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explication de texte: LA BRUYÈRE caricature Acis

Publié le 15/05/2025

Extrait du document

« Le lecteur voit devant lui deux personnages se mouvoir dans un décor qui rappelle celui de Versailles par la mention de la « chambre » et par l’emploi des déictiques1 « cet homme » et « cette chambre ».

Les « comédiens » en scène interagissent : « vous abordez cet homme » (l.

54), « je vous tire par votre habit » (l. 55), « [je] vous dis à l’oreille » (l.

56).

Plus frappant encore, LA BRUYÈRE se fait lui-même acteur de cette saynète (voir l’utilisation de la première personne du singulier).

Le « vous » qu’il emploie est troublant : s’il se réfère bien sûr à Acis, il peut aussi donner l’illusion que c’est au lecteur qu’il s’adresse.

Tout se passe comme si le lecteur était invité à entrer lui-même dans cette chambre à Versailles et à fréquenter au plus près les courtisans, par un effet de zoom presque cinématographique associé aux perceptions sensorielles : la vue ( « vous entrez »), le toucher (« je vous tire par votre habit »), l’ouïe (« [je] vous dis à l’oreille »). B.

CE DISPOSITIF LUI PERMET D’ADRESSER DES CONSEILS AU LECTEUR Le moraliste souffle au creux de l’oreille d’Acis et, par le procédé de la double énonciation, livre des conseils au lecteur.

Pour ce faire, il emploie le mode impératif : « ne songez point », « n’en ayez point », « ayez » : il ne faut pas chercher à faire croire que l’on a beaucoup d’esprit et d’intelligence quand ce n’est pas vrai, car on se met en situation de faire voir trop clairement sa bêtise, quand, par un langage plus ordinaire, on pourrait la dissimuler.

Autrement dit, le bel esprit doit rester l’apanage de ceux qui ont assez d’intelligence pour le soutenir en société. C.

LA POINTE ACHÈVE ACIS La dernière formule a valeur de camouflet 2 pour Acis et, à travers lui, pour tous les Précieux qui se flattent de démontrer la finesse de leur esprit par le raffinement de leur langage.

L’invitation à choisir au contraire « un langage simple » souligne le fait qu’ils ont tort depuis toujours, puisqu’il s’agit pour eux de se conformer à une attitude dont ils se raillaient jusque-là : « tel que l’ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit » (l.

58).

L’incise « si vous pouvez » (l.

57) est une mise au défi sarcastique : en sont-ils seulement capables ? La pointe finale « peut-être alors croira-t-on que vous en avez » (l.

58-59) est un dernier coup porté par le moraliste : le verbe « croire », qui implique l’idée d’erreur d’interprétation, suggère en effet qu’ils sont dépourvus d’esprit et qu’ils ne peuvent compter que sur un malentendu, ce qui est, de la part de LA BRUYÈRE, assez narquois et cruel ! Bilan du IIIème mouvement.

Le texte s’achève donc, à la manière d’une fable, sur une adresse directe au lecteur. CONCLUSION / BILAN GÉNÉRAL [Synthèse et réponse à la question posée.] Dans ce fragment, le moraliste dépeint un type social caractéristique de la société du XVII ème siècle : le Précieux.

Dans une saynète digne d’une farce, LA BRUYÈRE caricature à travers Acis la mode versaillaise qui consiste à employer un langage si affecté qu’il en devient incompréhensible.

Se mettant lui-même en scène, le moraliste défie verbalement le pédant Acis, jouant sur son terrain du bel esprit, et l’achève à coup de bons mots. [Ouverture.] On touche là un aspect paradoxal de l’écriture de LA BRUYÈRE : si les courtisans sont sa cible préférée, c’est avec leurs propres armes mondaines qu’il les attaque.

La préciosité, mouvement littéraire qui compte des plumes modernes et de premier ordre, comme Mademoiselle de SCUDÉRY ou de Madame de LA FAYETTE, a beaucoup souffert des caricatures faites à son sujet au XVII ème siècle, et dont la plus fameuse reste celle mis en scène par MOLIÈRE dans Les Précieuses ridicules, en 1659. 1 2 Déictiques.

