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est-ce la nature qui donne ses règles à l'art ?

Publié le 16/05/2020

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« Introduction : L'art s'oppose à l'artisanat et à la technique car il consiste en une production désintéressée, qui n'a pas d'autre but que la beauté et le plaisir, tandis quel'artisanat et la technique produisent en vue d'un intérêt pratique, d'une utilité, relativement à un besoin.

L'art semble s'inscrire davantage dans la sphère duloisir et de l'agrément que du travail et de la contrainte.

En ce sens, il apparaît alors paradoxal d'assigner à l'art des règles, donc des contraintes etrestrictions, comme il en existe dans la production technique pour garantir du bon fonctionnement de l'objet fabriqué, puisque l'objet de l'art n'a pas àrépondre à des critères objectifs techniques, mais est seulement soumis au jugement subjectif du spectateur.

Et pourtant, il faut bien que l'art ait des règlespour pouvoir être désigné comme tel, c'est-à-dire des critères de définition, des déterminations.

Si l'artiste ne donne pas de règles, est-ce la nature quidonne ses règles à l'art ? 1ère partie : L'art obéit au même type de règles que toute production et toute action.

- L'art, en tant qu'ensemble de moyens mis en œuvre en vue de parvenir à une fin, obéit manifestement à des règles de finalité.

Ces règles correspondraientà ce que Kant désigne dans la Fondation de la métaphysique des moeurs par l'expression « impératif hypothétique d'habileté ».

L'art comme la technique suppose alors le respect de ces règles de bon sens prescrivant les moyens les plus efficaces de parvenir à la fin visée.- La production artistique est régies par des règles : qu'il s'agisse des règles de la métrique définies par Horace dans L'art poétique , des règles de solfège en musique, des règles géométriques de la perspective et de la proportion en peinture ( Traité des proportions d'Albrecht Dürer), des règles de la symétrie en architecture ( De architectura , de Vitruve), de la règle des trois unité dans la tragédie classique (définie par Aristote dans la Poétique ).

Dans tous les cas, le travail artistique s'appuie sur un canon, c'est-à-dire sur un ensemble de normes artificielles auxquelles l'artiste accepte de se soumettre en vue de parvenirau résultat esthétique visé.- Les règles du canon peuvent faire l'objet d'une prescription institutionnalisée.

En France, l'institution des A cadémies au 17 ème siècle a pour objet de produire une codification expresse des règles de l'art et de leur conférer une authentique autorité.

Il n'y a aucune naturalité à ces règles qui sont arbitraires.Cette institutionnalisation de l'académisme implique que l'application ou la non application des règles puisse être accompagnée de sanctions : glorificationpublique ou mise au ban d'un artiste.

Les règles de l'art dans cet exemple apparaissent alors comme de véritables lois, au même titre que les lois juridiquesétablies dans un Etat politique.- P ourtant, on peut penser que la détermination de l'art par des règles se pose différemment dans le cas des beaux-arts et dans celui des simplestechniques.

Le C orbusier opère ainsi une différence entre la construction définie comme technique soumise à des règles, et l'architecture comprise commeart proprement dit, visant une finalité d'ordre strictement esthétique : « la construction est faite pour tenir, l'architecture est faite pour émouvoir ».

2ème partie : L'art puise dans la nature : la nature donne des règles à l'art. - Les artistes imitent la nature, et en ce sens, la nature a une priorité ontologique sur l'art.

L'art est produit dans le réel par le réel.

L'artiste fait partie duréel et s'en sert pour créer.

Le matériau qu'il emploie, les couleurs qu'il fabrique, les sons qu'il forme, font partie de la nature.

L'art dépend alors de la nature.Le peintre bien souvent imite même la nature, car il s'inspire du monde dans lequel il vit.

Il semble donc que l'art représente la nature, ce dont témoignentles tableaux figuratifs, la musique qui imite le chant des oiseaux, la littérature qui raconte des histoires qui se passent dans la réalité.

La nature donne ainsises règles à l'art, en lui servant de modèle.- Aristote explique dans la Poétique que l'art imite la nature et que les hommes s'entourent de représentations visuelles des choses du monde car l'imitation est naturelle à l'homme.

L'homme trouve plaisir à regarder des imitations, parce qu'ainsi l'homme accède à la connaissance.

L'art représente la nature,c'est-à-dire la « présente à nouveau » pour qu'on y prête attention.

L'art valorise ainsi la nature, la rend intéressante.

La nature donne ses règles à l'art, carelle se fait valoir par l'art.- L'artiste se sert de matériaux déjà existants pour la construction de ses œuvres.

