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EPICURE ou La Physique du Sage par Philippe Casadebaig

Publié le 14/06/2020

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« Les textes Nous n'avons gardé que des fragments de l'oeuvre d'Epi-cure : Diogène Laërce, au livre X de ses Vies des philosophes, cite trois lettres, A Hérodote, sur l'étude de la nature, A Pythoclès, sur la cosmologie, et A Ménécée, sur le bonheur du sage ; il cite encore des Maximes capitales du philosophe. Des Sentences ont été retrouvées, à la bibliothèque du Vatican, et en Lycie, gravées sur un mur de la ville d'Oenanda, où un autre Diogène, disciple d'Epicure, les avait léguées à la méditation de ses concitoyens. Divers témoignages, de Cicéron, Plutarque, Sextus Empiricus, précisent un peu plus la mémoire de la tradition épicurienne, magnifiquement exaltée enfin par le poème de Lucrèce. Malgré cette distance éloignant de nous l'oeuvre d'Epicure ainsi abîmée et dispersée dans la profondeur vide du temps, l'« épicurisme » est resté l'un des noms les plus populaires de la philosophie. La culture commune sait qu'Epicure, héritier en cela de Démocrite, ramène toute l'explication du réel à l'affirmation des atomes et du vide, et qu'il fait du plaisir le souverain bien de l'homme. Encore faut-il comprendre ce qui réunit ces deux thèses. Le bonheur incertain Il serait insensé que le bien évoque quoi que ce soit pour un être insensible. Dans le temps même où nous les vivons, nos affections sont normes de ce qui nous réjouit ou nous afflige. Puisque le sentiment distinctif du plaisir et de la peine donne ainsi le critère de tous les choix, nul ne peut vouloir dans ce qu'il veut le mal qui s'ensuivra pourtant, et qui avait donc dû être caché sous les espèces d'un bien attirant. Le mauvais choix est un faux calcul des conséquences. Il paraît d'abord facile de déterminer quels choix nous rendront heureux, en suivant simplement la voix de la chair qui nous appelle aux plaisirs et nous détourne des douleurs, cette voix, entendue de toute l'humanité, qui réclame que l'on n'ait plus faim, plus soif, plus froid. Mais des liens cachés attachent naturellement les uns à la suite des autres certains plaisirs et certaines peines, de sorte que l'on ne peut éprouver les uns sans les autres. La connaissance des lois naturelles d'une satisfaction durable, et qui ne soit pas rendue décevante par une affliction subséquente, est donc indispensable pour réaliser notre bonheur. Or pareil calcul des plaisirs, puisque nous voyons si souvent combien les hommes s'y trompent, impliquant au surplus que l'on sache tenir compte, selon des circonstances indéfiniment variables, de ce qui est caché et a venir, et non pas ressenti dans le présent, paraît poser et reposer à Chaque jour de notre vie un problème insoluble. Faut-il dire que l'accès au bonheur est trop difficile, et qu'il n'est qu'un idéal de l'imagination ? Supposons même que le problème soit résolu, que nous sachions infailliblement déterminer l'accès au bonheur, et qu'il y ait donc des lois naturelles connaissables de la vie heureuse, ce savoir ne nous mettra pas à l'abri des tortures de la maladie ou du tyran. Contre l'affirmation illusoire que la douleur n'est qu'un vain mot, affirmation qui n'est elle-même qu'une phrase, proteste l'évidence de la douleur vraiment ressentie. Non seulement la connaissance théorique de ce qu'est le bonheur, si elle est possible, ne rendra pas toute douleur évitable, ni supportable, mais elle ajoutera à notre peine la nostalgie désespérante de tout ce qui nous manque. Supposons encore que nous ayons la bonne fortune de jouir d'une vie heureuse, sans erreur dans nos choix, et exempte de toute souffrance ; il reste qu'à la mort, le plus grand des maux, nous n'échapperons pas. La mort terrifiante, dont on a fait la peine capitale, nous enlève tout ce qui a été notre bien et notre être, et, si l'on en croit l'imagination des peuples, nous jette au-delà de la vie, dans un temps étrange, indéfinissable, dans la désolation interminable du regret