FROMENTIN: sa vie et son oeuvre.

« FROMENTIN: sa vie et son oeuvre. La vie d'EUGÈNE FROMENTIN fut discrète comme son caractère, comme la bourgeoisie rochelaise à laquelle ilappartenait.

On connaît cependant l'essentiel de l'épisode sentimental qui est à l'origine de Dominique.

Dans sapremière adolescence, il aima une jeune créole de dix-sept ans, Léocadie Chessé.

Elle le considérait encore commeun enfant.

Il fut le témoin désolé de ses fiançailles, puis de son mariage.

Il la revit ensuite chaque été à La Rochelle,et leurs relations prirent un caractère plus passionné.

Un jour de l'automne 1843, il apprit qu'elle se trouvait dans unétat désespéré.

Il tenta de la voir une dernière fois.

Elle mourut le lendemain.Il avait consciencieusement étudié le droit, mais il choisit la carrière de peintre.

Deux voyages en Algérie (1846 et1852) confirmèrent cette vocation.

Il ne fut écrivain que par occasion.

Pourtant, il préférait Dominique à toute sonoeuvre de peintre, et c'est ce roman qui assura sa gloire. PRINCIPALES ŒUVRES Un été dans le Sahara (1857).

Une année dans le Sahel (1858).

Souvenirs et impressions de voyage. Dominique (1862). Dominique de Bray, étant encore au collège, prend brusquement conscience, de la passion qu'il éprouve pourMadeleine d'Orsel.

Mais timide devant cette jeune fille plus âgée que lui, il tait son amour et laisse s'accomplir lesfiançailles, puis le mariage de Madeleine.

Plus tard, il retrouve Madeleine mariée.

Entre eux, s'établit une sorted'amitié amoureuse.

Lorsque cette situation arrive à son paroxysme, Madeleine, qui veut rester honnête, demande àDominique de s'éloigner d'elle à jamais Il consent à ce sacrifice.

Il se marie, et dans sa propriété des Trembles, aubord de l'Océan, il mène la vie retirée d'un gentilhomme campagnard. Les Maîtres d'autrefois (1876). POSITION DE FROMENTIN ROMANCIER 1.

Vis-à-vis du romantisme.

— Son seul roman, Dominique, appartient à la littérature personnelle.

Mais l'émotion yest sans cesse contenue par une discrétion et une pudeur qui ne laissent aucune place au lyrisme.D'autre part, Fromentin n'admet pas la thèse romantique des droits sacrés de la passion.

L'aventure de Dominique seconclut par un acte de soumission volontaire aux disciplines morales et sociales.

A propos de ce roman, on est alléjusqu'à parler de « désintoxication romantique ». 2.

Vis-à-vis du réalisme.

— Fromentin ne fait pas l'étude objective d'un cas.

Il évite les descriptions minutieuses, lestableaux de moeurs provinciales ou parisiennes.

Il ne fixe jamais son attention sur des personnages vulgaires ou deschoses basses.

Il n'est réaliste que par son goût de la vérité, l'importance qu'il accorde aux phénomènesphysiologiques dans l'explication des sentiments, l'effort qu'il fait pour raconter sobrement ce qui fut une passiondévorante.

Une sorte d'idéalisme aristocratique tempère son réalisme. 3.

Vis-à-vis de l'art pour l'art.

— Dans la mesure où ce roman comporte une leçon, celle du renoncement obtenu parun effort sur soi, il s'écarte des principes posés par Théophile Gautier.

Mais il s'en rapproche par l'évocation préciseet poétique du paysage, le pittoresque du décor urbain (une ville qui est à la fois La Rochelle et Saintes), l'extrêmepureté de la forme, le souci de la beauté, la très haute idée que l'écrivain se fait de son métier. FROMENTIN CRITIQUE D'ART C'est surtout comme historien de l'art qu'il se rattache au réalisme.

Appliquant les principes de Taine, il soulignel'importance des causes historiques et biographiques.

Dans Les Maîtres d'autrefois, il montre que les peintresflamands et hollandais constituent deux groupes bien distincts correspondant à la différence des races et des pays.Mais à l'inverse de Taine, il s'abstient de toute systématisation.

Il s'attache surtout à étudier les oeuvres enfonction de la technique et à dégager ainsi l'originalité de chaque peintre.

Les pages qu'il a consacrées à laDescente de croix de Rubens et à, La Ronde de nuit de Rembrandt comptent parmi les plus belles réussites de lacritique d'art.. »