Éva GONZALES:LA MODISTE (ANALYSE DU TABLEAU).

« Éva GONZALES LA MODISTE En mai 1883 , s'ouvrent les portes du Salon.

Les visiteurs découvrent ce petit tableau plein de charme.

Ils y prêtent d' autant plus d'attention que son auteur , E va Gonzalès, vient de mourir subitement ...

C'est un des destins les p)us romantiques de l'histoire de lo peinture.

Eva Gonzalès, fille d'un feuilletonniste à succès et d'une musi­ cienne belge, fréquente les plus grands artistes de son temps.

Elle tombe sous le char­ me de Manet et lui demande d'être son pro­ fesseur.

Plus que son élève, elle devient son modèle et son égérie.

Il y a entre eux une telle complicité que certaines toiles de Gon­ zalès pourraient être signées par son maître.

D'ailleurs, celui-ci n'hésite pas à donner les derniers cou ps de pinceau.

Cette équivoque transparaît également dans leur vie privée, au grand dam d'une autre artiste formée par Manet, Berthe Morisot .

Le grand peintre dandy aimait ce rôle ambigu de pygmalion.

Il fera en sorte que BerthE! Morisot épouse son frère, Eugène Manet, et Eva Gonzalès, un de ses meilleurs amis, le graveur Henri Guérard .

L 'ÉPOQUE Éva Gonzalès vient d'accoucher quand elle apprend la terrible nou velle : Manet est mort et, avec sa disparition, elle perd le goût de vivre.

Victime d'une attaque en tressant une couronne mortuaire, sa dernière œuvre, pour son maître, elle sera enterrée une semaine Peinte à la manière d'un pastel , celle huile sur toile nous entraîne dans une vertig i neuse sér ie de reflets .

Éva GONZALÈS 1849-1883 .La Modiste • Pastel sur toile 45,3 cm x 37 cm .Peint en 1883 .Localisation: The Art Institute of Chicago après lui.

«Tout ce que Paris compte de célé­ brités dans les arts et les lettres assistait à la cérémonie» , note l'éc riva in Frédéric Thomas.

LE SUJET Les petits métiers parisiens et féminins étaient un thème à la mode.

Degas leur avait consa­ c ré toute une série.

La littérature «naturaliste» faisait de ces ouvrièr~s des personnages de roman .

Mais, chez Eva Gonzalès, il n'y a aucune intention sociale dans les portraits qu'elle en faits .

Claude Roger-Marx y voit une « intimité» .

« Eva était une âme contemplati ­ ve, dit-il.

Et bien que tout élément dramatique soit absent de son œuvre, elle incline par tempérament à une sorte de rés ignat ion .» LE TABLEAU Éva Gonzalès déploie avec maestria toute la gamme de couleurs que lui permet l'utilisation des pastels.

«Dans cet ultime chef-d'œuvre , note également Claude Roger-Marx, l'acidité des fleurs d 'étoffe et le liseré vert qui borde le carton à ruban tranchent délicieusement sur la douceur satinée des bleus.» C'est un tableau d'une grande sérénité et tout en fémi­ nité que l'artiste a peint ici.

Fidèle aux ensei­ gnements de Manet, elle s'attache à des détails qui ne remettent pas en cause l'unité de la toile.

LA COTE Les œuvres de cette artiste morte jeune sont très rares sur le marché.

Une nature morte, Pivoines et hannetons, a été vendue 280000 FF (50000 dollars) en 1994.. »