Etienne-Martin

« 1 / 2 28 août 1968 Série D-44 Fiche No 2579 Etienne-Martin 1.

Considéré par la critique comme une des personnalités les plus marquantes de la sculpture française, Etienne-Martin possède l'art délicat d'allier le baroque à la puissance.

Le sens de la construction architecturale trouve à s'harmoniser chez lui avec les formes convulsives et extatiques les plus chargées de vie.

2.

Né en 1913 à Loriol, dans la Drôme (pays du facteur Cheval) Martin Etienne (dit Etienne-Martin) fait ses études à l'Ecole des beaux-arts de Lyon, puis à l'Acadé­ mie Ranson de Paris (1933), où il subit l'influence de Charles Malfray.

Prisonnier en 1940, il s'installe, à sa libération, à Dieulefit, puis en 1944 à Mortagne (Orne) avec Manessier.

De retour à Paris en 1947, il participe régulièrement au Salon des réalités nouvelles et à la Jeune sculpture.

Il choisit pour s'exprimer des matériaux dÙrables, bois des racines d'olivier, granit, bronze.

En 1948, par goût de la variété, il réalise une série de sculptures en étoffe, semblables à des tentes de nomades.

Dès 1950, il consacre la plupart de son temps à la série des "Demeures», que le Grand Prix de la Biennale de Venise viendra couronner en 1966.

3.

L'admiration qu'Etienne-Martin nourrit pour les baroques et les surréalistes explique sa prédilection pour les formes tourmentées.

Des blocs de racines noueuses se retrouvent dans des œuvres comme "Grand Dragon» (1945) ou "D'Eux» (1956).

Dans la prolifération, l'artiste exprime naturellement les images d'une vie tentacu­ laire, une sorte de force dont l'emprise s'étend partout.

4.

S'efforçant d'abolir la distinction entre la notion de vide et de plein, Etienne­ Martin élabore des œuvres monumentales et labyrinthiques.

Les " Demeures», qui ont succédé aux énormes souches d'arbre, sont des blocs de bronze qui ressemblent à des habitations de troglodytes creusées dans le rocher.

Le souvenir obsédant de la maison familiale a présidé à la création de ces œuvres oniriques, que le sculpteur ne désespère pas de réaliser un jour en dimensions géantes et où les gens pour­ raient se promener.

5.

L'art d'Etienne-Martin n'est pas sans évoquer celui de l'Espagnol Gaudi.

Même goût du baroque et de l'échevelé, même force sauvegardée à travers les méandres des formes, même sens de la construction architecturale.

" Ma sculpture, dit-il, a besoin de la collaboration du public.

» Elle est une invite à être explorée dans une longue errance où se retrouverait l'unité perdue du réel et de l'imaginaire.

6.

Avec une technique et une connaissance parfaites du matériau, Etienne-Martin tire profit du bois, comme de la pierre et du bronze.

Il parvient à leur insu~fler une vie étrange, parfois un peu inquiétante, toujours chargée de séduction.

Certains critiques ont pu parler à juste titre du caractère viscéral de beaucoup de ses sculp­ tures.

On est ici aux antipodes de l'esthétisme et du formalisme vide. 2 / 2. »