Edmond ROSTAND: L'Aiglon (Résumé & Analyse)

« L'Aiglon fut créé le 15 mars 1900 au théâtre Sarah-Bernhardt, la célèbre actrice tenant elle-même le rôle principal,ce qui contribua sans doute à l'immense succès que connut la pièce, et ce malgré la tiédeur de la critique.On peut déceler une esquisse de L'Aiglon dans un poème datant de 1894, Un Rêve, que Rostand laissa inachevé.L'auteur s'en est largement inspiré pour la fameuse scène des hallucinations dans la plaine de Wagram, à l'acte V. La détresse d'un jeune homme, écrasé par le grandiose destin de son père, a inspiré une œuvre superbe etdouloureuse à Edmond Rostand. De frêles épaules pour un héritage trop lourd L'Aiglon, jeune homme triste et charmant, est fils de Napoléon Bonaparte - « l'Aigle » -, et petit-fils, par sa mère, del'empereur d'Autriche.

Réfugié à Vienne après la chute de Napoléon, le duc de Reichstadt, puisque tel est son titreautrichien, y mène une vie mélancolique, prise entre la frivolité de la vie de cour et le lancinant souvenir desgrandeurs de son père.

Il travaille cependant d'arrache-pied pour être un jour digne de celui-ci et pouvoir sortir dela cage dorée dans laquelle le confinent les Autrichiens.

Des partisans lui proposent un premier complot qu'il se senttrop faible pour accepter, quand la rencontre de Flambeau, ancien grognard des campagnes napoléoniennes, legalvanise.

Un nouveau complot s'organise, et au cours d'un bal il s'enfuit, pendant que sa cousine, travestie, prendsa place.

Mais au moment du départ pour Paris, le duc, trahi par sa nature intellectuelle et réfléchie, hésite troplongtemps, et l'évasion échoue.

Au cours d'une sorte d'hallucination, il comprend alors son destin, qui est d'expier lavie de son père, et meurt peu après, en murmurant fiévreusement : « Napoléon »... Edmond Rostand au sommet de son art L'Aiglon, pièce peut-être un peu passéiste par sa forme - c'est un drame en vers - et par son sujet - la vie de l'Aiglon avait déjà été maintes fois exploitée au théâtre -, est pourtant le second chef-d'œuvre de l'auteur aprèsCyrano de Bergerac.

Chef-d'œuvre par la forme car, pour un virtuose comme Rostand, la contrainte du vers ne représente qu'un défi stimulant - défi des rimes audacieuses et des vers savamment déstructurés qui enrichissentconsidérablement le texte et le rendent plus moderne que bien des œuvres d'alors.

Chef-d'œuvre aussi par la beautéde la méditation qui sous-tend toute l'œuvre, méditation sur le destin, sur l'impuissance, l'échec, la mort.

Et malgréles changements de registre, fréquents, que l'on reprochait si fort à l'auteur, on reste bouleversé par les accentsqu'il a su trouver pour traduire la détresse du duc - dont le destin, avouait-il, l'avait toujours profondément ému.. »