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Éthiopie

Publié le 06/12/2021

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1 PRÉSENTATION

Éthiopie, en amharique Ityop´iya, pays d’Afrique orientale, situé dans la Corne de l’Afrique. Sa capitale est Addis-Abeba.

L’Éthiopie est limitée au nord-est par l’Érythrée et Djibouti, au sud-est par la Somalie, au sud-ouest par le Kenya, et à l’ouest par le Soudan. Héritière de l’ancienne Abyssinie (voir la partie Histoire), l’Éthiopie, ravagée au cours des vingt-cinq dernières années par les guerres et les famines, compte aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres du monde.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

L’Éthiopie couvre 1 133 380 km². Le cœur du pays est un haut plateau, qui couvre plus de la moitié de la superficie totale du pays et lui donne son unité géographique. Il est coupé en diagonale d’est en ouest par la dépression de la Rift Valley. L’altitude du plateau éthiopien décroît du nord au sud et d’est en ouest. Il est entaillé par de profondes vallées découpant de petits plateaux isolés et inaccessibles, les ambas, qui ont favorisé les révoltes et délimité les sécessions provinciales tout au long de l’histoire du pays. Le point culminant, situé au nord-est, est le Ras Dachan, qui s’élève à 4 620 m.

Le lac Tana, dans le Nord-Ouest, donne naissance au Bahr el-Azrak, ou Nil Bleu, appelé Abbay en Éthiopie et principal cours d’eau du pays. Des fleuves se perdent dans des dépressions fermées nées des bouleversements de la Rift Valley, comme l’Omo (Omo-Shungura), qui prend naissance dans la partie occidentale du plateau éthiopien et alimente le lac Turkana, et l’Aouach qui disparaît dans le lac Abbé. Par l’extension de son réseau hydrographique, l’Éthiopie est le « château d’eau « de l’Afrique orientale.

L’Éthiopie est comprise entre le tropique du Cancer et l’équateur. La sécession de l’Érythrée, en 1993, a privé l’Éthiopie de sa façade maritime sur la mer Rouge.

2.2 Climat

L’altitude tempère le climat tropical. Dans la zone tropicale proprement dite — au-dessous de 1 800 m —, la température moyenne s’élève à 27 °C et les précipitations sont de l’ordre de 500 mm par an. La température moyenne décroît dans la zone subtropicale comprise entre 1 800 m et 2 500 m, incluant la plus grande partie du haut plateau éthiopien où elle avoisine 22 °C. Au-delà de 2 500 m, les températures sont plus fraîches (16 °C en moyenne) et les précipitations beaucoup plus abondantes (1 270 à 1 780 mm par an). La saison des pluies dure de juin à septembre. Elle est suivie d’une saison sèche, parfois interrompue en février ou mars par une courte période de pluies.

2.3 Faune et flore

Une végétation arbustive clairsemée couvre les régions les plus basses de la zone tropicale, tandis qu’au fond des vallées escarpées pousse une végétation luxuriante. La zone tempérée est une immense steppe.

La faune africaine est très largement représentée dans la plupart des régions d’Éthiopie. Les animaux de la savane, tels la girafe, le léopard, l’hippopotame, le lion, l’éléphant, l’antilope et le rhinocéros, partagent le territoire éthiopien avec les animaux du désert — le lynx, le chacal et la hyène.

2.4 Ressources naturelles

Les ressources naturelles de l’Éthiopie sont essentiellement agricoles. La région des hauts plateaux est dotée d’un sol fertile mais fragile, dans la mesure où il est perméable et fortement raviné par les pluies torrentielles. Les ressources minérales, tel l’or, sont sous-exploitées.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population éthiopienne était estimée à 78,3 millions d'habitants en 2008, soit une densité de 70 habitants au km2. La plupart des Éthiopiens vivant de l’agriculture, la population est très concentrée sur le plateau central, où les ressources agricoles sont les plus importantes. Sur la période 1990-1995, le taux de croissance annuel s’élevait à 3 p. 100, ce qui représente un accroissement de 1,6 million d’habitants chaque année. En 2008, le taux de mortalité infantile atteignait 90 p. 1 000 ; l’espérance de vie à la naissance ne dépassait pas 49,4 ans.