Il ne créer donc pas ex-nihilo.

En outre, même si ces œuvres sont desinventions de l'imagination, cette dernière se nourrit toujours du réel que lui offre la nature.

Descartes explique ainsi que l'on ne peut pas imaginer unenouvelle couleur, qui ne serait pas faite à partir des couleurs que l'on connaît déjà, de même que des chimères qui ne soient pas des mélanges de créaturesexistantes dans la nature.

3ème partie : L'art a ses propres règles tout en dépendant de la nature : c'est la nature qui donne à l'art ses règles. - L'artiste se caractérise par son caractère créateur, sa capacité à inventer, à se détacher de ce qu'il a appris, de ce qui a déjà été fait, pour donnernaissance à de nouvelles formes, un nouveau style.- L'art exige un talent qui est « opposé à l'esprit d'imitation » et qui ne peut faire l'objet d'aucun enseignement.

Hegel, dans l' Esthétique , explique que la façon dont l'artiste réalise son produit ne peut être exposée scientifiquement ni même décrite.

« A ucun Homère ou Wieland ne peut montrer comment sesidées riches de poésie et toutefois en même temps grosses de pensée surgissent et s'assemblent dans son cerveau, car il ne le sait pas lui-même et aussine peut l'enseigner à personne » ( Esthétique , 1er vol.) - Le génie artistique est alors la faculté de « donner à l'art ses règles ».

Pour Kant, le génie de l'art ne se réduit pas à la seule « aptitude à ce qui peut êtreappris d'après une règle quelconque ».

Au contraire, c'est un talent qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règle déterminée.

L'art,comme toute production, exige des règles, mais celles-ci ne précèdent pas l'œuvre.

Ainsi le génie doit produire comme produit la nature, c'est-à-direindépendamment de toute contrainte par des règles arbitraires.

Le génie doit donner l'impression de produire avec la même facilité et la même spontanéitéque la nature sans pour autant que l'art se confonde avec la nature.

Pour Kant, c'est parce qu'on a conscience que l'on est face à une œuvre d'art, etpourtant que l'on ne s'aperçoit pas qu'il répond à des règles, que l'on peut apprécier l'œuvre d'art et éprouver une émotion esthétique.

Il faut que le produitdes beaux-arts ait « l'air d'être nature lors même qu'on en a conscience comme de l'art ».

La règle de l'art à ceci de spécifique qu'elle ne doit pastransparaître et être ressentie comme « pénible » dans l'œuvre finie.

Il ne faut pas que l'œuvre « porte trace apparente que l'artiste a eu la règle sous lesyeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de l'esprit » ( Critique de la faculté de juger , 1ère partie, §45) - La théorie de Kant ne signifie ni que le génie artistique échappe à toutes règles, ni qu'il suit une règle prescrite par la nature, mais plutôt qu'il est capablede devenir lui-même la règle, de devenir lui-même « exemplaire ».

Les produits du génie doivent alors constituer des « modèles », en servant à d'autres de« mesure ou de règle d'appréciation ».

.Ainsi, la nature donne a l'art ses règles, car l'art n'obéit pas à une règle de la nature, mais l'artiste possède un talent naturel qui lui permet de produirecomme le fait la nature : dans une création libre et spontanée.

« En face d'un produit des beaux-arts, on doit prendre conscience que c'est là une productionde l'art et non de la nature », écrit Kant.

L'art, contrairement à la nature, a en effet toujours « l'intention de produire quelque chose ».

Mais si la finalité dansles produits des beaux-arts est intentionnelle, elle ne doit pas le paraître pour autant : « l'art doit avoir l'apparence de la nature, bien que l'on ait consciencequ'il s'agit d'art ».

Conclusion : Si l'art, en tant que production visant une fin, obéit à des règles au même titre que la production technique, et fait l'objet d'évaluations et de jugements, quisubsumés à l'idée de canon, implique l'existence de règles précises et parfois même instituées, il semble pourtant que l'art se distingue par une certaineliberté à l'égard des règles, qui ne sont pas prescrites artificiellement, mais proviennent de la nature.

En effet, l'art dépend entièrement de la nature, et ilpeut sembler logique que l'a nature dicte des règles à l'art.

C ependant ce ne sont pas ses propres règles que la nature impose à l'art, mais c'est l'art quis'approprie des règles particulières à partir de ce qu'il tire de la nature.

L'artiste possède un talent naturel qui est celui de produire du nouveau librement etspontanément, et à l'image de la nature, il est alors lui-même sa propre règle.. »

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