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DOULEUR

Publié le 06/12/2021

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DOULEUR__________________________________

On considère la douleur comme un état affectif (1) élémentaire de l'animal en général, et plus particulièrement du sujet humain. Il semble que la souffrance soit inséparable de la conscience qu'on en a. C'est pourquoi le problème de la douleur n'est pas seulement celui de son étude bio-physiologique, mais celui du sens qu'elle revêt pour le sujet qui la vit ; c'est pourquoi aussi la distinction entre douleur physique et douleur morale, si elle peut parfois s'appuyer sur une étude des causes de la souffrance, doit être atténuée.

1. On peut dire que traditionnellement c'est le dualisme esprit/corps qui organise les conceptions de la douleur ; la douleur physique est alors la simple perception par l'esprit d'une lésion de l'organisme, la douleur morale l'état d'un esprit tourmenté par la passion. Pourtant les douleurs que


certains déclarent ressentir dans des membres dont ils ont été amputés montrent que le corps dont on vit la douleur ne se confond pas avec l'organisme ; le masochisme et les cas d'auto-mutilations montrent aussi que la souffrance doit être dissociée des traumatismes anatomiques spécifiques. L'appli­cation de stimuli douloureux à des sujets auxquels on a pratiqué une lobotomie préfrontale (ablation d'une partie du cerveau) révèlent qu'ils ont conscience de ces stimuli, sans être affectés vraiment par eux : la conscience des trauma­tismes est distincte des réactions effectives à la sensation associée. Une pharmacologie adaptée (analgésiques) supprime la conscience de la douleur et permet de conclure que celle-ci met en jeu des circuits complexes dans le système nerveux, le cerveau et la moêlle épinière, et il est probable que les mécanismes inhibiteurs correspondant agissent à différents niveaux (c'est du moins en ce sens qu'on essaye de chercher l'explication de l'analgésie par acupuncture).

2. Psychologiquement, la douleur est un phénomène global, qui dépasse largement les traumatismes specifiques. Quand je souffre, c'est tout mon corps qui souffre, et m'apparaît soudain comme un autre corps ; ma main meurtrie n'est pas comme cette main qui tient mon stylo immédiatement présente à mon intention d'écrire, mais en me faisant mal s'impose à moi. C'est pourquoi le courant phénoménologique (Merleau-Ponty, mais aussi Buytendijk, Ey) s'attache à voir dans la douleur l'expérience de la corporéité spécifique à l'homme. Comme telle, la souffrance apparaît alors dépen­dante de la signification qu'on lui accorde (elle dépend de la « situation « : on souffre moins des mêmes blessures dans certaines civilisations, ou dans certaines circonstances). A l'inverse, la façon dont on vit la douleur s'inscrit dans le corps (grimaces, cris, etc.) et fait signe vers elle.

·        On s'est toujours posé la question de savoir quel sens pouvait avoir la douleur. Les penseurs religieux (par ex. saint Augustin) font de la douleur une valeur morale, un moyen de purification (dolorisme) par où l'esprit se détacherait du corps : pourtant le corps n'est jamais aussi gênant que dans les moments de la souffrance. Depuis Descartes, on pense accorder à la douleur une finalité biologique : elle permet­trait un ajustement visant à préserver l'intégrité du corps ; mais une lésion grave (cancer) peut être longtemps indolore, quand une rage de dents bénigne provoque une souffrance insupportable. La douleur parait bien être un signe de destruction somatique vide de sens, une « maladie en soi «, « une douleur-maladie toujours inutile « (cf. Leriche : La Chirurgie de la douleur, 1940). Les grandes morales antiques lui niaient déjà toute valeur : pure négation, elle est à éviter pour les épicuriens ; accident inévitable, elle est à supporter pour les stoïciens.

1. Par opposition aux états représentatifs comme la perception.


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