Les Amhara, peuple de langue sémitique, habitent les hauts plateaux, au cœur de l’ancienne Abyssinie dont ils ont écrit l’histoire. Amhara et Tegréens, dont le foyer traditionnel se situe plus au nord, représentent le tiers de la population. Les Oromo, peuple de bergers et d’agriculteurs établis dans le Centre et le Sud-Ouest, forment près de 40 p. 100 de la population. Parmi les nombreuses autres communautés éthiopiennes, les Somalis sont implantés dans la région frontalière de l’Ogaden ; les Afars ou Danakil nomadisent dans la dépression du Centre-Nord, entre Djibouti et l’Éthiopie.

3.2 Langues et religions

La plupart des quelque soixante-dix langues parlées en Éthiopie sont liées aux branches sémitique et couchitique des langues afro-asiatiques. Le guèze, qui demeure la langue liturgique de l’Église copte d’Éthiopie, a donné naissance à l’amharique et au tigrinya. L’amharique, langue officielle du pays, est parlé par environ 60 p. 100 de la population. L’anglais et l’arabe sont également utilisés. Voir aussi langues d’Afrique.

La moitié environ de la population est chrétienne orthodoxe ou copte (voir Églises chrétiennes d’Orient). Le christianisme prédomine dans le nord du pays. L’Église d’Éthiopie, liée à l’Église copte d’Égypte, était Église d’État jusqu’en 1974. L’islam est pratiqué par environ 40 p. 100 de la population, principalement dans les régions du Sud. 10 p. 100 des Éthiopiens sont animistes. Il existait, jusqu’au milieu des années 1980, une petite minorité de juifs éthiopiens, les Falashas. Un pont aérien a été organisé à cette époque pour faciliter leur émigration vers Israël.

3.3 Éducation

Malgré des progrès considérables réalisés depuis la mise en place de la fédération en 1952, date à laquelle 4 p. 100 seulement des adultes savaient lire et écrire, le taux d’alphabétisation demeure très bas : 45,1 p. 100 en 2005. Au début des années 1990, 21 p. 100 seulement des jeunes de 12 à 17 ans étaient scolarisés.

3.4 Culture

L’Éthiopie possède une très riche tradition littéraire, alimentée aussi par un grand nombre de traductions faites depuis l’ancien grec, l’arabe et d’autres langues vers le guèze et l’amharique moderne. Beaucoup d’aspects de la culture éthiopienne sont liés à l’histoire chrétienne du pays. Ainsi, la plupart des œuvres littéraires sont de nature théologique ou mythologique, tandis que l’architecture religieuse reflète une forte influence byzantine, notamment les monastères et les église monolithes.

3.5 Divisions administratives et villes principales

À la chute du régime de Mengistu Hailé Mariam en 1991, le gouvernement provisoire a redessiné les frontières pour constituer quatorze régions autonomes, tenant compte des clivages communautaires. La province d’Érythrée est devenue une république indépendante en 1993. La nouvelle Constitution de 1994 a découpé le territoire en neuf États, formés sur une base ethnique. Chacun a théoriquement le droit à l’autodétermination.

