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Faut-il punir ?

Publié le 15/05/2020

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« La formulation de l'intitulé est étonnante : " faut-il ", comme si la punition n'était pas évidente, mais déjà endiscussion.

Quand la punition peut-elle être légitime ? Qu'est-ce qui la rend illégitime ? Est-il vain de punir, si lapunition ne peut avoir les conséquences qu'on en attendait ? Si l'on questionne la légitimité, cela suppose d'excluretoute idée de punition comme vengeance, comme réaction immédiate et non réfléchie.

Cela implique donc que lapunition soit acte réfléchi, et que la légitimité de cet acte soit problématique.

Punir devient alors un acte qui n'estpas du tout automatique, comme si selon la loi il ne pouvait y avoir automatisme dans la réponse au délit.

Celasuppose que la punition ne se justifie pas à chaque fois par l'application pure et simple de la loi.

Pourquoi ? N'est-cepas de la nature de la loi de faire automatiquement comprendre qu'il y a eu transgression ? Si l'on prend en compteles circonstances atténuantes, n'est-ce pas à terme effacer la responsabilité individuelle ? Que vaut une loi si ellene repose plus sur la responsabilité individuelle ? Auquel cas punir n'est pas légitime, mais nécessaire, voireinévitable. I.

L'homme a-t-il le droit de punir l'homme ? Le problème apparaît avec une évidence saisissante quand il s'agit de lapeine de mort, car enfin, en tuant le criminel il semble que la justice s'arroge un privilège véritablement divin.L'homme ne crée pas la vie, il la reçoit : il ne lui appartiendrait pas, en conséquence, de la supprimer. II.

Sans même penser à la peine de mort et sans faire intervenir l'argument théologique, on aperçoit le paradoxe detoute sanction.

La sanction imite ce qu'elle entend sanctionner.

Toute sanction est une violence, et par là uneatteinte à la personne humaine.

La sanction a pour but de châtier les violents mais elle ne les châtie qu'enintroduisant une nouvelle violence dans le monde.

La peine capitale, qui tue le meurtrier, l'imite, loin de ressusciter lavictime ; au bout du compte on a deux morts au lieu d'un (le marquis de Sade disait que la justice n'a même pasl'excuse - comme les meurtriers qu'elle punit - de tuer par passion, elle tue à froid, par méthode et délibérément). III.

Un moyen très simple, pourtant, de justifier les sanctions consiste à invoquer l'utilité sociale.

La société a ledroit de protéger ses membres sains et d'empêcher de nuire ses brebis galeuses.

A la limite on supprimera le monstremoral comme on supprime un serpent venimeux ; c'est la sanction éliminatrice.

Ou bien on punira pour faire unexemple, pour effrayer l'imitateur éventuel : sanction intimidatrice.

En Angleterre, jusqu'au milieu du XIX siècle, lesjours de pendaison étaient chômés, pour que tout le monde assiste au spectacle, afin qu'ainsi les meurtriers enpuissance soient épouvantés (et aussi peut-être donnent à leur goût de la violence, par ce spectacle horrible, unesorte de satisfaction substitutive). IV.

Cette théorie utilitaire de la sanction peut être critiquée tout d'abord à partir de ses propres principes.

Lasanction intimidatrice manque souvent son but.

Aussi étrange que cela puisse paraître, on sait aujourd'hui que lapeine de mort encourage certains délinquants plus qu'elle ne les décourage (parce qu'elle marque le coupable d'unsceau tragique et lui donne une sorte de gloire ; dans les prisons, les condamnés à mort sont révérés comme deshéros).

Les sanctions poussent souvent à la révolte plus qu'au repentir.

Les prisons ont été parfois de vraies écolesdu crime (maison de correction = maison de corruption). V.

Mais quand bien même la sanction réussirait son effet d'intimidation (Benoist Méchin raconte qu'au pays d'IbnSeoud où les voleurs ont la main coupée, on peut laisser un sac d'or dans le désert et le retrouver intact un anaprès !), elle ne serait pas pour autant moralement justifiée.

L'instinct défensif de la société qui se protège n'estpas un mobile moral.

Faire son devoir par intérêt n'est pas moral ; punir par intérêt non plus.

Comme dit Janet : « siles punitions n'étaient de la part de la société que des moyens de défense, ce serait des coups, ce ne serait pasdes punitions.

» VI.

D'où l'apologue célèbre de Kant dans les Principes Métaphysiques du Droit.

Si la société civile venait à sedissoudre du consentement de tous ses membres, comme si par exemple un peuple habitant une île se décidait à laquitter et à se disperser, le dernier meurtrier détenu dans une prison devrait être mis à mort avant cette dissolution! Le sens de l'apologue, c'est que la société doit punir même si cette punition n'a plus d'utilité.

Punir le coupablepour servir d'exemple aux autres est immoral, c'est traiter la personne du coupable comme un simple moyen.

SelonKant, il faut punir parce que la faute exige - au point de vue moral - une sanction.

Le droit de punir devient ainsi ledevoir de punir.. »

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