de notre vie, et peut-être dans quelque punition infernale, comme si la vie méritait finalement un châtiment. Les vaillants héros d'Homère ne sont plus dans l'Hadès que l'ombre d'eux-mêmes ; ils subsistent indéfiniment après leur mort avec la nostalgie impuissante de tout ce qu'ils aimèrent. L'évidence de nos affections présentes fait contraste avec une réalité non évidente dont elles sont pourtant solidaires. Le lien caché des plaisirs et des peines, le passage accompli ou à venir du temps de notre vie, l'invisible interruption de la mort, nous rendent le monde où nous sommes étranger et incertain. Les événements de la vie, et la vie elle-même, semblent dépendre d'un ordre de puissances qui nous dépasse et que ne mesure aucune évidence. La pensée de tout ce que nous ne ressentons pas nous inquiète, sans nous donner de prise où nous assurer ; le monde nous fait peur comme à un enfant dans la nuit. Une forme de la religion naît de cette peur, comme si nous étions le jouet de dieux cruels ou d'un inexorable destin. Apollon n'est pas seulement honoré comme le dieu de la lumière et de la beauté ; Homère l'appelle aussi l'archer de la mort, et il est le dieu de la peste. Tout ce qui rend incertain le bonheur de cette existence est projeté dans l'image ambiguë de puissances divines tellement supérieures aux hommes que c'est d'elles seules qu'à la fois ils espèrent tout et craignent tout. Le bonheur enfin ne serait qu'une chance sur laquelle on ne peut pas compter, s'il faut redouter les dieux. Les critères du jugement Le plaisir et la douleur sont critères de nos jugements du bien et du mal, c'est-à-dire que bien et mal sont nos propres affections agréables ou douloureuses, sans qu'il y ait un sens à contester la réalité de ce que nous éprouvons. Je ne puis pas prétendre que mon sentiment soit illusoire, en tant qu'il est ma propre manière d'être. Un critère ainsi entendu n'est pas ce à quoi l'objet d'un jugement devrait être comparé dans un second jugement pour décider de la validité du premier, auquel cas d'ailleurs la validité du critère pourrait à son tour être mise en question ; un critère est plutôt ce par quoi le jugement peut se référer à son propre objet. La sensation est donc le critère de la connaissance, et il n'y a pas à déclamer contre elle sous prétexte que nous en usons mal. On objecte l'illusion des sens, en disant par exemple que la même tour nous paraît ronde quand elle est vue de loin, mais carrée quand elle est vue de près. Mais une sensation échoit au corps comme un événement distinct, comme sa manière d'être à un moment donné, irréductible à une autre. Elle est l'événement de se représenter ceci ou cela, et cet événement est réel. On doit donc dire de la sensation ce qu'on disait déjà des affections, en respectant l'unité de la sensibilité : la sensation est l'acte de ce qu'elle présente, tout comme l'affection est l'acte du plaisir ou de la peine qu'elle fait éprouver. Si l'on prétendait nier l'évidence actuelle de la sensation, on se priverait du droit de faire référence à quoi que ce soit qui puisse correspondre, ou non, aux sensations ; on ne pourrait même plus dénoncer sensément l'illusion des sens. De ce qu'on dit que la tour paraît ronde, puis carrée, on ne doit pas conclure que les sens sont trompeurs, puisqu'alors on ne pourrait plus se référer à aucun corps extérieur sensible, et donc même pas à cette tour dont on voulait distinguer la réalité et les apparences. L'erreur n'est pas dans la diversité successive des sensations mais dans l'interprétation partiale de leur succession qui permet de la décrire comme si elle opposait une sensation « vraie » et une sensation « illusoire ». « La tour est ronde », « la tour est carrée », sont des énonciations du langage qui présupposent la notion antérieure, la prolepse, de ce qui est rond, ou carré, ou construction en forme de tour. Pour autant qu'elle permet la référence du langage à ce qu'il dit, la prolepse est donc encore un critère, acquis dans .. .»

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