En 2005, à peine plus de 16 p. 100 des Éthiopiens habitaient les centres urbains. Addis-Abeba, la capitale, comptait 2,2 millions d’habitants ; elle était de loin la ville la plus peuplée du pays. Les autres villes d’une certaine importance, Diré Daoua, Gondar et Dessié abritaient chacune quelque 100 000 habitants.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Historique

En 1991, le gouvernement marxiste-léniniste de Mengistu Hailé Mariam, au pouvoir depuis 1974, est renversé par deux mouvements rebelles alliés, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) et le Front de libération du peuple érythréen (FLPE). Le premier modifie le régime politique éthiopien, tandis que le second concentre ses revendications sur l’indépendance de l’Érythrée. Selon les dispositions d’une charte provisoire démocratique, un Conseil de représentants de 87 membres, incarnant le pouvoir législatif, est nommé à Addis-Abeba. Il choisit pour président Meles Zenawi, dirigeant du FPLT. En décembre 1994, une nouvelle Constitution instaurant un régime à vocation démocratique est adoptée. Les élections législatives de mai 1995 sont cependant boycottées par les principaux partis d’opposition. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) obtient logiquement une majorité écrasante. Meles Zenawi est remplacé à la présidence par Negasso Gidada mais il demeure, dans les faits, le véritable dirigeant de l’Éthiopie, en tant que Premier ministre. En octobre 2001, Girma Wolde-Giorgis succède à Negaso Gidada à la présidence de la République. En mai 2005, lors des premières élections auxquelles les partis d’opposition se présentent unis, le FDRPE conserve une majorité absolue, et Meles Zenawi est reconduit dans ses fonctions. Selon les observateurs de l’Union européenne, le parti au pouvoir a « porté gravement atteinte à la transparence et à l’équité « d’un scrutin, entaché en outre de violences meurtrières.

3.6.2 Organisation des pouvoirs

Le régime politique institué par la Constitution de 1994 repose sur le pouvoir exécutif. Celui-ci est partagé entre le Premier ministre, à la tête d’un Conseil des ministres et désigné pour un mandat de cinq ans au sein du parti majoritaire à la Chambre des députés, et le président de la République, élu par le Parlement pour un mandat de six ans et jouissant de prérogatives essentiellement honorifiques.

Le pouvoir législatif repose sur l’Assemblée parlementaire fédérale, constituée de deux chambres. La chambre basse, dénommée Conseil des représentants du peuple, est composée de 547 membres élus au suffrage universel direct pour cinq ans. La chambre haute, ou Conseil fédéral, rassemble 108 membres élus par les neuf assemblées régionales pour un mandat de cinq ans.

3.6.3 Défense nationale

Le renversement du « négus rouge «, en mai 1991, s’est accompagné d’un changement dans la politique de défense. Les effectifs de l’armée sont passés de 450 000 à 182 500 hommes, par le double jeu du retour de la stabilité et du partage des forces armées entre l’Éthiopie et l’Érythrée.

4 ÉCONOMIE

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Éthiopie était de 13 milliards de dollars en 2006, soit un PIB par habitant de 172,60 dollars par an, le plus bas du monde. Une forte sécheresse, la même année, a handicapé le redressement d’une économie bouleversée par le communisme et la guerre.

4.1 Agriculture

Près de 80 p. 100 de la population active est employée dans le secteur agricole, qui ne participe que pour la moitié à la formation du PIB. L’agriculture est tributaire des aléas climatiques, mais les famines qui ont ravagé périodiquement le pays (1984-1985 dans le Nord-Ouest, 1992 dans l’Ogaden) ont été moins dues aux sécheresses qu’à la désorganisation des circuits de distribution alimentaire provoquée par la guerre, et surtout à la destructuration de l’économie par le régime marxiste. La terre, entre 1979 et 1984-1985, avait été collectivisée, les villageois avaient été regroupés, les populations déplacées pour des raisons militaires et à cause de la sécheresse.

L’élevage est important. Le cheptel se répartit de manière assez équilibrée entre les bovins, les ovins et les caprins, avec toutefois une prédominance pour les premiers. L’agriculture vivrière concerne le sorgho, le mil, le maïs et l’orge. L’agriculture industrielle, dont la production est destinée à l’exportation, est principalement centrée sur le coton et le café, dont le pays produit environ 200 000 t (6e à 7e rang mondial) par an. La graine est d’ailleurs probablement originaire d’Éthiopie et son nom proviendrait de celui de la province de Kaffa. Un quart de la population est engagé dans la production du café. La production de coton, plus modeste, totalisait 22 000 t en 2006.

