Dissertation: Juste La Fin Du Monde est-elle une pièce sans drame ?

« Dissertation de Français Du XXe au XXIe siècle, le genre théâtral a eu sa place à la modernité et l’exploration.

Dans la première moitié du siècle, les dramaturges vont explorer le genre théâtral en combinant dans leurs pièces des influences multiples : antiques et étrangères (Giraudoux).

D’autres vont mener des réflexions sur la nature du théâtre et sa réception (Brecht).

Jean Luc Lagarce (1957-1995), est un auteur, metteur en scène et dramaturge du XXe et XXIe siècle.

Sa pièce de théâtre contemporaine, Juste la fin du monde, est présentée en 1990 et met en scène 5 personnages issue d’une même famille.

Le protagoniste, Louis, explique sa décision de retourner chez lui, après une longue absence, pour annoncer à ses proches sa mort. Nous pourrons donc nous demander si Juste la fin du monde est une pièce sans drame. Afin de répondre à cette problématique, nous verrons dans une première partie en quoi la pièce de Jean Luc Lagarce est un drame qui n’advient jamais, puis nous verrons dans une seconde partie en quoi cette pièce reste une addition de drames individuels qui conduit à une crise familiale, pour ensuite voir dans une troisième et dernière partie en quoi le vrai drame réside dans l’impossibilité de communiquer. Dans un premier temps, nous allons voir en quoi il y a un drame principal qui n’advient jamais. Tout d’abord, nous pouvons remarquer que l’intrigue est « immobile ».

En effet, dans la partie I scène 3, Suzanne cherche le mot juste pour évoquer les lettres frustrantes de Louis qui sont en fait des cartes postales banales, mais qu’elle finit par qualifier de « lettres elliptiques » car selon elle, les lettres sont confuses, incomplètes et donnent l’impression d’un sentiment neutre dans ces lettres, c’est donc pour cette raison qu’elle les qualifie ainsi.

De plus, Louis choisi plutôt le silence que l’expression oral, ce qui montre que Louis préfère être statique et ne rien vouloir dire.

Puis, nous pouvons également prendre l’exemple d’Antoine en pleurs qui, ne trouve plus ses mots pour exprimer son mal être : « je disais seulement / je voulais seulement dire...

».

Cet extrait, se situant à la partie II scène 2, indique que Louis n'arrive toujours pas à s'exprimer et se sent incapable de se révéler, alors que c'est en lui seul que repose le lourd secret de sa mort prochaine. Ensuite, nous pouvons nous dire que le mystère central de la pièce n’est pas évoqué. Effectivement, nous pouvons le constater par l'impossibilité de dire chez Louis qui suscite des interrogations chez le lecteur ou spectateur comme son véritable secret, sa maladie et également son homosexualité, indiqué par Catherine dans la scène 2 partie I.

Le personnage reste flou et tout est dit de manière implicite.

Affirmativement, toutes ces questions nous amène à Louis, dont ni le lecteur, ni le spectateur ne connaît sa véritable identité, mais qui pourtant aurait donné un véritable sens à l’histoire, car il y a beaucoup d’incompréhension et nous ne connaissons pas réellement Louis alors que c’est le personnage principal de cette pièce.

En outre, dans la logorrhée de Louis, dans la scène 1 partie II, il affirme reprendre la route sans avoir dit ce qu’il lui tenait à coeur ni même osé faire tout ce mal.

Il repart alors en gardant tous ses secrets pour lui.

Louis reste donc enfermé dans sa tragédie personnelle et reste dans l'impossibilité de communiquer.

Chez le lecteur, c'est une déception car rien de ce qui devait être dit a été révélé. Ainsi, nous pouvons constater que Louis reste dans le silence et ne s'exprime pas beaucoup, notamment sur sa vie auquel il garde secrète.

Il semble vouloir s’exprimer, mais il n’y arrive pas et il multiplie les épanorthoses.

Cela suscite beaucoup de mystères et de questionnements sur luimême, c'est pourquoi que le drame principal ne vient jamais. Dans un deuxième temps, nous allons voir que la pièce reste une addition de drames individuels qui conduit à une crise familiale. Premièrement, nous pouvons remarquer que que les personnages portent des conflits sur eux-mêmes.

Par exemple, dans la partie I scène 3, Suzanne exprime son regret de ne pas connaître son frère Louis et indique son sentiment d’avoir été abandonnée : « ce n’est pas bien que tu sois parti / parti si longtemps » ; « tu nous as faussé compagnie (là que ça commence) ».

En effet, à travers sa tirade, Suzanne exprime son sentiment affectif et ses reproches envers son frère Louis, qui, a pris son départ inexpliqué et sans rien dire, puis a alors provoqué un traumatisme familial. Chez Suzanne, son retour dans la famille provoque une remontée des traumatismes familiaux.

Elle n'hésite pas à faire la moral à Louis, ce qui déclenche chez lui une culpabilité.

Tout de même, elle exprime de l'affection pour lui ce qui le déstabilise car personne de sa famille avant elle n'a exprimé un sentiment véritablement sincère.

Un doute de sa sincérité s'installe donc car personne auparavant ne lui a donné ce que Suzanne lui offre.

En outre, dans la scène 11 partie I et dans la scène 3 partie II, nous pouvons voir qu’Antoine prend conscience du poids de ses responsabilités familiales pendant l’absence de Louis et exprime aussi son complexe d’infériorité expliqué par une vie banale en tant qu'ouvrier, tandis que son frère est intelligent et un écrivain admiré.

Ces deux scènes montrent la prise de conscience d’Antoine qui le renvoie à sa crise personnelle et sa jalousie envers Louis. Ensuite, nous pouvons relever que les conflits personnels se révèlent au sein de la famille. Dans la partie I scène 9, une dispute prend forme entre Antoine et Suzanne lors du repas de famille. Depuis le retour de Louis, les souffrances de chacun refont surface.

De plus, dans la partie II scène 2, Antoine s’insurge.... »