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Faut-il parler et écrire seulement pour instruire ?

Publié le 09/12/2021

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Instruire dans le sens d'informer, on peut en douter, car alors, pourquoi ne pas s'exprimer plus simplement et plus clairement aussi ? Quant à instruire dans le sens d'éduquer, de cultiver, on pourrait l'admettre, mais est-ce là le but ? N'est ce pas plutôt une conséquence ? Le poète écrit-il vraiment pour que les écoliers puissent s'instruire en apprenant ses poèmes ?         II. Pourquoi faudrait-il éliminer certains usages du langage ? Pourquoi ne faudrait-il parler que pour instruire ?   A. La critique de Platon : les rhéteurs, qui parlent pour persuader les foules n'ont pas de véritable savoir : ils n'ont aucune compétence pour parler de ce dont ils parlent. Ce qu'ils savent, c'est uniquement bien parler, mais sans dire le vrai.

« IntroductionFaut-il parler et écrire seulement pour instruire ? Le verbe instruire peut ici prendre deux sens : instruire quelqu'un, c'est tout d'abord luiapporter une certaine connaissance, lui former l'esprit, mais c'est également, dans un sens plus large, l'informer.

Les deux sens sontliés : communiquer une information peut parfois relever justement de l'instruction.

Pour autant, n'est-ce que pour cela que l'on écrit ouparle ? Ces deux actions supposent l'exercice du langage : le langage n'est-il donc qu'une manière de transmettre une information, quece soit au sens faible (« prends un parapluie, car dehors il pleut ») ou au sens fort (« la bataille de Marignan a eu lieu en 1515) ? Doit-iln'être que cela ? Les autres emplois du langage sont-ils à exclure ? I.

Les différents emplois du langage A.

La plupart de nos dits et de nos écrits sont effectivement informatifs.

Ainsi on peut considérer que les livres jouent un rôle essentieldans notre instruction : l'homme instruit, cultivé, est l'homme qui a beaucoup lu.

Dans façon semblable, un professeur parle durant soncours afin d'instruire ses élèves.

Les articles de journaux quant à eux instruisent au sens large : ils informent.

B.

Pourtant, il existe bien d'autres emplois du discours et de l'écriture.

On peut par exemple parler ou écrire pour faire agir l'autre de lamanière dont on voudrait.

C'est le cas des rhéteurs qui s'entretiennent avec Socrate dans le Gorgias de Platon : leur but est de persuader les gens d'agir d'une certaine manière.

Et il peut en aller de même pour les lettres : Les Liaisons dangereuses de Laclos, l'un des plus célèbres roman épistolaire du XVIII est constitué de lettres toutes destinées à informer le lecteur du déroulement du récit, maiségalement (si on se place du point de vue des personnages) à faire agir le destinataire de la lettre d'une certaine façon.

Dans tous cescas, il s'agit donc de prescrire plus que d'informer : toutes les formules impératives sont du même ordre (et toutes n'ont pourtant pas unrôle instructif : « arrête de mentir ! » peut être une parole qui fait partie de l'instruction de l'enfant, mais « ferme la porte ! » non).

C.

De plus, on peut également parler et plus encore écrire pour le plaisir : composer une poésie, est-ce fait pour instruire ? Instruire dansle sens d'informer, on peut en douter, car alors, pourquoi ne pas s'exprimer plus simplement et plus clairement aussi ? Quant à instruiredans le sens d'éduquer, de cultiver, on pourrait l'admettre, mais est-ce là le but ? N'est ce pas plutôt une conséquence ? Le poète écrit-ilvraiment pour que les écoliers puissent s'instruire en apprenant ses poèmes ? II.

Pourquoi faudrait-il éliminer certains usages du langage ? Pourquoi ne faudrait-il parler que pour instruire ? A.

La critique de Platon : les rhéteurs, qui parlent pour persuader les foules n'ont pas de véritable savoir : ils n'ont aucune compétencepour parler de ce dont ils parlent.

Ce qu'ils savent, c'est uniquement bien parler, mais sans dire le vrai.

Le langage doit donc d'abord servir à dire le vrai et à le communiquer, donc à instruire autrui.

La persuasion est un usage perverti du langage.

B.

De plus, instruire signifie dire ce qui est, qu'il s'agisse d'une information simple du type « il pleut » ou d'une leçon d'histoire.

Il y a doncune certaine objectivité dans le fait de ne parler et d'écrire que pour instruire, très différente de celle qui consiste à dire ce que l'on ressentou ce que l'on croit.

C.

Il y aurait donc, dans la restriction de l'usage du langage au fait d'instruire une sorte de purification, de volonté de débarrasser lelangage de ses usages pervertis.

III.

Mais est-ce la vraie finalité du langage ? (C'est-à-dire : ce pour quoi il est fait, ce à quoi il est destiné) A.

Rousseau dans l'Essai sur l'origine des langues dit que le langage est né avec le cri, ou plus généralement avec l'expression des passions.

Le langage serait donc avant tout fait pour exprimer ce qu'on ressent, et non pour communiquer à un autre une information.Dans le fait de parler et d'écrire, il s'agit donc de faire sortir des émotions avant tout.

B.

Le langage ordinaire, de la vie de tous les jours, que ce soit les formules de politesses qui peuvent sembler creuses ou les motsd'amour qui sont au fond toujours les mêmes ne sont pas inutiles, même s'ils peuvent sembler de vains stéréotypes.

Dire à soncompagnon qu'on l'aime, ce n'est certes pas une information (car il est censé savoir cela), et cela peut sembler dérisoire tant la formuleest banale, c'est pourtant une simple attention à l'autre, une façon de nouer un lien, tout comme dire merci ne veut pas dire que l'ontransmet une information (celle de gratification) : l'expression relève souvent du simple réflexe, mais c'est une façon de témoigner àl'autre de l'attention.

C.

De plus le langage peut être un jeu : les surréalistes faisaient par exemple ce qu'ils appelaient des « cadavres exquis ».

Ce jeupoétique consistait à réunir plusieurs personnes et leur demander de d'écrire l'une un nom, l'autre un adjectif, la troisième un verbe, laquatrième un adjectif et la dernière un nom.

Chacun écrivait donc un seul mot, sans savoir ce que les autres avaient écrit, et on examinaitensuite le tout : ainsi ont-il obtenu : « le cadavre exquis boira le vin nouveau ».

Il s'agit donc ici de jouer avec le langage pour y découvrirdes innovations poétiques.

Le langage est donc aussi le lieu où l'homme peut innover, et non pas dire ce qui a déjà été dit.

Il peut parleret écrire sans volonté d'instruire, mais pour le plaisir d'explorer le langage.

D.

Le langage est le symbole même de notre liberté : on est capable de parler parce qu'on est justement capable de se détacher dusimple besoin (les abeilles par exemple communiquent entre elles, mais uniquement pour indiquer aux autres abeilles où trouver desfleurs à butiner, pour transmettre une information utile à tout le monde, non pour dire qu'il fait beau).

On ne peut donc restreindre lafonction du langage sans le dénaturer.

ConclusionLe langage a donc de multiples fonctions, dont celle d'instruire.

On pourrait entendre l'impératif « il ne faut parler et écrire que pourinstruire » comme une volonté d'éliminer ce que langage peut avoir de dangereux : par le langage, on peut par exemple vouloirmanipuler les gens au lieu de vouloir les instruire.

Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il faille ainsi éliminer également l'emploi poétiqueou simplement social du langage : il est ce qui nous permet de vivre ensemble, mais aussi ce qui nous permet de faire preuve d'inventionpoétique.. »

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