4.2 Mines et industries

S’il existe en Éthiopie de nombreux gisements de matières premières, leur exploitation est faible du fait de la difficulté d’atteindre le minerai. Des prospections pétrolières effectuées en mer Rouge se sont avérées prometteuses. La principale richesse naturelle exploitée est l’eau des rivières, première source d’énergie électrique. Elle demeure insuffisamment exploitée (le bois de combustion reste majoritairement employé) mais permet d’alimenter l’industrie éthiopienne, de taille très modeste. Le secteur industriel représente 10 p. 100 du PIB. La moitié est réalisée par l’industrie agroalimentaire suivie de loin par l’industrie textile. Le principal centre industriel est Addis-Abeba.

4.3 Échanges

Le birr éthiopien (divisible en 100 cents) est la monnaie nationale.

Les échanges commerciaux avec l’extérieur sont faibles. En 2003, le pays n’exportait que pour 513 millions de dollars de marchandises, du café pour les deux tiers. Il importait pour 2,69 milliards de dollars, de manière plus diversifiée mais avec une prédominance pour les biens d’équipement. Les principaux partenaires commerciaux de l’Éthiopie sont les États-Unis, l’Italie, l’Allemagne et le Japon.

La topographie de l’Éthiopie rend les déplacements dans le pays difficiles. Beaucoup de régions restent inaccessibles par la route et d’autres sont insuffisamment desservies par les transports terrestres. De plus, la guerre a rendu la traversée du pays très délicate. L’avion constitue une alternative adéquate mais n’est guère utilisé. Des aéroports internationaux desservent Addis-Abeba, Diré Daoua et Jimma. La capitale est reliée par voie ferrée au port de Djibouti, situé à l’entrée du golfe d’Aden. L’indépendance de l’Érythrée en 1993 a privé l’Éthiopie de débouchés maritimes. Les accords entre les deux pays garantissant l’accès de l’Éthiopie à Massaoua et à Assab, sur la mer Rouge, n’ont pas été respectés, en raison du conflit entre les deux pays qui a éclaté en 1998. La construction d’une route liant la capitale éthiopienne à Nairobi, capitale du Kenya, a été achevée dans les années 1970.

5 HISTOIRE

L’Éthiopie est considérée comme l’un des berceaux de l’humanité. C’est en effet dans la vallée de l’Aouach que l’un des plus anciens hominidés — Lucy —, âgé d’environ 3 millions d’années, a été découvert.

Durant le premier millénaire av. J.-C., des émigrants venus du royaume de Saba (actuel Yémen) traversent la mer Rouge et se mêlent aux populations chamitiques des hauts plateaux du Tigré. Le métissage entre les deux peuples constitue le fonds de la population actuelle.

5.1 Le royaume d’Aksoum

Au cours du iie siècle apr. J.-C. naît le royaume d’Aksoum, fondé et gouverné par la dynastie salomonide, dont les représentants font remonter l’origine au roi Salomon et à la reine de Saba. Au ive siècle, sous le règne de l’empereur Lezanas, le royaume est converti au christianisme par des moines grecs orthodoxes : il se rattache à la tradition monophysite des chrétiens coptes d’Égypte. Le royaume prospère pendant plusieurs siècles.

À partir du viie siècle cependant, le royaume chrétien d’Aksoum, isolé par l’expansion de l’islam, décline, et les Salomonides en perdent peu à peu le contrôle. Dans les premières années du xe siècle, ils sont renversés et remplacés par la dynastie des Zagoué, issue d’une région du plateau central. Dans la seconde moitié du xiiie siècle, les Salomonides rétablissent leur autorité sur une grande partie de l’Éthiopie, mais les musulmans gardent le contrôle de la zone côtière (Érythrée) et du Sud-Est. Sous le règne de Zara Yacoub, au xve siècle, l’administration de l’Église d’Éthiopie, divisée en plusieurs factions, est réformée et les doctrines religieuses codifiées. C’est vers cette époque que naît un système politique qui durera jusqu’au milieu du xxe siècle, caractérisé par une monarchie absolue avec, à sa tête, un roi (« négus «) qui se proclame empereur ou roi des rois.

