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GEOMORPHOLOGIE DE LA COTE D’IVOIRE

Publié le 15/01/2023

Extrait du document

Avant-propos
Ce ‘‘textuel’’ est produit à l’intention des étudiants de première année de géographie. Aussi ne
prétend-t-il pas traiter à fond le sujet de la géomorphologie de Côte d’Ivoire. Cependant, en
guise d’initiation, sont proposés ici quelques éléments révélateurs, pour se faire une idée du
relief et de son évolution dans le cadre de la Côte d’Ivoire.
Cette présentation sommaire sur la géomorphologie de la Côte d’Ivoire reste une adaptation
pour des néophytes. Bonne lecture !
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Introduction
Comme pour une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, le territoire de la Côte
d’Ivoire appartient au vieux socle africain caractérisé par le « triomphe de l’horizontalité » :
son relief, plat dans l’ensemble, est monotone donc peu contrasté. Les altitudes sont modestes,
généralement comprises entre 400 m et moins de 50 m. elles décroissent de l’ouest et du nordouest
vers le sud, permettant de distinguer trois grands panneaux topographiques : une zone de
hautes terres autour de Man et du nord-ouest du pays, un pays des lagunes au sud, constitué de
basses terres, enfin le nord et la partie centrale du pays, d’aspect essentiellement tabulaire, aux
altitudes intermédiaires, parcourus de quelques reliefs résiduels.
En circulant du nord vers le sud du pays, on quitte les domaines tabulaire et subaplanie pour
une topographie de plaine à l’aspect moutonné, morcelé par un réseau hydrographique
relativement dense et hiérarchisé, plus développé sur les formations schisteuses aux sols
argileux que sur les formations granitiques aux sols plus perméables.
Les reliefs reliés aux affleurements rocheux (reliefs structuraux) sont rares en Côte d’Ivoire.
Majoritairement, les formes topographiques sont des héritages façonnées dans l’épaisse
couverture pédologique par l’évolution géomorphologique, sous influence du climat (il s’agit
notamment des climats anciens ou paléoclimats). C’est par l’action de l’érosion que se réalise
la dissection du paysage dans un contexte pédologique ou géologique donné.
L’histoire géomorphologique du monde tropical est différente de celle du monde tempéré. Elle
intègre surtout la formation des sols (pédogenèse) par l’importance des processus de
ferrallitisation et une dégradation des versants. En effet le relief évolue dès sa formation, sous
l’action des forces externes regroupées sous le vocable érosion. Cette évolution relève de la
géodynamique externe.
Peu de reliefs ont pu résister à la puissance des mécanismes d’altération des roches, surtout en
zone intertropicale à forte pluviosité. Les formes topographiques dérivent la plupart de
processus de destruction des roches par hydrolyse. L’évolution des sols et des modelés dépend
surtout de l’action de climats pluviaux passés et/ou actuels, avec alternance d’épisodes secs en
leur sein. Les ‘‘modelés pédologiques’’ dominent donc en Côte d’Ivoire.
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CHAPITRE 1 : CONDITIONS D’ELABORATION DES RELIEFS ET DE LEUR
EVOLUTION
Le relief tropical résulte de la confrontation de trois grands facteurs : le canevas structural, des
processus morphogénétiques, et les climats anciens, subactuels et récents.
1) CADRE STRUCTURAL (GEOLOGIE)
Le territoire de la Côte d’Ivoire fait partie du monde tropical africain. Il a donc un passé
gondwanien (GONDWANA : vaste continent de l'hémisphère sud à l'ère Primaire). Le
Gondwana s’est disloqué à la fin de l’ère primaire. Ses morceaux (Amérique du sud, Afrique,
Inde, Australie, et Antarctide) se sont dispersés entre 250 et 65 millions d’années (surtout à la
fin du Crétacé). Les socles gondwaniens (un socle est une région de terrains très anciens indurés
et métamorphisés résultant de la destruction par l’érosion d’une ancienne chaîne plissée)
connaissent un plus grand calme tectonique que les socles hercyniens (ceux du monde tempéré
en général) beaucoup plus jeunes (à peine 270 millions d’années alors que les premiers ont un
âge compris entre au moins 570 millions et trois milliards d'années. Les processus
pétrographiques dominants de ces socles gondwaniens sont la granitisation et le
métamorphisme qui les ont rigidifiés et rendus très résistants : granites, gneiss, amphibolites,
basaltes, roches dominantes, constituent des noyaux cratoniques (édifices stabilisés, cristallisés,
très indurés) peu ou pas recouverts de roches sédimentaires : exemple du le craton ouest
africain dans lequel le territoire de la Côte d'Ivoire se situe. La dorsale de Man est un des rares
témoins du vieux socle précambrien.
Cette dorsale a été formée à l’orogenèse libérienne (3 milliards d’années). Puis il y a eu
l’orogenèse éburnéenne (2 milliards d’années) qui a affecté le socle. Les montagnes de cette
époque ont été complètement érodées. Les terres aplanies forment la vieille plateforme
africaine, marquée par endroits d’épanchements volcaniques (dolérites), d’une couverture
sédimentaire (dépôts marins constituée de flyschs (schistes + grès) et schistes du Précambrien
et du Primaire, des grès du Primaire, et d’un apport de sables Tertiaires au faciès essentiellement
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détritique gréseux en bordure atlantique du socle, complétés par des sédiments marins