Qui servent à désigner, à montrer.

(Ici : le démonstratif cet(te)). Camouflet.

Affront, outrage, provocation. Explication linéaire LA COMÉDIE SOCIALE Texte  PORTRAIT D’ACIS ANTOINE PAYEN DE LA GARANDERIE 2022 LA COMÉDIE SOCIALE Texte  PORTRAIT D’ACIS Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696), Les Caractères (1688), Livre V, Fragment 7 (pp.

16-17) EXPLICATION LINÉAIRE MOUVEMENTS DU TEXTE 1.

Un dialogue sur le vif.

De « Que dites-vous ? » (l.

40) à « comme tout le monde ? » (l.

45) 2.

La caricature du Précieux.

De « une chose vous manque » (l.

46) à « qui ne signifient rien.

» (l.

55) 3.

Le conseil du moraliste.

De « Vous abordez cet homme » (l.

55) à « croira-t-on que vous en avez.

» (l.

60) Comment le moraliste dresse-t-il un portrait satirique des Précieux ? INTRODUCTION / CONTEXTUALISATION [Amorce.] La préciosité est un courant littéraire apparu dans les salons.

S’il a pu relever d’un idéal d’émancipation des femmes par le savoir, il a pu aussi tourner au ridicule dans des formes excessives de raffinement extrême de la langue et des manières.

Aussi au XVII ème siècle MOLIÈRE a-t-il pu en proposer un modèle de critique dans ses bien nommées Précieuses ridicules (1659). [Présentation de l’auteur.] Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696), dans ses Caractères (1688) se fait, quant à lui, fin observateur des hommes qu’il croque dans des portraits satiriques marqués par la lucidité, la pertinence et l’acidité. [Présentation de l’œuvre.] Le Livre V des Caractères est consacré principalement à l’art de la conversation.

L’auteur y propose des portraits savoureux de ses contemporains, en particulier des courtisans de Versailles.

Il fait aussi œuvre de moraliste en dispensant des conseils au lecteur. [Présentation de l’extrait.] Avec le portrait d’Acis, LA BRUYÈRE s’attaque à un vice à la mode parmi les courtisans de Louis XIV.

Certains se plaisent en effet, par prétention, à pousser les subtilités du langage à un tel degré de raffinement et d’extravagance qu’ils en deviennent parfaitement incompréhensibles.

On les nomme les « Précieux ». [Projet de lecture.] Nous observerons comment le moraliste dresse un portrait satirique des Précieux. [Annonce du plan.] Nous analyserons dans un premier temps la construction de ce portrait satirique, présenté sous la forme d’un dialogue, puis nous montrerons l’efficacité de cette caricature du type social du Précieux.

Enfin, nous étudierons la portée réflexive du propos du moraliste. I.

PREMIER MOUVEMENT.

UN DIALOGUE SUR LE VIF (LL.

40 à 48) Présentation du mouvement.

La satire passe ici par un procédé théâtral qui consiste à faire parler le narrateur, les réactions de l’interlocuteur étant connues par ses commentaires. A.

UN PROCÉDÉ THÉÂTRAL POUR ENTRER DE PLEIN PIED DANS LA SCÈNE LA BRUYÈRE écrit sous forme de dialogue une scène comme prise sur le vif.

Le lecteur entre in medias res3 dans un échange déjà commencé entre le narrateur et Acis.

La première proposition, une 3 In medias res.

Texte qui débute en plein milieu d’une action. 1 interrogative directe (« Que dites-vous ? Comment ? » (l.

40)), constitue une réponse à une parole que vient sans doute de prononcer Acis, suivant un procédé théâtral, dans lequel, dans la scène d’exposition, le spectateur attrape en cours de route une conversation entre les personnages.

Cela lui donne ici l’illusion de pénétrer lui-même dans l’une des antichambres de Versailles et d’assister à un échange entre deux courtisans, ce qui donne au texte toute sa vivacité. pour décrire les Précieux6.

Ici,.... »

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