5.2 L’influence européenne

Lorsque des musulmans envahissent l’Éthiopie en 1527 sous la conduite de l’émir Granne du Harar, le négus demande l’aide des Portugais dont une première ambassade avait rejoint en 1520 l’Éthiopie, connue en Europe sous le nom de royaume du Prêtre Jean. Les Portugais envoient une petite armée et les musulmans sont vaincus en mars 1542 à Anasta par les troupes de l’empereur Galaoudios et les Portugais. Les tentatives de catholicisation de l’Éthiopie par les missionnaires jésuites provoquent ensuite des troubles politiques et sociaux chez les coptes, pour lesquels la foi monophysite est indissociable du pouvoir politique et de l’identité éthiopienne.

Le xviie siècle voit la renaissance artistique de la culture éthiopienne, qui se trouve exposée aux influences de l’Europe occidentale et du monde musulman, notamment sous le règne de Fasilidas, qui fonde une nouvelle capitale à Gondar en 1632 et sous Yasous (1682-1706). À la mort de ce dernier, l’Éthiopie connaît une longue période de confusion dynastique et de déclin, durant laquelle le pays se morcelle. La seule force d’unification durant cette période est l’Église d’Éthiopie. Dans la décennie 1870, le principal ennemi extérieur de l’empire est l’Égypte : en 1875, le khédive Ismaïl Pacha étend la protection égyptienne au sultan du Harar et lance une attaque contre l’Éthiopie. Le négus Ménélik II, qui a établi sa capitale à Addis-Abeba, restaure la grandeur des salomonides en réunifiant le royaume éthiopien, en poussant ses conquêtes à l’ouest et au sud et en annexant l’Ogaden.

Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, la côte de la mer Rouge est livrée à la convoitise des puissances européennes, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne, soucieuses de contrôler le bon passage de leurs navires. L’Italie s’empare des ports d’Assab en 1872 et de Massaoua en 1885. En 1889, Ménélik II signe avec les Italiens le traité d’Ucciali, en théorie un traité d’amitié et de coopération, mais dont la version italienne diffère de la version amharique. Les Italiens revendiquent ainsi le protectorat sur tout le territoire éthiopien. La guerre éclate entre les deux pays en 1895 et les forces italiennes sont vaincues à Adoua l’année suivante (1er mars 1896). L’Italie doit reconnaître l’indépendance de l’Éthiopie et les frontières telles qu’elles résultent de l’expansion de Ménélik — elles correspondent aux frontières actuelles.

