doit forger des alliances avec d’autres formations politiques. Jacques-Édouard Alexis, ancien ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, est nommé au poste de Premier ministre.

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