Haïti (1983-1984)
Publié le 15/09/2020
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Haïti 1983-1984
Haïti demeure le pays le plus pauvre d'Amérique latine.
Élu président en 1957,
François Duvalier (Papa Doc) a exercé pendant près de quinze ans une dictature
particulièrement corrompue et sanguinaire.
Son fils Jean-Claude Duvalier lui a
succédé en 1971, tempérant quelque peu les excès des tristement célèbres
"tontons macoutes".
Cent quatre-vingts ans après la proclamation de l'indépendance (1804) aux
Gonaïves, l'armée a du intervenir dans la capitale de l'Artibonite pour réprimer
des émeutes de la faim (23 mai 1984).
Des magasins de vivres ont également été
pillés au Cap haïtien (60 000 habitants), et la famine continue de sévir de
manière chronique dans le Nord-Ouest du pays.
Depuis 1981, le revenu réel par
habitant a baissé de 8,5%.
Les candidats à l'exil sont toujours nombreux, mais
les chances de réussite moindres, depuis que les patrouilleurs américains
interceptent, avec l'accord de "Baby Doc", les embarcations de "boat people"
jusque dans les eaux territoriales haïtiennes.
Encouragé par le pape Jean-Paul
II qui déclarait le 10 mars 1983 à Port-au-Prince: "Il faut que les choses
changent ici", l'épiscopat haïtien a multiplié les gestes de défiance à l'égard
du gouvernement.
Le 18 décembre 1983, en particulier, l'épiscopat a publié une
"Charte pour la promotion humaine", véritable appel à plus de justice sociale et
au respect des libertés fondamentales souvent bafouées.
Le "système Duvalier"
peut, en revanche, toujours compter sur la compréhension de Washington.
L'aide
américaine continue d'affluer, d'autant qu'un processus de "libéralisation
contrôlée" a été engagé.
Les élections législatives du 12 février 1984 étaient
sans surprise pour le régime du président à vie: sur les 306 candidats se
disputant les 59 sièges de députés, un seul ne se réclamait pas du très officiel
Comité national d'action jean-claudiste (Conajec).
Sylvio Claude, leader (en
résidence surveillée) du parti démocrate-chrétien, et les autres mouvements
d'opposition, avaient en effet décidé de boycotter cette "farce à usage
extérieur, organisée sous la pression des États-Unis".
La consultation n'a pas
emporté l'adhésion des Haïtiens (39,5% de votants dans la capitale), mais il
n'était pas mauvais pour la Maison-Blanche de "ravaler la façade" du régime
dynastique haïtien à l'heure où elle fait pression pour la démocratisation du
Nicaragua....
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