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Georges Elgozy, Les damnés de l'opulence (1970).

Publié le 02/07/2020

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« Pour oublier ou compenser les astreintes de son métier, le travailleur se livre parfois avec frénésie à des jeux qui ajoutent à ses fatigues professionnelles. Au lieu d'alterner repos physique et réflexion intellectuelle, il s'adonne à des divertissements qui trop souvent lui dictent descadences et des obsessions, assez semblables aux temps et aux mouvements de son métier. A tout le moins, divertissement devrait faire diversion. Par ailleurs, les encombrements des rues et des routes communiquent aux automobilistes des tensions nerveuses qui perpétuent celles de leur travail. Capable d'inonder le monde de gadgets sans utilité, notre société se devrait« faire un jeu » de multiplier des formes de loisirs et de culture qui seraient dignes d'elle. Le propre de l'homme, c'est de comprendre la création, de créer et de se créer soi-même. D'où le rôle primordial de l'éducation esthétique — la plus négligée de toutes les disciplines — qui devrait enseigner à chacun la signification de l'œuvre d'art et la joie de comprendre les créateurs de tous les temps. Le temps approche où la durée des activités discrétionnaires1 dépassera celle des obligations professionnelles. Quand le salarié substitue des plaisirs dégradants à des travaux dégradants, qu'il s'évade de ses obligations pour se jeter à corps perdu dans la vitesse, le bruit, les distractions grossières, il dépose trop volontiers son bilan d'homme. Quelle faillite, cette perte du temps laborieusement gagné par des siècles d'efforts, de recherches, de sacrifices! Au lieu de se recréer, nos contemporains s'acharnent à tuer un temps qui le leur rend bien. Ils ne sauraient mieux utiliser chaque minute qu'à façonner leurs personnalités : dans un monde en accélération permanente, ne restent-ils point élèves en permanence? L'éducation des loisirs prolonge et complète celle du travail : sans quoi, c'est l'art qui s'expurge de la vie. Le travail ne doit pas demeurer l'unique centre de gravité de la civilisation. Mieux que par son labeur, le citoyen peut se rattacher à la société par des liens culturels. Avant même de réduire les horaires de travail, nos dirigeants éclairés devraient utiliser les sortilèges de la publicité pour diffuser les valeurs culturelles et drainer de larges audiences aux spectacles de qualité. Il échoit à l'ère post-industrielle d'ajouter aux apports d'une civilisation quantitative les bienfaits d'une civilisation qualitative dont les objectifs fondamentaux sont le perfectionnement intellectuel, le sens de la beauté, la vie intérieure. Un type d'homme nouveau illustrerait cet humanisme scientifique grâce auquel il se situerait dans son temps. Chacun serait à même de suivre les évolutions de la technologie et de partager les plaisirs de l'esprit. Egarée par les séductions de besoins superficiels, la société ne cherche même pas à découvrir un style de vie qui réponde aux aspirations profondes de l'individu. Toute affaire cessante, elle devrait pourtant organiser cette double formation technologique et culturelle sans laquelle ne se développeraient guère les personnalités de chacun. Comment goûter aux joies des arts et des lettres sans instruction ni formation esthétique? Autant s'adonner au bridge ou aux échecs avant de s'initier aux règles élémentaires du jeu. Une civilisation de consommation dont les masses négligeraient les valeurs culturelles ne se distinguerait guère d'une barbarie de consommation. Trop souvent, il est vrai, la fatigue physique ou psychique d'un travail machinal conduit à des divertissements infantiles, dégradante, sinon lugubres, comme l'ivrognerie ou l'érotomanie2. Des loisirs sains invitent l'homme à partager les découvertes et les aventures d'une création sans cesse renouvelée. En toute liberté. Mais chaque homme choisit ses distractions en fonction de l'éducation, de l'instruction, de la culture qu'il a reçues : à cette fin encore, il est programmé. A l'Etat revient donc le devoir de former les citoyens pour les adapter non seulement à leurs tâches, mais à leurs loisirs. « Dadas» et «hobbies» — photographie, horticulture, tourisme, bricolage, pêche — deviennent occupations de premier plan dans une société où besognes et corvées incombent progressivement aux machines. Chaque année davantage les hommes pratiqueront les arts, la philosophie, la politique; les seules occupations dont les citoyens de la République d'Athènes se jugeassent dignes. Des citoyens à joies entières. Chacun apprend ainsi à mieux jouir de sa liberté. Non d'une liberté préfabriquée, distribuée, consommée en série, mais d'une liberté qui cadre avec sa propre personnalité et qui la libère. L'homme a les loisirs qu'il mérite, comme il a le travail qu'il mérite. Ce travail peut devenir le plus extraordinaire des jeux, pour qui sait et peut en dominer le conventionnel, la routine, les travers. A l'époque où les navettes tissent «toutes seules», pourraient et devraient disparaître les derniers avatars3 de l'esclavage salarial. Chaque société n'aurait-elle point pour idéal de s'humaniser? Elle y parviendra, par la force des choses, sinon par la volonté des hommes. Georges Elgozy, Les damnés de l'opulence (1970). Vous ferez à votre choix, soit un résumé de ce texte, soit une analyse. Vous indiquerez nettement en tête de l'exercice le mot résumé ou le mot analyse. Vous choisirez ensuite dans le texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé(e). Vousfexposerez, en précisant le point de vue de l'auteur, et vous présenterez votre avis personnel sous la forme d'une argumentation ordonnée, menant à une conclusion précise. ...»

« 1 / 2 Pour oublier ou compenser les astreintes de son métier, le travailleur se livre parfois avec frénésie à des jeux qui ajoutent à ses fatigues profession­ nelles.

Au lieu d'alterner repos physique et réflexion intellectuelle, il s'adonne à des divertissements qui trop souvent lui dictent des cadences et des obsessions, assez semblables aux temps et aux mouvements de son métie r.

A tout le moins, divertissement devrait faire diversion.

Par ailleurs, les encombreniP.nts des rues et des routes communiquent aux automobilistes des tensions nerveuses qui perpétuent celles de leur travail.

Capable d'inonder le monde de gadgets sans utilité, notre société se devrait« faire un jeu )> de multiplier des formes de loisirs et de culture qui seraient dignes d'elle.

Le propre de l'homme, c'est de comprendre la création, de créer et de se créer soi-même.

D'où le rôle primordial de l'éducation esthétique la plus négligée de toutes les disciplines -qui devrait enseigner à chacun la signi­ fication de l'œuvre d'art et la joie de compr endre les créateurs de tous les temps.

Le temps approche où la durée des activités discrétionna ires 1 dépassera celle des obligations professionnelles.

Quand le salarié substitue des plaisirs dégradants à des travaux dégradants, qu'il s'évade de ses obliga- 1.

Discrétionnaires : laissés au libre choix de chacun.

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