5.3 Le régime de Hailé Sélassié

Le successeur de Ménélik, Tafari Makonnen, est désigné comme héritier et accède au trône sous le nom d’Hailé Sélassié Ier. En 1931, il dote l’Éthiopie de sa première Constitution. Mais, l’arrivée au pouvoir, à Rome, de Benito Mussolini, réveille les ambitions italiennes. En octobre 1935, les troupes du Duce envahissent l’Éthiopie. Malgré les protestations de la Société des Nations (SDN), Addis-Abeba tombe aux mains des envahisseurs et, en mai 1936, Mussolini proclame empereur d’Éthiopie le roi d’Italie, Victor Emmanuel III. Hailé Sélassié doit fuir le pays. Il retrouve son trône en 1941 avec l’aide des Britanniques.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies prennent en charge le dossier des anciennes colonies italiennes et optent pour la fédération de l’Érythrée et de l’Éthiopie en 1952. Toutefois, Hailé Sélassié met un terme, en 1962, à l’autonomie de l’Érythrée, qui devient une province éthiopienne. Il s’ensuit la création d’un mouvement de résistance national, le Front de libération érythréenne (FLE) qui, après plusieurs scissions et une recomposition sous le nom de Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), participera au renversement du régime éthiopien, trente ans plus tard, et obtiendra l’indépendance de l’Érythrée. Hailé Sélassié, qui règne autoritairement malgré quelques timides efforts de libéralisation, est néanmoins le représentant d’un État qui n’a pratiquement pas subi la colonisation. En 1963, il joue un rôle de premier plan dans la formation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), dont le secrétariat est établi à Addis-Abeba. Cependant, cette décennie marque aussi le début des conflits : avec la Somalie, qui cherche à se réunir avec les Somali de l’Ogaden, et avec le Soudan, accusé par l’Éthiopie de soutenir le mouvement des indépendantistes érythréens. Néanmoins, Hailé Sélassié néglige les problèmes intérieurs de l’Éthiopie — inégalités, sous-développement, et les famines très graves de 1972-1973 —, ce qui favorise son renversement en 1974.

5.4 Le régime de Mengistu

L’année 1974 voit se succéder d’importantes manifestations contre l’impéritie du gouvernement face à la sécheresse. La destitution d’Hailé Sélassié a lieu le 12 septembre, tandis qu’une junte militaire, le « Derg « (Comité militaire provisoire), prend le pouvoir. Le Derg comprend 108 membres au départ ; très nationaliste, il lance le slogan Ethiopia Tikdem (« l’Éthiopie d’abord «) et prend les premières mesures de gouvernement du nouveau régime : nationalisation de l’économie et abolition de la monarchie. Très vite, les oppositions entre extrémistes et modérés se font sentir. Le 22 novembre 1974, le chef du gouvernement, le général Aman Andom est assassiné ; le lendemain, c’est le tour de 59 autres personnalités. Le lieutenant-colonel Mengistu Hailé Mariam s’affirme, dès lors, comme la principale figure politique du pays. Il accentue l’aspect marxisant du régime, en abolissant la propriété foncière, ce qui lui aliène les grands propriétaires terriens et l’Église. Il décide de continuer la guerre contre l’Érythrée. En 1977, la province de l’Ogaden fait sécession. Le conflit s’internationalise avec le soutien apporté par la Somalie aux rebelles et l’appui militaire (environ 15 000 hommes) accordé par Cuba et l’URSS au gouvernement éthiopien. Le régime est, dans le même temps, engagé dans des opérations militaires au Tigré et dans le pays oromo, au sud-ouest. En 1984-1985, une terrible famine ravage le nord-ouest du pays. Mengistu prend alors la décision de déplacer de force 2 500 000 paysans, dont au moins 20 p. 100 périssent lors des regroupements.

5.5 Une nouvelle ère

Au début des années 1990, les échecs militaires en Érythrée, l’effondrement du bloc soviétique et, par voie de conséquence, la fin de l’aide en provenance des pays de l’Est affaiblissent considérablement le régime de Mengistu. Deux mouvements rebelles alliés, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE, ancien Front de libération du peuple du Tigré, restructuré et rebaptisé), et le Front de libération du peuple érythréen (FLPE, séparatiste), prennent le contrôle des provinces du Nord en 1990. Le FDRPE entre dans Addis-Abeba en juin 1991 sans rencontrer d’opposition et installe un gouvernement national intérimaire.

