Eugène BOUDIN:ANTIBES, LA POINTE DE L'ILETTE (ANALYSE DU TABLEAU).

« Eugène BOUDIN ANTIBES, LA POINTE DE L'ILETTE Dans ce somptueux paysage des environs d'Antibes, Boudin, parvenu au terme de son existence, confirme sa maîtrise et se montre plus que jamais digne de l'admiration que lui vouaient les impressionnistes.

La vie pour Boudin n'a pas toujours été fa­ cile, la reconnaissance officielle de son art s 'étant effectuée tardivement.

C'est en 1892 s~ulement que l' État achète au Salon la Rade de Villefranche (Boudin a soixante-huit ans!).

La même année, on lui remet la croix de la Légion d' honneur.

Durant les dernières années de son existence, des douleurs le contraignent à passer plusieurs mois dans le Midi , à Villefranche , à Antibes ou à Beau­ lieu.

C'es t durant un de ces sé j ours qu'il brosse ce lum ineux et poétique paysage.

LE CONTEXTE Eugène Boudin et Claude Monet ont été très liés, Monet nourrissant pour son aîné, dont il fut l'élève , une immense admiration .

Ensemble , ils se sont retrouvés en différents lieux pour peindre , notamment en Normandie.

Le 22 août 1892 , Monet écrit à Boudin: «Vous savez l'affection que j'ai toujours eue pour vous, et aussi la reconnaissance .

Je n'ai pas oublié que c'est vous qui, le premier, m'avez appris à voir et à comprendre .

Comme vous, bien des fois, j'ai pensé à ces débuts , à ces délicieuses courses en compagnie de Jong­ kind , de Courbet.

Aussi ai-je été bien heu­ reux de voir que vous en avez conservé le souvenir .

J'espère bien cet hiver venir vous Peintre de Honfleur et du bord de mer normand, Boudin travaillera aussi un peu sur le rivage méditerranéen , comme ici a Villefranche-sur -Mer .

Eugène BOUDIN 1824-1898 • Antibes, la pointe de l'Ilette • Huile sur toile 48,2cmx71,2cm • Signé et daté en bas , à droite, «E.

Boudin 8 mai 93, Antibes» • Peint en 1893 • Localisation : collection particulière • Expositions: Paris, 1894, 1898 serrer la main et causer de ce bon vieux temps .

Votre vieil ami.

Monet.

» >'ŒUVRE La pointe de l'llette se trouve au cap d'Antibes , à quelques kilomètres au sud de la ville.

A cette époque , Boudin est en quête de nou­ v eaux sites , d 'image s nouvelles à peindre.

Pro­ fitant d' un de ses séjours dans le Midi , il laisse encore une fois éclater son amour du ciel et de la mer.

Les tons se font délicats , les nuances de bleu de plus en plus variées , l'écume mou­ tonne, tandis que la pâte devient blonde par­ fois pour représenter les rochers.

Une mince silhouette (le peintre lui-même?) se tient en retrait, à peine esquissée , juste posée là pour mieux souligner l' immensité du paysage et le mouvement .de la mer sans cesse recommencé.

L 'HISTOIRE Le tableau fut acheté à l' artiste par le marchand Durand-Ruelle 12 juillet 1893.

Puis la toile émi­ gra à New York , où Durand-Rue! possédait aussi une galerie , passa par Amsterdam, revint à Paris avant de partir pour Londres, où elle a trouvé preneur en 1992 chez Christie 's pour 70000~ , soit 595000FF.

LA COTE Les huiles sur toile se négocient entre 100000FF et 3,2millions de francs (18000 à 580000dollars).

Pour une aquarelle, il faut compter de 34000 à 140000FF (6000 à 25000dollars), tandis qu'on trouve des encres de 2500 à 33000FF (450 à 6000dollars).. »