quaternaires.
Au total deux unités géologiques inégalement réparties existent sur le territoire de la Côte
d’Ivoire : 97,5 % forment le soubassement rocheux ou socle et 2,5% le bassin sédimentaire au
sud du socle qui connaît un enfoncement progressif.
Le soubassement rocheux comprend deux grandes générations de roches : des roches cristallines
(granitoïdes) et des roches phylliteuses (structure feuilletée), plus ou moins métamorphisées
(gneiss, migmatites, granites et charnockites de la région de Man et du Sud-Ouest) datant de
l’orogenèse LIBERIENNE (2,3 et 3 milliards d'années) ; ensuite, des roches du BIRRIMIEN
(1,5 à 2,3 milliards d’années) : roches métamorphiques (schistes, micaschistes, quartzites ou
laves métamorphisées, et massifs migmatitiques et plutoniques : granites et granodiorites), qui
couvrent les autres parties du pays. On a enfin de vieux filons de roches volcaniques (roches
basiques telles que les dolérites) très localisés, érigées entre Précambrien et le Carbonifère (2,8
à 1,7 milliards d’années).
Le bassin sédimentaire est un empilement impressionnant de sédiments d’origine continentale
: argiles, sables argileux, vases, grès plus ou moins ferruginisés. Dans la région de Fresco, on
a un affleurement paléocène glauconieux (roche riche en silicates de fer et de potassium, de
couleur vert foncé). Fait notable, le croissant sédimentaire bordant le rivage atlantique, entre
Sassandra et Axim (frontière du Ghana) est traversé d'est en ouest par une grande faille :
l’accident majeur des Lagunes. Son rejet peut atteindre 5 km.
Cette faille sépare deux zones distinctes : au nord des lagunes, on a une couverture sédimentaire
Mio-pliocène peu épaisse : 200 à 300 mètres, avec un pendage sud très faible. C’est le
Continental terminal, qui au plan topographique présente un relief de "hauts plateaux"
d'altitude variant de 50 à 120 m. Au sud des lagunes, la sédimentation plus épaisse, supérieure
à 5000 m. Elle est constituée en deux séries d’accumulation : des sables tertiaires, en majeure
partie, des sédiments quaternaires d’origine marine sur le littoral actuel.
2) PROCESSUS MORPHOGENETIQUES (INTERACTION CLIMAT, VEGETATION,
SOLS)
Les processus morphogénétiques dépendent de plusieurs facteurs, notamment des types de
climat tropical (facteurs chaleur + humidité : eaux pluviales et eau phréatique) et des types de
milieux (biomes : facteurs bioclimatiques).
Le facteur climatique
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Présenter le climat comme un facteur d’explication des formes de relief conduit l’évocation des
modelés, constructions secondaires du relief produit de l’érosion. Celle-ci, à partir du type de
climat (pluvial en zone intertropical) fait évoluer de formes primitives par une série de
mécanismes de destruction de la topographie. Les eaux de ruissellement, d’infiltration (nappe
phréatique) ou courantes (fleuves et rivières), sont très actives au plan chimique et mécanique
sur les roches. A la surface de l’écorce terrestre l’érosion comporte trois phases étroitement
liées : ablation, transport et accumulation de matière.
La nature de l’érosion dépend des conditions climatiques des zones affectées. La Côte d’Ivoire
faisant partie de la zone intertropicale, les processus morphogénétiques y sont conditionnées
par la chaleur et l’humidité : situé entre 4°30 et 10°30 de latitude nord, le pays est soumis à des
climats qui font la transition entre les climats équatoriaux (humides) au sud, et les climats
tropicaux (plus secs), au nord. Les températures moyennes annuelles étant assez uniformes,
d’une saison à l’autre, la différentiation régionale est liée à l’importance des pluies (Front
intertropical). Deux types de régimes climatiques s’opposent au nord et au sud du 8° nord : le
sud connaît un régime équatorial (précipitations annuelles comprises entre 1300 mm et 2100
mm), et le nord, un régime tropical (précipitations annuelles comprises entre 900 mm et 1600
mm). Les régions plus élevées de l’ouest et du nord-ouest sont localement assez arrosées.
Ces conditions climatiques intertropicales conditionnent la répartition des zones forestière et de
savane, ainsi que les processus chimiques et biochimiques de la formation des sols (Pédogenèse
tropicale). Le façonnement des modelés ou morphogenèse est, quelle que soit la situation
précédé d’une phase pédogénétique (formation des sols). Aussi l’élaboration des sols et le
façonnement du relief sont-ils étroitement interdépendants.
La chaleur, l’eau et l’air du sol sont essentielles dans la décomposition profonde des substrats
rocheux. Ce processus complexe est appelé altération chimique ou ferrallitisation. A
l’exception des secteurs montagneux, où les sols sont souvent peu développés, l'épaisseur des
produits d’altération des roches (formations superficielles ou altérites) reste toujours
considérable. La couverture pédologique et du manteau d’altération dépasse souvent les 10 m
en zone intertropicale.
La couverture pédologique (horizon B meuble) est un épais plasma à texture sablo-argileuse ou
argilo-sableuse, de couleur homogène, résultant d’un processus de restructuration de la partie
sommitale des altérites (c’est la pédoplasmation, qui intègre des phases de drainage vertical
qui évacuent l’argile de la surface puis l’accumulent en profondeur dans le profil pédologique

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