Sous la présidence de Meles Zenawi, le nouveau gouvernement entreprend la lourde tâche de reconstruire la nation. De son côté, le FLPE établit un gouvernement provisoire en Érythrée, que le nouveau gouvernement éthiopien reconnaît immédiatement. La guérilla se poursuit cependant dans le pays oromo et l’Ogaden. Après la chute de la dictature, la nouvelle Éthiopie essaie d’exorciser son passé. L’extradition de Mengistu, réfugié au Zimbabwe, est refusée par le gouvernement de Robert Mugabe. En 1995 ont lieu plus de 1 800 procès contre des responsables d’assassinats politiques (vraisemblablement entre 20 000 et 30 000 de 1974 à 1991). Sur le plan régional, les relations se tendent avec le Soudan, les forces sudistes bénéficiant de la bienveillance tacite de l’armée éthiopienne. Les relations avec Djibouti ayant été normalisées, les opposants afars au régime djiboutien sont privés de sanctuaire. En avril 1995, un accord est signé avec l’Érythrée, faisant des deux pays une zone de libre-échange. L’économie se porte mieux, les recettes de l’État sont toujours tributaires du café (50 p. 100), mais les récoltes de tef (une variété de mil, base de l’alimentation) de 1997 sont excellentes.

En mai-juin 1998, un conflit armé, déclenché notamment par la création d'une nouvelle monnaie érythréenne, éclate entre les deux pays à l’instigation de l’Érythrée. Opposée à l’Éthiopie, l’Érythrée occupe des territoires éthiopiens qu’elle revendique sur la base de frontières délimitées à l’époque coloniale. L’Érythrée doit se retirer de la région de Badmé où l’Éthiopie a remporté une victoire militaire. Les diverses tentatives de médiation échouent, et les belligérants tentent d’impliquer dans leur querelle les clans somaliens, eux-mêmes en conflit. En février 1999, l’Éthiopie reprend la plaine de Badmé. Puis, après une trêve de plusieurs mois, elle envahit l’Érythrée (février-mai 2000). Afin d’inciter les deux pays à engager des pourparlers de paix, un embargo sur les armes, ainsi que sur le matériel et sur l’assistance militaire, est proclamé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les troupes érythréennes se retirent alors des territoires qu’elles occupent depuis deux ans.

Le 30 mai 2000, sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), des négociations de paix sont entamées, qui aboutissent à la signature d’un accord de cessez-le-feu le 18 juin puis d’un « accord de paix global « le 12 décembre suivant, à Alger. Signé par le président érythréen, Issayas Afwerki, et par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, l’accord est également paraphé par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, et par la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright. Il ouvre la voie au déploiement de la Mission des Nations unies en Éthiopie et Érythrée (Minuee), forte de 4 200 hommes et de 200 observateurs, dans une zone tampon de sécurité d’une profondeur de 25 kilomètres le long de la frontière. Ce conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes et provoqué le déplacement de 1,3 million de personnes.

En avril 2001, une grève lancée par les étudiants de la capitale, Addis-Abeba, est très violemment réprimée par les forces de l’ordre. Deux jours d’affrontements entre la police et les étudiants tournent à l’émeute et font une quarantaine de morts et plus de 250 blessés. En octobre 2001, Girma Wolde-Giorgis succède à Negaso Gidada. Ce député et homme d’affaires peu connu du grand public, âgé de 76 ans, est élu par le Parlement à la présidence de la République. Il tire son avantage d’être toujours resté à l’écart des nombreux conflits qui agitent la coalition gouvernementale.

Le 13 avril 2002, le processus de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée connaît une issue décisive avec l’arbitrage frontalier définitif rendu par les experts de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye. Les deux pays acceptent la ligne de partage retenue, compromis entre leurs différentes revendications territoriales. Les tensions demeurent vives toutefois le long de la frontière ; l’attribution de la ville de Badmé, notamment, est l’objet d’interprétations contradictoires. La situation politique interne demeure cependant critique, alors que le pouvoir maintient la pression sur l’opposition en restreignant notamment la liberté d’expression et que le pays continue de connaître des crises alimentaires aiguës liées à une série de sécheresses. Les élections législatives de mai 2005, qui se déroulent dans un climat de graves violences et irrégularités, confirment la suprématie du FDRPE et reconduisent Meles Zenawi au poste de Premier ministre.

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